Ukraine: affrontements entre manifestants et policiers à Kiev

  • La chancelière allemande Angela Merkel avec les leaders de l'opposition ukrainienne Vitali Klitschko (g) et Arseni Iatseniouk (d) à Berlin, le 17 février 2014
    La chancelière allemande Angela Merkel avec les leaders de l'opposition ukrainienne Vitali Klitschko (g) et Arseni Iatseniouk (d) à Berlin, le 17 février 2014 Pool/AFP - Johannes Eisele
  • Manifestation place de l'Indépendance à Kiev le 16 février 2014
    Manifestation place de l'Indépendance à Kiev le 16 février 2014 AFP/Archives - Martin Bureau
  • Le service d'ordre des opposants le 17 février 2014 à Kiev
    Le service d'ordre des opposants le 17 février 2014 à Kiev AFP - Sergei Supinsky
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AFP

Des affrontements opposant policiers et manifestants ont éclaté mardi matin à Kiev, alors que plus de 20.000 manifestants se dirigeaient vers le parlement qui devait examiner une réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs présidentiels.

Les policiers ont tiré sur les manifestants des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes et ont eu recours au gaz lacrymogène, après des jets de pavés, vers 08H30 GMT, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Il s'agit des premiers affrontements à Kiev depuis ceux de la fin janvier qui avaient fait quatre morts et plus de 500 blessés.

Les milliers de manifestants se sont arrêtés à 200 mètres du parlement, bloqués par les cordons des troupes de l'Intérieur et des policiers anti-émeute.

Le service d'ordre de l'opposition sur Maïdan, la place de l'Indépendance, occupée depuis près de trois mois par les manifestants hostiles au régime du président Viktor Ianoukovitch, tentait d'éviter une confrontation directe entre les manifestants les plus radicaux et les policiers. "Notre objectif est d’encercler le Parlement, de le bloquer pour ne pas laisser les députés nommer un Premier ministre +russe+", a déclaré sur place Andriï Paroubiï, responsable du Maïdan, également député du parti Batkivchtchina de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko.

Selon son entourage, le président Ianoukovitch pourrait présenter dès mardi un nouveau Premier ministre.

Mais les députés doivent surtout étudier une réforme constitutionnelle demandée par l'opposition et réduisant les pouvoirs du président au profit de gouvernement et du Parlement.

"Nous organisons une offensive pacifique à l'égard du Parlement. L'opposition n'y dispose que de 169 députés (sur 450, ndlr), ce qui n'est pas suffisant mais j'espère que les représentants de la majorité vont comprendre qu'ils doivent apporter leurs voix pour résoudre la question de la réforme constitutionnelle", a déclaré à la presse le chef du parti nationaliste Svoboda (Liberté), Oleg Tiagnybok.

Les militants du Secteur droit, groupe radical à l'origine de jets de pavés et de cocktails Molotov contre les policiers fin janvier, ont aussi annoncé une "mobilisation" mardi.

- "Les exigences du Kremlin" -

L'opposition a accusé le pouvoir ukrainien de céder aux pressions de Moscou, depuis que M. Ianoukovitch a renoncé en novembre à signer un accord d'association avec l'Union européenne, pour se tourner vers la Russie. "Au lieu de remplir les exigences du Maïdan, le pouvoir remplit les exigences du Kremlin. Nous ne les laisserons pas faire", a promis Andriï Paroubiï sur son blog, refusant de "vendre notre indépendance pour 15 milliards de dollars".

La Russie a octroyé en décembre un crédit de 15 milliards de dollars, dont 3 milliards ont déjà été versés, et un important rabais sur le prix du gaz. Et lundi, la Russie a annoncé qu'elle comptait verser "cette semaine" une nouvelle tranche de 2 milliards de dollars à l'Ukraine, en manque de liquidités et au bord d'un défaut de paiement.

Les Occidentaux ont également dit préparer une aide financière à l'Ukraine, qui serait toutefois d'un montant nettement inférieur.

- "La situation reste extrêmement tendue" -

La situation s'était apaisée lundi à Kiev avec l'évacuation par les opposants de la mairie de la ville, occupée depuis décembre, en échange d'une amnistie pour plus de 200 manifestants poursuivis et qui encouraient de lourdes peines pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.

Mais l'opposition s'impatiente de voir des progrès, alors que les négociations avec le pouvoir sont au point mort, qu'il s'agisse de la réforme constitutionnelle ou de la nomination d'un nouveau Premier ministre.

L'évacuation de la mairie, lieu très symbolique de la contestation transformée en "QG de la révolution", a été très mal vécue par beaucoup de manifestants, qui ont estimé que l'opposition faisait trop de concessions.

Lundi, les responsables de l'opposition en déplacement à Berlin ont demandé à Angela Merkel une aide financière et des sanctions contre l'entourage du président Ianoukovitch. "La situation reste extrêmement tendue", a jugé la chancelière en appelant l'Ukraine à "avancer énergiquement sur la composition du gouvernement et la réforme de la Constitution".

Née de la volte-face du pouvoir ukrainien fin novembre à l'égard de l'UE, la contestation s'est transformée en un rejet du régime de Viktor Ianoukovitch.

Ni la démission du gouvernement fin janvier, ni les négociations n'ont réglé le conflit, marqué par des affrontements qui ont fait quatre morts et plus de 500 blessés.

Source : AFP

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