Genève II: brève pause après un dialogue de sourds sur le sort d'Assad

  • Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon (d) et l'émissaire spécial pour la Syrie, Lakhdar Brahimi lors d'une conférence de presse sur la réunion Genève II sur la Syrie, le 22 janvier 2014 à Montreux
    Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon (d) et l'émissaire spécial pour la Syrie, Lakhdar Brahimi lors d'une conférence de presse sur la réunion Genève II sur la Syrie, le 22 janvier 2014 à Montreux AFP - Philippe Desmazes
  • Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov (c), l'envoyé spécial de l'ONU Lakhdar Brahimi et la chef de la diplomatie Catherine Ashton, lors de la réunion Genève II sur la Syrie, le 22 janvier 2014 à Montreux
    Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov (c), l'envoyé spécial de l'ONU Lakhdar Brahimi et la chef de la diplomatie Catherine Ashton, lors de la réunion Genève II sur la Syrie, le 22 janvier 2014 à Montreux Pool/AFP/Archives - Arnd Wiegmann
  • Le secrétaire d'Etat américain John Kerry lors d'une conférence de presse sur la réunion Genève II, le 22 janvier 2014 à Montreux
    Le secrétaire d'Etat américain John Kerry lors d'une conférence de presse sur la réunion Genève II, le 22 janvier 2014 à Montreux AFP - Fabrice Coffrini
  • Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem au début de la conférence de paix Genève II à Montreux, le 22 janvier 2014
    Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem au début de la conférence de paix Genève II à Montreux, le 22 janvier 2014 Pool/AFP - Gary Cameron
Publié le
AFP

La conférence de paix Genève II sur la Syrie fait une brève pause jeudi au lendemain d'une première rencontre entre dignitaires du régime syrien et opposants en exil visant à enrayer le cycle de violences en Syrie, marquée par l'impossibilité de se mettre d'accord sur le sort de Bachar al-Assad.

"Rhétorique incendiaire", "élucubrations agressives", accusations de "trahison": la conférence de paix de Genève II à Montreux s'est déroulée dans un climat tendu. Et les délégations syriennes n'ont pas montré de signe de volonté de compromis de nature à être optimiste avant les négociations de vendredi.

Réunis dans la petite ville suisse, la quarantaine de représentants de pays et d'organisations n'ont pas attendu longtemps avant de constater que le fossé restait gigantesque entre le régime de Bachar al-Assad et l'opposition syrienne en exil.

Lors de cette conférence, prélude aux négociations entre les seules délégations syriennes vendredi à Genève, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a rappelé à tous l'enjeu de la rencontre, synonyme "d'espoir" après trois ans d'affrontements meurtriers.

"Notre but était d'envoyer un message aux deux délégations syriennes et au peuple syrien pour dire que le monde veut une fin immédiate du conflit", a déclaré M. Ban. "Trop, c'est trop, il est temps de négocier", a-t-il martelé.

"Tous les Syriens ont les regards tournés vers vous aujourd'hui", a-t-il dit aux deux délégations syriennes qui se faisaient face à quelques mètres de distance.

La Russie et les Etats-Unis, qui ont œuvré en coulisses pour la tenue de cette conférence, ont également appelé les Syriens à saisir une opportunité "historique", le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov prévenant que les négociations ne seraient "ni simples, ni rapides".

Mais avec l'intervention du secrétaire d'Etat américain John Kerry, le ton a changé. "Bachar al-Assad ne prendra pas part au gouvernement de transition. Il est impossible, inimaginable, que cet homme qui a exercé une telle violence contre son propre peuple puisse conserver la légitimité pour gouverner", a-t-il lancé.

Il a également indiqué étudier "différents moyens de pression" sur le régime de Damas, notamment en amplifiant l'aide à l'opposition syrienne.

Piqué au vif, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem lui a répondu vertement: "Monsieur Kerry, personne au monde n'a le droit de conférer ou de retirer la légitimité à un président (...) sauf les Syriens eux-mêmes".

La question du sort de M. Assad, au centre de tous les débats depuis le début du mouvement de contestation en mars 2011, a plané sur la conférence.

Russes et Américains continuent ainsi de s'opposer sur l'interprétation des principes édictés en juin 2012 lors de la conférence de Genève I. Les Occidentaux parlent de formation d'un gouvernement de transition sans Bachar al-Assad, une condition que réfutent les Russes et les Syriens pro-Assad.

Se joignant à l'appel de John Kerry, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a martelé que la conférence n'avait pas pour but de parler de "terrorisme", comme le souhaite Damas, mais d'un "gouvernement de transition".

"Traîtres et agents à la solde de l'ennemi"

Le discours de Walid Mouallem a aussi été l'occasion d'une vive passe d'armes entre le secrétaire général de l'ONU et le ministre syrien des affaires étrangères.

Le responsable syrien, à l'instar du chef de l'opposition, avait dix minutes de temps de parole. Mais après 20 minutes de discours, Ban Ki-moon s'est décidé à interrompre M. Mouallem qui restait sourd aux sonnettes répétées lui demandant de conclure.

"Vous vivez à New York et moi je vis en Syrie, j'ai le droit de donner la version syrienne ici devant ce forum", a lancé M. Mouallem au patron des Nations unies.

Après le discours de M. Mouallem, Washington a dénoncé une "rhétorique incendiaire" tandis que Paris dénonçait les "élucubrations longues et agressives" du ministre syrien.

Paris a en revanche loué la position "responsable et démocratique du chef de la délégation de l'opposition, Ahmad Jarba, qui a appelé le président Bachar al-Assad à remettre son pouvoir à un gouvernement de transition conformément à la déclaration de Genève I.

"C'est la première fois qu'on les réunit. Il faut encourager les parties à parler dès que possible", a estimé M. Ban, en clôture de la réunion.

Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a annoncé qu'il rencontrerait jeudi les deux parties pour discuter de la prochaine étape des négociations.

"Demain, je vais les rencontrer séparément et voir quelle est la meilleure manière d'aller de l'avant", a-t-il dit.

"Allons-nous nous réunir dans une même salle et entamer les discussions ou parlerons-nous séparément un peu avant ? Je ne sais pas encore", a ajouté M. Brahimi.

Sur le terrain, les forces gouvernementales ont bombardé des secteurs rebelles autour de Damas, Homs et Alep, où un missile a tué 10 personnes.

Source : AFP

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