Thaïlande: au lendemain des élections, les manifestants ne renoncent pas

  • Le leader des manifestants Suthep Thaugsuban, le 2 février 2014 à Bangkok
    Le leader des manifestants Suthep Thaugsuban, le 2 février 2014 à Bangkok AFP
  • Des manifestants thaïlandais anti-gouvernement rassemblés à Bangkok, le 1er février 2014
    Des manifestants thaïlandais anti-gouvernement rassemblés à Bangkok, le 1er février 2014 AFP - Pornchai Kittiwongsakul
  • Décompte des bulletins de vote, le 2 février 2014 à Bangkok à l'issue des législatives
    Décompte des bulletins de vote, le 2 février 2014 à Bangkok à l'issue des législatives AFP - Pornchai Kittiwongsakul
Publié le
AFP

Les manifestants sont redescendus lundi dans les rues de Bangkok, au lendemain de législatives qu'ils ont fortement perturbées, promettant de trouver un moyen de faire tomber le gouvernement.

Des centaines de manifestants ont emboîté le pas de leur meneur Suthep Thaugsuban, pour montrer que le scrutin ne changeait rien à leur détermination de chasser la Première ministre Yingluck Shinawatra, qu'ils accusent d'être une marionnette de son frère Thaksin qu'ils haïssent.

L'ancien chef de gouvernement renversé par un coup d'Etat en 2006 continue depuis son exil de diviser profondément la société entre ses partisans et ses ennemis.

Lundi matin, aucun résultat, même partiel, n'avait été publié par la Commission électorale, confrontée à une perturbation sans précédent du scrutin par les manifestants.

Ils ont empêché l'acheminement des bulletins et ainsi forcé 10.000 bureaux de vote (soit 10% de l'ensemble) à garder porte close dimanche.

La commission a toutefois annoncé lundi un premier chiffre de participation de 45,84% des 44,6 millions d'électeurs inscrits dans des circonscriptions où le vote a pu se tenir.

"Les gens avaient peur. Et quand les gens ont peur, ils ne vont pas voter", a commenté Janjira Sombatpoonsiri, politologue à l'université Thammasat de Bangkok.

Les images d'une violente bataille de rue à coups d'armes à feu entre pro et antigouvernement samedi en pleine journée à Bangkok avaient notamment été largement diffusées.

Invalider les élections

Mais pour les manifestants, il n'y a aucun doute, "cette élection doit être invalidée", a plaidé lundi leur porte-parole Akanat Promphan, au départ du défilé.

"La Constitution dit que l'élection doit se tenir sur une seule journée. Cela a été impossible", bulletins de vote et enregistrement des candidatures ayant été bloqués dans de nombreuses circonscriptions, s'est-il réjoui.

Abhisit Vejjajiva, chef du Parti démocrate, principale formation de l'opposition qui boycottait le scrutin, a de son côté confirmé préparer un recours en justice contre des élections "illégitimes" qui "ne reflètent pas l'intention de la Constitution ou du peuple".

Le parti au pouvoir, le Puea Thai, grand favori du scrutin, a quant à lui insisté sur le fait que le vote avait pu être organisé sans encombre dans une grande partie du pays, après trois mois d'une crise politique qui a déjà fait au moins dix morts.

"Cela montre que la moitié de la population veut la démocratie et veut un Parlement formé par la majorité", a commenté son porte-parole Prompong Nopparit.

"Ce n'est pas une victoire pour le Puea Thai mais une victoire pour ceux qui aiment la démocratie et la paix", a-t-il assuré.

Le ministre du Travail Chalerm Yubamrung, en charge de l'application de l'état d'urgence à Bangkok, a été plus loin, prédisant une victoire du Puea Thai avec "entre 265 et 289 sièges".

Aux élections de 2011, le Puea Thai avait déjà remporté la majorité absolue des 500 sièges.

La plus grande incertitude planait lundi sur la suite des évènements, notamment sur l'organisation d'un nouveau vote pour les électeurs privés de scrutin dimanche.

Les résultats pourraient prendre des semaines, voire des mois, avant d'être publiés. Dans tous les cas, le Parlement ne peut pas se réunir faute d'un quorum de 95% des 500 députés, le vote n'ayant pu se tenir dans de nombreuses circonscriptions.

Et un scrutin de remplacement est prévu le 23 février pour les quelque 440.000 électeurs déjà empêchés de mettre leur bulletin dans l'urne lors du vote par anticipation une semaine plus tôt.

Malgré les promesses de continuer le mouvement, la mobilisation des opposants qui réclament le remplacement du gouvernement par un "conseil du peuple" non élu s'est essoufflée.

De dizaines, voire centaines, de milliers au pic du mouvement, ils n'étaient que des centaines lundi à participer au nouveau défilé, destiné également à récolter des fonds auprès des passants, comme Suthep l'a fait régulièrement ces dernières semaines, saisissant les billets tendus, même si, selon les analystes, il bénéficie de soutiens financiers de poids.

Les protestataires, alliance hétéroclite des élites de Bangkok, d'ultra-royalistes et d'habitants du sud, ont même annoncé le démantèlement de certains de leurs sites installés mi-janvier à des carrefours stratégiques pour leur opération de "paralysie" de Bangkok.

Source : AFP

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