Exposition: A Rome, Giacometti dialogue avec le Bernin et Canova

  • L'exposition du Palais Borghese ne montre pas uniquement les silhouettes filiformes chères à Giacometti, comme ici cette "Femme cuiller" exposée au Palais Borghese du 5 février au 25 mai 2014
    L'exposition du Palais Borghese ne montre pas uniquement les silhouettes filiformes chères à Giacometti, comme ici cette "Femme cuiller" exposée au Palais Borghese du 5 février au 25 mai 2014 AFP - Andreas Solaro
  • La statue "Walking man 1" du maître de la sculpture moderne, le Suisse Alberto Giacometti, exposée dansz l'écrin unique et baroque de la Galerie Borghese à Rome
    La statue "Walking man 1" du maître de la sculpture moderne, le Suisse Alberto Giacometti, exposée dansz l'écrin unique et baroque de la Galerie Borghese à Rome AFP - Andreas Solaro
  • La statue "Buste de Diego" par Alberto Giacometti exposée à la galerie Borghese à Rome du 5 février au 25 mai 2014
    La statue "Buste de Diego" par Alberto Giacometti exposée à la galerie Borghese à Rome du 5 février au 25 mai 2014 AFP - Andreas Solaro
  • Un visiteur devant la statue "the falling man" par Alberto Giacometti à la galerie Borghese du 5 février au 25 mai 2014
    Un visiteur devant la statue "the falling man" par Alberto Giacometti à la galerie Borghese du 5 février au 25 mai 2014 AFP - Andreas Solaro
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AFP

Le maître de la sculpture moderne Alberto Giacometti dialogue avec le génie baroque et néo-classique du Bernin et de Canova, dans une exposition sertie dans l'écrin unique de la Galerie Borghese qui ouvre mercredi à Rome.

L'exposition "Giacometti, la sculpture", ce sont quelque 40 chefs-d’œuvre -- bronzes, plâtres et dessins -- du maître suisse qui côtoient pour la première fois les célèbres statues en marbre de ses illustres prédécesseurs italiens.

D'un côté, comme dans un théâtre, les scènes mythologiques ou bibliques du Bernin - "Apollon et Daphné", toute en chair élastique, le "David" et sa force de la jeunesse - la "Pauline Borghese" de Canova et sa sensualité tranquille. Et de l'autre, une "Femme couchée qui rêve" et un "Homme qui chavire", si fragiles et si dramatiques à la fois.

Un dialogue tendu mais dense, "dont le sujet principal, après tout, reste l'homme", souligne auprès de l'AFP le commissaire de l'exposition, le Suisse Christian Klemm.

Pour Anna Coliva, la directrice du musée romain, située au cœur du parc de la Villa Borghese, il manquait à ce "temple de la sculpture par excellence", où l'on peut admirer des œuvres allant de l'Antiquité au XIXe siècle, un représentant de l'art moderne: et qui de mieux que son "emblème", Alberto Giacometti ?

"Ce n'est pas une confrontation entre ces statues, mais au contraire, il s'agit de voir quelles sont leurs différences et leurs éléments de base, notamment sur la représentation de l'être humain, du corps", explique Mme Coliva.

Or, Giacometti (1901-1966) est "l'un des rares sculpteurs modernes à avoir un rapport très réfléchi avec le passé", et notamment avec l'art des antiques Egyptiens, souligne M. Klemm, qui détaille "la forme très stylisée, frontale, quasi-symétrique" de ces œuvres.

C'est lors de son premier séjour en Italie, en 1920-1921, durant lequel il visite notamment le Musée Egyptien de Florence, mais également Venise, Rome, Naples et Pompéi, que Giacometti a son premier choc avec l'art classique.

Mais, raconte Mme Coliva, il comprend très vite "la douloureuse impossibilité" pour l'art moderne de représenter l'être humain de manière monumentale.

Fouillant l'âme de ses sujets jusqu'à réduire toujours plus leur enveloppe charnelle, "jusqu'à l'os", il parvient ainsi à son célèbre "homme qui marche".

Le premier, créé en 1946, pour un monument en hommage aux victimes des nazis à Paris, rappelle ces "Egyptiens qui sortent du tombeau", qui démontrent toute leur force malgré l'apparente faiblesse de leur silhouette filiforme, précise M. Klemm.

Mais ce n'est pas juste en réaction aux horreurs de la guerre que les statues de Giacometti s'affinent de plus en plus pour "se réduire au minimum", expliquent les deux commissaires de l'exposition.

Entre-temps, l'existentialisme est passé par là et Giacometti, qui fréquente à l'époque le Paris de l'entre-deux guerres où il a son atelier, est bien conscient que la condition de l'homme moderne est faite de "souffrances et de douleurs".

Face à des représentations classiques, renaissance, baroque et néo-classiques, de l'homme, toutes de mouvements, de déliés, de courbes et de plis, les œuvres de Giacometti brûlent d'une énergie intérieure.

"Nous exposons certaines de ses œuvres qui font 3 mètres de hauteur, et pourtant, elles semblent presque transparentes par rapport aux statues classiques qui les entourent", souligne Mme Coliva. Mais elles n'en reflètent pas moins une "sensibilité dramatique", ajoute-t-elle, qui crée du volume, et cette force unique.

"Giacometti, la sculpture", Galerie Borghèse à Rome, du 5 février au 25 mai 2014.

Source : AFP

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