L'Argentine dégradée par Moody's, l'inflation reste dans le rouge

  • Une femme passe devant le siège de l'agence de notation Moody's à New York, le 18 septembre 2012
    Une femme passe devant le siège de l'agence de notation Moody's à New York, le 18 septembre 2012 AFP/Archives - Emmanuel Dunand
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AFP

L'agence Moody's a abaissé lundi d'un cran la note de la dette argentine en raison de l'assèchement des réserves de change, alors que Buenos Aires annonçait pour le 2e mois consécutif une inflation mensuelle supérieure à 3%.

L'agence américaine invoque des mesures politiques "inadaptées".

Malgré les exportations de soja, les réserves de devises de l'Argentine sont passées de 52 à 27,5 milliards de dollars en trois ans, en raison notamment de son déficit énergétique (8 milliards en 2013).

La note de la dette est passée de "B3" à "Caa1", mais Moody's dit que la perspective du pays, qui a fait défaut sur sa dette en 2001, était "stable", indiquant qu'elle n'envisageait pas un nouvel abaissement de la note à moyen terme.

Privé d'accès aux marchés financiers pour trouver de l'argent frais, le pays a dû puiser dans ses réserves pour soutenir le peso et rembourser sa dette, s'inquiète l'agence.

Buenos Aires devra toutefois continuer à puiser dans ce capital pour rembourser les quelque "20 milliards de dollars" qu'elle doit à ses créanciers entre 2014 et 2015, selon Moody's.

"La chute des réserves et le manque d'accès aux marchés reflètent tous deux des politiques économiques intenables qui ont conduit à une inflation très élevée, à une dépréciation de la monnaie, à une fuite des capitaux et à une stagnation économique", écrit l'agence.

L'inflation mensuelle dans le pays sud-américain se maintient à un niveau préoccupant. Le ministre argentin de l'Economie Axel Kicillof a annoncé qu'en février la hausse des prix avait atteint 3,4%, après une augmentation de 3,7% en janvier.

Les instituts économiques privés, qui accusent le pouvoir de truquer ses statistiques, avaient auparavant estimé la hausse des prix de février à 4,3%, contre 4,6% en janvier.

D'après le ministre, l'inflation a été moins forte durant la deuxième quinzaine de février.

D'après les experts, la flambée des prix depuis le début de l'année est en partie due à la forte dévaluation (18%) du peso argentin face au dollar opérée par le gouvernement argentin les 22 et 23 janvier.

Le déficit budgétaire récurrent de l'Etat entretient également une forte inflation qui dépasse annuellement les 20% depuis six ans.

En 2013, l'inflation annuelle a atteint de 25 à 30% selon les instituts privés, alors que le gouvernement n'a reconnu que 11%.

Sommée par le FMI de diffuser des statistiques fiables, l'Argentine est entrée dans le rang le mois dernier en annonçant pour la première fois depuis 2007 un taux d'inflation crédible.

Depuis le début de l'année, le ministère argentin du Commerce a imposé aux entreprises et à la grande distribution un accord sur les prix, afin de contenir la hausse des prix des biens de consommation courants.

Une explosion des prix a été évitée mais l'inflation reste forte et les économistes tablent en 2014 sur une inflation annuelle supérieure à 30%.

La 3e économie d'Amérique latine (après le Brésil et le Mexique), puissance agricole, a affiché une croissance de 4,9% en 2013, mais un ralentissement de l'économie a été observé au 4e trimestre.

Début 2014, la production automobile, un des moteurs de l'économie, a considérablement reculé, en raison notamment de la baisse des exportations vers le Brésil.

Source : AFP

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