Centrafrique : au moins dix morts dans de nouvelles violences à Bangui

  • La présidente de transition de la Centrafrique, Catherine Samba Panza, durant un point de presse le 21 janvier 2014 à Bangui
    La présidente de transition de la Centrafrique, Catherine Samba Panza, durant un point de presse le 21 janvier 2014 à Bangui AFP - Issouf Sanogo
  • Un homme blessé à coup de machette soigné par des soldats français après une attaque des milices chrétiennes anti-Balaka, le 22 janvier 2014 dans le quartier PK 13 à majorité musulmane de Bangui
    Un homme blessé à coup de machette soigné par des soldats français après une attaque des milices chrétiennes anti-Balaka, le 22 janvier 2014 dans le quartier PK 13 à majorité musulmane de Bangui AFP - Issouf Sanogo
  • L'achévêque de Bangui Mgr Dieudonne Nzapalainga (d) et le chef de la communauté musulmane de Centrafrique, l'imam Kobine Layama (g), à Paris, à la veille d'un rendez-vous jeudi avec le président français François Hollande.
    L'achévêque de Bangui Mgr Dieudonne Nzapalainga (d) et le chef de la communauté musulmane de Centrafrique, l'imam Kobine Layama (g), à Paris, à la veille d'un rendez-vous jeudi avec le président français François Hollande. AFP - Jacques Demarthon
  • Un soldat rwandais appartenant à la mission MISCA fait un geste en direction d'un groupe de passants alors qu'il patrouille le quartier Pk13 au nord de Bangui après une attaque des milices chrétiennes anti-Balaka
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    Un soldat rwandais appartenant à la mission MISCA fait un geste en direction d'un groupe de passants alors qu'il patrouille le quartier Pk13 au nord de Bangui après une attaque des milices chrétiennes anti-Balaka - AFP - Issouf Sanogo
Publié le
AFP

De nouvelles violences ont fait au moins dix morts mercredi à Bangui, à la veille de la prestation de serment de la présidente de transition, Catherine Samba Panza, qui a fait de la pacification de la Centrafrique, ravagée par des tueries interreligieuses, sa priorité.

En province, la "majorité" du territoire reste sous la coupe implacable de chefs de guerre, ont rappelé à Paris l'archevêque et l'imam de Bangui, Dieudonné Nzapalainga et Oumar Kobine Layama, qui depuis des mois appellent leurs concitoyens à la paix.

A Bangui, les violences ont opposé des combattants musulmans ex-Séléka à des civils et à des miliciens chrétiens anti-balaka, ont indiqué à l'AFP des témoins sous couvert d'anonymat.

Les affrontements se sont déroulés près du camp Kasaï, non loin du centre-ville, où sont cantonnés d'ex-rebelles, et de la prison centrale, située dans le même quartier, selon ces témoins.

Ils ont indiqué avoir vu les cadavres de six ex-rebelles Séléka alignés devant la prison centrale et de quatre civils chrétiens aux abords du bâtiment.

"Quatre ex-Séléka, qui se trouvaient dans la prison, ont été tués par des miliciens anti-balaka", a précisé une source diplomatique.

Quelques tirs ont également été entendus jusqu'à l'intervention de soldats de l'opération française Sangaris et de la force africaine Misca, ont indiqué des habitants, selon qui la tension restait très vive dans le secteur dans l'après-midi.

Un journaliste de l'AFP a constaté la mort d'un ex-rebelle, le corps profondément entaillé à coups de machette. Des infirmiers de l'opération Sangaris ont tenté en vain de le sauver.

A sa mort, plus d'une centaine de chrétiens du quartier ont manifesté leur joie, selon ce journaliste.

Pillages et haine

La résidence de la nouvelle présidente de transition - qui doit prêter serment jeudi et prendre ainsi officiellement la suite de Michel Djotodia - se trouve à une centaine de mètres de la prison.

M. Djotodia, qui avait renversé le régime de François Bozizé en mars 2013 à la tête de sa coalition rebelle Séléka, a été contraint à la démission le 10 janvier, sous pression de la communauté internationale excédée par son incapacité à arrêter les tueries entre chrétiens et musulmans.

Dans le nord de la capitale, au PK-13, des pillages de commerces et de maisons ont également eu lieu, sur fond de manifestations de haine entre chrétiens et musulmans, entraînant l'intervention de soldats rwandais de la Misca pour calmer des esprits chauffés à blanc, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Ces nouvelles violences rappellent que rien n'est réglé en Centrafrique pour l'instant, même si l'élection de Mme Samba Panza - qui a fait de la pacification du pays sa première priorité après des mois de tueries interreligieuses - a été favorablement accueillie par la population et la communauté internationale.

S'exprimant mardi devant la presse à Bangui, la nouvelle présidente a souligné qu'il y a "des milliers de jeunes qui ont des armes, qui sont soit dans la Séléka, soit anti-balaka. Si on lâche ces jeunes dans la rue, on n'aura pas résolu le problème".

Les hommes en armes "sont partout"

Le fléau des groupes armés et rébellions qui rançonnent et s'en prennent aux populations dure en fait depuis des années dans un pays où l'administration - y compris la police et la gendarmerie - a disparu de régions entières.

L'archevêque et l'imam de Bangui, qui seront reçus jeudi par le président français François Hollande, l'ont souligné une nouvelle fois à Paris.

"Actuellement, dans le pays, les anti-balaka sont partout, les Séléka sont partout. Les gens sont, surtout à l'intérieur du pays, à la merci de tous ces seigneurs de guerre", a expliqué l'archevêque, en rappelant que la nouvelle présidente "est confrontée confrontée à des défis énormes, le désarmement, le cantonnement des milices...".

Mais pour pacifier et désarmer durablement, il faut réinsérer tous ces hommes armés - à qui le fusil d'assaut garantit de trouver à manger tous les jours - en leur assurant tout de suite un minimum de ressources.

Or dans l'immédiat, Mme Samba Panza se trouve face à une muraille budgétaire: les caisses de ce qui reste de l'Etat centrafricain sont totalement vides.

Lundi, les donateurs se sont engagés à débloquer 496 millions de dollars (365 millions d'euros) en 2014 pour aider la Centrafrique.

Source : AFP

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