Les syndicats surveillent la montée du FN dans leurs rangs

  • Fabien Engelmann, ex-responsable CGT, aujourd'hui conseiller social de Marine Le Pen et tête de liste aux municipales à Hayange (Moselle), photographié le 19 février 2014 à Hayange
    Fabien Engelmann, ex-responsable CGT, aujourd'hui conseiller social de Marine Le Pen et tête de liste aux municipales à Hayange (Moselle), photographié le 19 février 2014 à Hayange AFP - Jean-Christophe Verhaegen
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AFP

A un mois des municipales et trois mois des Européennes, les syndicats surveillent comme le lait sur le feu la montée de l'influence du Front national dans leurs rangs, car si les syndicalistes candidats sur les listes FN sont rares les idées de ce parti font leur chemin.

La CGT a eu connaissance de deux adhérents candidats du FN: Nicolas Goury, intérimaire dans une entreprise métallurgique à Elbeuf (Seine-Maritime) et Pierre Autier (transports) dans le Puy-de-Dôme, souligne auprès de l'AFP, Pascal Debay, membre de la direction de la centrale.

La CGT s'apprête à les exclure comme elle l'a fait aux cantonales de 2011: "Un syndiqué qui se met sur la liste du Front national et prône la préférence nationale se met de lui-même en dehors de la CGT", affirme Pascal Debay.

Dans l'attente de la clôture des listes le 6 mars, la CFDT a appris l'existence de "deux ou trois cas parmi les adhérents", souligne auprès de l'AFP Jean-Louis Malys, membre de la direction.

"On va leur demander de choisir entre le Front national et la CFDT. On ne peut pas se revendiquer à la fois de la CFDT et du FN, pour nous il y a incompatibilité en terme de valeur et d'histoire", affirme-t-il. La CFDT avait déjà exclu de ses rangs un adhérent candidat FN aux cantonales de 2011 en Moselle.

Le traitement est différent quand il s'agit d'autres partis: ainsi l'emblématique leader CFDT de Florange, Edouard Martin, tête de liste PS aux européennes, a dû seulement rendre son mandat de représentant.

Dans un argumentaire, la centrale égrène les raisons qui l'amènent à "prendre sa part dans le combat contre la montée du FN: les valeurs de la CFDT, sa conception de la société, de la démocratie et une certaine vision de l'homme".

Force ouvrière en revanche applique à tous ses adhérents le même principe: incompatibilité entre mandat syndical et politique. "Un syndicaliste FO ne peut pas se référer à son appartenance syndicale s'il se présente sur une liste électorale", précise-t-on à la centrale.

De son côté, Fabien Engelmann, ex-responsable CGT, aujourd'hui conseiller social de Marine Le Pen et tête de liste FN aux municipales à Hayange (Moselle), rejette, auprès de l'AFP, la "discrimination et le sectarisme" à l'encontre des militants de son parti.

Des centaines "de taupes"

M. Engelmann, qui a saisi la justice contre son exclusion en 2011 de la CGT, affirme que d'autres syndicalistes figurent sur sa liste.

Le FN a aujourd’hui "pas mal de taupes dans les syndicats", en particulier à la CGT, assure M. Engelmann qui les estime, dans l'ensemble des syndicats, à "des centaines". Ils restent discrets pour "peser" lors des congrès, selon lui.

A la CGT on "relativise" et on rappelle que la centrale compte près de 700.000 adhérents, "ce n'est pas un raz-de-marée", souligne M. Debay.

Mais la centrale reconnaît l'infiltration des idées du FN: "les salariés ne sont pas différents du reste de la société et les idées du FN sont de plus en discutées, quelquefois reprises", souligne Pascal Debay.

La CGT pend "l'affaire au sérieux" et a lancé une campagne avec la FSU et Solidaires pour fournir aux militants et salariés "des éléments d’histoire et d'analyse sociale et économique sur le programme" du FN.

A la CFDT, "on ne croit pas à un FN hyper-puissant qui commencerait à nous manipuler ou manipuler nos militants", souligne M. Malys. Mais il reconnaît aussi une certaine diffusion des idées: "les discours simplistes et un peu démagogiques du FN" peuvent "séduire dans un contexte de désespérance sociale".

Quant au degré d'infiltration de l'extrême droite, il reste difficile à cerner: "on n'est pas du tout dans une logique de chasse aux sorcières" et "on ne fait pas de délit d'opinion", souligne M. Malys.

Au premier tour de la présidentielle de 2012 un sympathisant de FO sur quatre (25%) avait donné sa voix à Marine Le Pen. Ils étaient 16% à l'Unsa, 15% à la CFTC, 12% à la CFDT, 11% à la CFE-CGC et 9% à la CGT, selon un sondage réalisé le jour du scrutin par Harris Interactive pour Liaisons sociales.

Source : AFP

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