Centrafrique: la présidente dans l'urgence pour désamorcer les violences

  • Des hommes transportent un blessé, le 24 janvier 2014 dans le quartier PK-12 à Bangui
    Des hommes transportent un blessé, le 24 janvier 2014 dans le quartier PK-12 à Bangui AFP - Issouf Sanogo
  • Des soldats français de l'opération Sangaris stationnés à un carrefour du quartier PK-12, le 23 janvier 2014 à Bangui
    Des soldats français de l'opération Sangaris stationnés à un carrefour du quartier PK-12, le 23 janvier 2014 à Bangui AFP - Issouf Sanogo
  • La nouvelle présidente centrafricaine Catherine Samba Panza, après avoir prêté serment, le 23 janvier 2014 à Bangui
    La nouvelle présidente centrafricaine Catherine Samba Panza, après avoir prêté serment, le 23 janvier 2014 à Bangui AFP - Issouf Sanogo
Publié le
AFP

La présidente centrafricaine s'employait vendredi, au premier jour de son entrée en fonction, à former son équipe gouvernementale dont la mission sera de désamorcer dans l'urgence la haine et les violences entre chrétiens et musulmans qui déchirent le pays.

Après sa prestation de serment devant les magistrats de la Cour constitutionnelle jeudi, Catherine Samba Panza s'est installé dès ce vendredi au palais présidentiel.

Une brève cérémonie de passation des pouvoirs devait s'y tenir avec le président du Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire), Alexandre-Ferdinand Nguendet, qui a assuré l'intérim de l'exécutif depuis la démission, le 10 janvier sous la pression internationale, de Michel Djotodia, selon une source officielle.

La nouvelle présidente devait ensuite s'entretenir "avec les différentes couches de la société", selon la même source, avant de nommer rapidement son Premier ministre et un gouvernement qu'elle dit vouloir "resserré" et composé de "technocrates".

Un gouvernement qui devra être prêt immédiatement à relever l'immense défi de restaurer la paix après des mois de haines intercommunautaires.

"Aux combattants des ex-Séléka (partisans musulmans de M. Djotodia) et aux anti-balaka (milices chrétiennes), je leur demande avec insistance d'observer un comportement patriotique en déposant les armes", a demandé une nouvelle fois jeudi Mme Samba Panza pendant sa prestation de serment.

Règlements de compte

Le Secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, a appelé toutes les parties à "s'engager dans une dynamique de réconciliation", estimant que l'élection de Mme Samba Panza ouvrait "une nouvelle ère".

Mais les appels à l'apaisement de la présidente ne sont pas encore entendus. Vendredi matin, dans le quartier tendu du PK-12, au nord de la capitale, les pillages des biens civils musulmans continuaient, comme les jours précédents, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Un cadavre gisait dans une brouette. Selon des témoins, il s'agissait d'un "règlement de comptes" entre pillards. De jeunes hommes emportaient tôles et charpentes de maisons désertées par les musulmans qui ont réussi à fuir les violences.

Les soldats français de l'opération Sangaris sont déployés dans ce quartier stratégique très peuplé, qui commande l'accès aux deux routes filant vers le Tchad et le Cameroun. Mais ils ne peuvent empêcher les pillages et les attaques menées par de nombreux miliciens anti-balaka déterminés.

A la grande mosquée de Bangui du PK 5, l'imam Walidou Modibo tentait vendredi après-midi de calmer une foule de jeunes musulmans, surexcités après avoir appris l'assassinat par des anti-balaka d'un ancien ministre musulman, le Dr Joseph Kalité.

Devant la presse, il a cependant affirmé que, "devant l'expansion illimitée de violences gratuites à l'égard de sujets musulmans et la passivité complice des forces chargées du maintien de l'ordre", les imams "laissent les fidèles décider des réactions qu'ils jugent les plus appropriées face à toute nouvelle provocation".

Ces violences quotidiennes soulignent clairement que rien n'est réglé en Centrafrique, même si l'élection de Mme Samba Panza a été favorablement accueillie par la population et la communauté internationale.

La Banque mondiale a annoncé jeudi une aide d'urgence de 100 millions de dollars. L'Union européenne va envoyer une force d'environ 500 hommes à Bangui pour soutenir les 1.600 soldats français de Sangaris et les quelque 5.000 hommes de la force africaine (Misca) déjà sur le terrain.

En province, la "majorité" du territoire reste sous la coupe implacable de chefs de guerre, ont rappelé mercredi l'archevêque et l'imam de Bangui, Dieudonné Nzapalainga et Oumar Kobine Layama.

Ces mois de violences ont provoqué un désastre humanitaire en Centrafrique, déjà l'un des pays les plus pauvres du continent, en dépit de son potentiel agricole et minier.

La crise affecte directement la moitié des quelque 4,6 millions de Centrafricains, avec des centaines de milliers de déplacés des violences, dont 400.000 dans la seule capitale.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?