L’artiste Suzanna Pejoska au panthéon des créatrices

Elle a pris part l’an dernier à la première Biennale de Turin. Ses œuvres s’exposent dans le monde entier, de façon permanente à Londres, Munich et Dubaï. Suzanna Pejoska, comme tout artiste habitée par sa passion, ne fait pas de bruit. Contactée dès 2008 pour figurer dans Le dictionnaire universel des créatrices, publié aux Editions des femmes créée en 1974 par Antoinette Fouque (fondatrice du MLF), elle en avait même oublié ce projet…

Première mondiale  

"J’avais contacté à l’époque les Editions des femmes dans le cadre d’une exposition en envoyant un dossier", dit-elle. Cinq ans après, le projet s’est concrétisé avec ce dictionnaire paru fin novembre. Auparavant à Pons, installée désormais à Saint-Hippolyte, elle a appris la bonne nouvelle:  "Je m’y retrouve et je suis très fière. La démarche est à la fois un retour sur les créatrices qui ont marqué l’histoire et avant-gardiste en répertoriant des contemporains. Cela peut être un tremplin et permet de sortir de l’ombre ou de mettre en lumière des créatrices dans divers domaines d’activités".

Son parcours a retenu l’attention : d’origine macédonienne, arrivée en France à l’âge de 3 ans, Suzanna Pejoska a débuté la peinture en autodidacte l’année de ses 19 ans. Sa culture slave orthodoxe se mêle à l’abstraction des formes pour créer des tableaux colorés avec des touches de feuilles d’or. Une œuvre prégnante et profondément humaine, à l’image de son travail actuel sur les portraits des colons d’Ellis Island.

"Valoriser les femmes"

Ce dictionnaire retrace quarante siècles d’histoire de créatrices dans des disciplines diverses (artistiques, littéraires, philosophiques aussi bien que scientifiques) et s’étend des sportives aux femmes politiques, en passant par les interprètes, les conteuses, les artisanes. Dans ce classement par ordre alphabétique, Suzanna Pejoska se retrouve ainsi à côté d’une historienne anthropologue. "Cela permet aux femmes d’être valorisées", lance l’intéressée qui exposera cet été à Lacapelle-Marival (Lot).

Connues, inconnues, méconnues, cette anthologie a demandé sept ans de recherches et de collectes. Forcément non exhaustif. Une édition numérique est en projet pour un dictionnaire plus que jamais vivant. Et militant à l’heure de combats, pour le coup rétrograde, qui resurgissent comme celui sur l’IVG…