Jihad en Syrie: les adolescents toulousains transférés à Paris

  • Agnès Dufetel-Cordier l'avocate de l'un des adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie, le 30 janvier 2014 face aux journalistes à Toulouse
    Agnès Dufetel-Cordier l'avocate de l'un des adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie, le 30 janvier 2014 face aux journalistes à Toulouse AFP - Eric Cabanis
  • Des gendarmes devant le domicile de l'un des deux adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie, le 28 janvier 2014 à Pinsaguel
    Des gendarmes devant le domicile de l'un des deux adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie, le 28 janvier 2014 à Pinsaguel AFP - Eric Cabanis
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AFP

Les deux adolescents toulousains candidats au jihad en Syrie devaient être acheminés à Paris jeudi pour y poursuivre leur garde à vue, commencée mercredi matin à Toulouse, a-t-on appris de source policière.

Aucune décision n'a encore été prise quant à d'éventuelles poursuites contre les deux jeunes de 15 et 16 ans.

Jeudi soir toutefois, l'avocate du plus jeune des deux, Y. 15 ans, estimait très probable que son client serait présenté d'ici vendredi à un juge antiterroriste en vue de son éventuelle mise en examen. "Au niveau du parquet, nous n'avons pas encore d'indication précise mais il paraît de plus en plus évident qu'ils vont être présentés à un juge", a déclaré à l'AFP Me Agnès Dufétel-Cordier.

La garde à vue des deux jeunes gens ne peut pas excéder 48 heures, sauf circonstances exceptionnelles en ce qui concerne le plus âgé parce qu'il a passé 16 ans, a indiqué une source proche du dossier.

De son côté, le père du jeune garçon a insisté, dans une interview accordée à France 3 Midi-Pyrénées, sur le fait que son fils était "encore un enfant" et qu'il ne "devait pas être traité comme un criminel". "Très vite, il s'est aperçu qu'il était dans un guet-apens, qu'il était sans argent, qu'il ne pouvait plus faire (machine) arrière. Face aux menaces, face au danger, il a dû jouer le jeu avec ces gens-là", a-t-il affirmé.

"Mon fils, il est revenu de lui-même. Il a commis l'erreur, peut-être, de partir effectivement de lui-même. Ça reste un enfant de 15 ans.", a-t-il ajouté. Quand "on a la chance de récupérer un des nôtres, nos enfants, malheureusement qu'est-ce qu'on voit? Qu'ils sont mis en garde à vue, qu'ils sont transférés devant un juge comme si c'était eux les coupables, comme si c'était eux les criminels", a-t-il également déploré.

Depuis mercredi matin, les deux apprentis jihadistes ont été entendus à plusieurs reprises, en présence de leurs avocats, par les policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), dans les locaux du commissariat central de Toulouse.

Les enquêteurs cherchent à élucider le processus d'autoradicalisation et les soutiens dont A. et Y. pourraient avoir bénéficié. Ils cherchent notamment à savoir qui les adolescents ont rencontré en Turquie ou en Syrie et s'ils ont eu affaire sur place à des facilitateurs, ces individus venus de France et chargés d'accueillir les nombreux candidats au jihad en Syrie.

Pour l'heure, rien ne semble indiquer que A. et Y. aient été recrutés en France par une filière. Ils seraient plutôt partis par leurs propres moyens. Internet et les réseaux sociaux paraissent avoir grandement contribué à la formation de leur projet.

Tous deux élèves en classe de seconde générale au lycée des Arènes à Toulouse, les adolescents sont partis le 6 janvier et sont rentrés séparément de Turquie, dimanche pour le plus âgé, lundi soir pour le plus jeune.

Des centaines de Français ou étrangers vivant en France sont allés se battre en Syrie ces dernières années ou ont au moins été impliqués dans un tel projet. Mais la révélation du départ de A. et Y. a frappé les esprits à cause de leur âge.

Y. est un "jeune garçon très bien intégré, avec un très, très bon parcours scolaire, des parents présents et attentifs", a réaffirmé Me Dufétel-Cordier jeudi.

L'adolescent de 16 ans, au contraire, a eu un parcours scolaire tortueux, mais ne s'était pas signalé défavorablement depuis la rentrée. Des membres de sa famille auraient des convictions religieuses assez dures et il aurait fréquenté occasionnellement la mosquée, dans le quartier sensible du Mirail à Toulouse.

Source : AFP

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