République du Centre: deux cadres retenus depuis plus de 24 heures

  • Deux cadres de La République du Centre, Gilles Cremillieux (d) et Bruno Rivière lors d'une réunion avec les représentants des salariés, à Saran le 29 janvier 2014
    Deux cadres de La République du Centre, Gilles Cremillieux (d) et Bruno Rivière lors d'une réunion avec les représentants des salariés, à Saran le 29 janvier 2014 AFP - Guillaume Souvant
  • Des banderoles devant les locaux du journal La République du Centre, à Saran, le 29 janvier 2014
    Des banderoles devant les locaux du journal La République du Centre, à Saran, le 29 janvier 2014 AFP - Guillaume Souvant
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AFP

Les deux responsables du groupe Centre France/La Montagne semblent partis pour passer une deuxième nuit sous la garde des salariés mercredi au siège de la République du Centre, près d'Orléans, après l'échec de négociations avec les syndicats.

Dans un communiqué, le Medef a condamné "la séquestration" des deux cadres au siège du quotidien du Loiret à Saran, estimant que "toute action violente est contraire aux principes du dialogue et de la négociation".

Le secrétaire général du groupe, Gilles Crémillieux, et le directeur des ressources humaines, Jérôme Rivière, sont retenus depuis mardi soir au premier étage du siège du quotidien départemental menacé par un plan social. Ils ont accès à plusieurs bureaux et à des locaux sanitaires.

"La direction du groupe Centre France ne peut tolérer la séquestration de deux de ses dirigeants", a souligné le groupe dans un communiqué.

"Ce n'est pas un séquestration, c'est la prolongation de la réunion de négociation de mardi soir", a rétorqué Christ Grenard, délégué CFE-CGC, interrogé par l'AFP.

Mercredi après-midi, un comité d'entreprise (CE) extraordinaire n'a pas permis de débloquer la situation. Les syndicats "ont proposé de reprendre la négociation à 18H30 et demain, mais (les deux cadres) ont refusé, expliquant qu'ils ne peuvent négocier en étant séquestrés", a rapporté le délégué CFDT Arnaud Ziomek.

Dans un couloir, un face-à-face tendu a opposé une vingtaine de salariés aux deux responsables du groupe, qui ont demandé à quitter les lieux, expliquant qu'ils n'avaient pas dormi depuis 24 heures.

"Il faut vous préparer à dormir ici encore quelques temps", a lancé un salarié. "On n'a pas dormi non plus, on n'est pas fatigués", a averti un autre.

Une nouvelle version du Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) a été présentée lors du comité d'entreprise aux syndicats, qui ont demandé 48 heures pour le consulter. Lors d'une assemblée générale, les salariés ont voté la reconduction de la grève.

Restructuration de l'ensemble du groupe

Les salariés sont en grève depuis le 17 janvier pour protester contre le montant de la prime supra-légale proposée dans le cadre du plan social prévoyant la fermeture du centre d'impression de Saran et la suppression de 78 postes, dans le cadre d'une restructuration de l'ensemble du groupe.

Mardi soir, "à la suite d'une nouvelle réunion avec les syndicats, et vu que les choses n'avancent pas, les salariés ont eu une réaction d'orgueil et ont décidé de retenir ces dirigeants pour la nuit", a expliqué un porte-parole des salariés, Christophe Bourdeau.

Les salariés, qui réclamaient initialement 62.000 euros de prime supra-légale, ont abaissé leurs prétentions à 20.000 euros. "La direction a proposé mardi soir de porter cette prime de 7.000 à 7.500 euros: on a pris ça pour une vraie provocation", a expliqué M. Bourdeau.

La direction fait valoir dans son communiqué que "les négociations entamées avec les délégués syndicaux ont permis d’importantes avancées".

"Les discussions actuelles amènent à proposer aux salariés du Centre d’impression de La République du Centre, dont le salaire moyen annuel est de 39.000 euros, en moyenne l'équivalent de 2 ans et demi de salaires cumulés, sous forme d’indemnités et congés de reclassement", précise le groupe.

En raison de ce mouvement de grève, le quotidien n'a pas paru depuis 11 jours, hormis son édition dominicale. Les salariés ont prévu de publier mercredi une édition numérique, avec plusieurs pages consacrées au conflit social.

A l'échelle du groupe, 230 emplois sont supprimés et le départ volontaire de 37 journalistes est demandé, pour réaliser une économie annuelle de 16 millions d'euros.

Centre France/La Montagne détient huit quotidiens et une douzaine d'hebdomadaires (1.200 personnes). Il prévoit de se réorienter sur le numérique et de diversifier son offre, grâce à un investissement de 15 millions d'euros.

Source : AFP

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