L'amour sur les barricades de Kiev

  • Bogdan Zabavchouk (g), 21 ans and Ioulia Serko montrent leur bagues de mariage
    Bogdan Zabavchouk (g), 21 ans and Ioulia Serko montrent leur bagues de mariage AFP - Genya Savilov
  • Bogdan Zabavchouk (g), et son épouse Ioulia Serko, rencontrée sur les barricades, à Kiev, le 13 février 2014
    Bogdan Zabavchouk (g), et son épouse Ioulia Serko, rencontrée sur les barricades, à Kiev, le 13 février 2014 AFP - Genya Savilov
  • Iaroslava (d), 21 ans et Stas, 18 ans, le 13 février 2014 à Kiev
    Iaroslava (d), 21 ans et Stas, 18 ans, le 13 février 2014 à Kiev AFP - Genya Savilov
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AFP

Ioulia a laissé tomber son travail pour rejoindre la révolution à Kiev. Blessée, elle a été soignée par un jeune homme qui a eu le coup de foudre pour elle. Un mois plus tard, ils ont célébré leur mariage sur les barricades.

Les jeunes mariés fêtent leur première Saint-Valentin en distribuant des médicaments dans la mairie de la capitale, occupée par les manifestants depuis décembre et transformée en "QG de la Révolution".

Au lieu de se rendre en Egypte où elle devait donner des cours de gymnastique dans un hôtel, Ioulia Serko, 25 ans, originaire de Rivne, une ville de l'ouest du pays, a préféré aller à Kiev, théâtre d'une contestation sans précédent depuis la volte-face du pouvoir sur un rapprochement avec l'Europe au profit de la Russie qui s'est transformée depuis en un rejet total du régime.

"Je n'en pouvais plus de ce chaos, de ce pouvoir mafieux", explique la jeune femme brune et svelte.

Début janvier, une armoire servant de barricade contre un éventuel assaut de troupes anti-émeutes Berkout lui est tombée dessus pendant qu'elle dormait à la mairie après avoir préparé des repas pour les contestataires.

Bogdan Zabavtchouk, 21 ans, un chimiste de l'infirmerie, lui a pansé le bras et préparé une décoction pour la soigner.

"Je vois une belle fille qui me demande de lui soigner le bras", se souvient-il, assis dans la grande salle de la mairie où des manifestants dorment sur des chaises et un petit groupe suit un cours d'anglais.

c"Trois jours plus tard, j'ai compris que je voulais passer ma vie avec elle", raconte-t-il.

Ioulia repart chez elle mais revient quand éclatent les heurts qui ont fait quatre morts et plus de 500 blessés fin janvier.

"Regarder ça à la télévision faisait plus peur que d'être là", explique-t-elle.

Bogdan vient la chercher à la gare et elle voit qu'il a du mal à porter sa valise. C'est ainsi qu'elle apprend qu'il a été blessé aux côtes par les Berkout.

Un prêtre orthodoxe venu de Francfort pour rejoindre les manifestants à Kiev célèbre leur mariage à la mairie quelque jours plus tard et leur offre des alliances.

Ils font ensuite en voiture le tour des barricades qui entourent le centre de Kiev et trinquent au champagne avec ceux qui sont là.

"J'ai appris mon mariage à mes parents un jour avant seulement. J'avais peur qu'ils ne prennent pas ça au sérieux: révolution, émotions...", raconte Ioulia.

Ceux de Bogdan ont appris la nouvelle en regardant la télévision.

- Âmes soeurs -

"La révolution inspire l'amour", assure Ioulia.

"Les gens qui sont ici partagent les mêmes idées. Dans la vie normale ils sont souvent mal compris par leur famille ou leur amis; ici il est plus facile de trouver une âme soeur", explique-t-elle.

Début février un jeune opposant casqué et portant un gilet pare-balle, le visage couvert d'un passe-montagne noir, a solennellement passé une bague de fiançailles au doigt d'une jeune femme, au beau milieu des barricades.

"Le combat change l'homme, l'esprit devient froid, le cœur chaud", avait-il alors expliqué.

Encouragés par ces exemples, Iaroslava, 21 ans et Stas, 18, s'apprêtent à se marier dimanche.

"Cela fait un an que nous nous connaissons mais nous sommes ensemble depuis deux mois", raconte la jeune femme aux cheveux courts, vêtue d'une veste de camouflage et portant un keffieh autour du cou.

Créatrice de jeux vidéo en temps normal, elle fait partie d'une unité d'autodéfense de la mairie, de même que Stas.

"On tient ensemble la garde, cela rapproche", dit Stas en souriant.

Source : AFP

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