Municipales : le spleen du maire des communes rurales

  • Un accueil avait été spécialement mis en place pour enregistrer les candidatures jusqu’au soir du 6 mars.
    Un accueil avait été spécialement mis en place pour enregistrer les candidatures jusqu’au soir du 6 mars. DL
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Centre Presse Aveyron

Municipales. La préparation de ces élections locales a révélé la profonde crise de vocation qui frappe les élus locaux, et en particulier les maires des plus petites communes rurales. Reportage à Escandolières.

La difficulté de constituer des listes en a été le dernier symptôme flagrant. Certes, les nouvelles dispositions légales imposées dans la composition des listes n’ont pas facilité les choses. Difficile sur le terrain de rompre avec le passé et de construire des listes à parité parfaite entre femmes et hommes, même si chacun en approuve sans problème le principe. Tout aussi ardu de déposer des listes complètes pour toutes les communes de plus de 1000 habitants (au lieu de 3500 auparavant).

Mais ces obstacles, manifestement, ne peuvent expliquer à eux seuls la véritable crise de vocation qui est apparue à la faveur de ces toutes prochaines élections municipales. Le président de l’association des maires de l’Aveyron, Jean-Louis Grimal n’a pu qu’en dresser le constat au fur et à mesure que s’approchait l’échéance électorale: "Beaucoup de maires m’avaient confié qu’ils ne voulaient pas repartir, or au final ils se sont sentis obligés de se représenter un peu malgré eux car derrière il n’y avait personne pour prendre le relais…"

Trop souvent tout seul

Dans le Rignacois, la commune d’Escandolières est à cet égard très parlante. D’ailleurs, dans ce village affichant 219 habitants au dernier recensement, il aura fallu attendre jusqu’aux dernières heures avant qu’une liste n’arrive jusqu’au bureau d’enregistrement de la préfecture. Ici, le maire sortant, Jean-Pierre Marty, terminera son 4e mandat consécutif, sans compter les 2 autres en tant que conseiller municipal. Bref, depuis 1977, il n’a jamais quitté la Marianne qui orne la mairie. Et il avoue que le mandat qu’il achève n’aura pas été le plus facile: "certes, je suis satisfait du bilan de cette mandature, mais elle a été très difficile à assumer, et pourtant j’étais davantage disponible puisque retraité." Mais voilà, il regrette de n’avoir pas pu suffisamment déléguer, se retrouvant "trop souvent tout seul".

Précisant "qu’avec une secrétaire employée 15 heures par semaine et un seul agent municipal à mi-temps, on se retrouve bien obligé de faire de l’appui administratif et technique en plus que de remplir son mandat en lui-même.." Surtout quand le maire se retrouve par ailleurs dépossédé des prérogatives qui en faisaient tout l’intérêt, poursuit Jean-Pierre Marty. Glissant au passage que gérer les conflits de voisinage est loin d’être le plus passionnant dans la charge du premier magistrat. Il évoque ici les transferts de compétences vers l’intercommunalité même s’il juge que cet élargissement était nécessaire. Sauf, ajoute-t-il, que pour les plus petites communes telles qu’Escandolières, "il devient compliqué de peser suffisamment au niveau de telles structures…" 

Sur fond de tensions

Bref, pour cet élu, "on est arrivé au bout du bout. Et je ne vois qu’un moyen qui permettrait de ne pas cantonner le maire dans le rôle du simple figurant. Il faudrait fusionner les plus petites communes pour atteindre la taille critique d’au moins 500 habitants." La crise de vocation qui se manifeste à Escandolières aurait aussi été aiguisée par un climat de vive tension entre majorité et opposition. Celle qui après moult hésitations a finalement décidé de prendre le relais, Isabelle Baron, ne cache pas que "les 6 ans de guéguerres intestinales" ont joué dans les incertitudes quant à la constitution de sa liste. Cela en aurait découragé plus d’un. Ce dont convient d’ailleurs le principal opposant, Jean-Pierre Noyé qui parle d’une commune "très divisée". Mais Isabelle Baron pointe par ailleurs un difficile passage de génération: "dans notre village à la population vieillissante, les anciens voudraient laisser la place aux jeunes, mais ceux-ci ont du mal à se libérer de leur travail toujours plus prenant et ils ont aussi une famille dont ils veulent bien s’occuper."

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