Afghanistan: assaut meurtrier des talibans contre un hôtel de luxe de Kaboul

  • Contrôle policier autour de l'hôtel Serena à Kaboul après l'attentat qui a tué neuf personnes jeudi soir 20 mars 2014, dont un journaliste de l'AFP et sa famille
    Contrôle policier autour de l'hôtel Serena à Kaboul après l'attentat qui a tué neuf personnes jeudi soir 20 mars 2014, dont un journaliste de l'AFP et sa famille AFP - Shah Marai
  • Photo d'archives de l'hôtel de luxe Serena, en plein coeur de Kaboul, prise le 28 octobre 2009
    Photo d'archives de l'hôtel de luxe Serena, en plein coeur de Kaboul, prise le 28 octobre 2009 AFP - Romeo Gacad
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AFP

Une attaque des talibans contre un hôtel de luxe situé en plein coeur de la capitale afghane Kaboul a fait au moins neuf morts, dont un journaliste de l'AFP, sa femme et deux de leurs enfants, à deux semaines de l'élection présidentielle, ont annoncé vendredi des responsables.

Jeudi soir, quatre jeunes insurgés ayant caché des pistolets avaient réussi à déjouer la sécurité du Serena, l'hôtel le plus prestigieux de Kaboul fréquenté par de nombreux étrangers.

Trois heures après leur entrée en douce dans l'hôtel, les assaillants ont ouvert le feu sur des clients, dont certains célébraient Norouz, le nouvel an afghan, avant d'être abattus par les forces locales.

Sardar Ahmad, 40 ans, journaliste au bureau de Kaboul de l'Agence France Presse depuis 2003 a été tué dans l'attaque, ainsi que son épouse et deux de leurs trois enfants, le troisième étant à l'hôpital.

"J'ai entendu des coups de feu, des gardes nous ont placés dans des chambres sécurisées", a déclaré à l'AFP, un employé de la réception de l'hôtel requérant l'anonymat.

Cet élégant établissement, doté d'une vaste cour intérieure, d'une salle de sport, d'une piscine et de plusieurs restaurants, avait déjà été visé en janvier 2008 par un attentat suicide des talibans qui avait fait huit morts.

Jane Ferguson, une journaliste de la chaîne Al-Jazeera cliente de l'hôtel, a écrit sur Twitter avoir passé "plusieurs heures terrifiantes" barricadée dans sa chambre dont elle avait bloqué la porte avec des meubles.

"Selon les dernières informations reçues ce matin, neuf personnes ont malheureusement péri dont quatre étrangers et cinq Afghans", a annoncé le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur, Sediq Sediqqi, accusant la compagnie de sécurité de l'hôtel d'avoir manqué à sa tâche en laissant ces insurgés armés entrer dans l'établissement.

Luis Maria Duarte, un ex-diplomate du Paraguay qui était à Kaboul pour une mission d'observation des élections, fait d'ailleurs partie des victimes, a indiqué le ministre paraguayen des Affaires étrangères Eladio Loizaga.

- Insécurité et élections -

Les Afghans sont conviés aux urnes dans deux semaines, le 5 avril, pour élire leur nouveau président, une première transition démocratique dans ce pays miné par plus de trois décennies de guerre.

Ce scrutin doit déterminer le successeur de Hamid Karzaï, seul homme à avoir dirigé le pays depuis l'intervention militaire occidentale ayant chassé les talibans du pouvoir à la fin 2001, mais qui ne peut briguer un troisième mandat selon la Constitution.

Les talibans ont déjà annoncé leur intention de "perturber" cette élection et d'attaquer le personnel politique, électoral et des observateurs, ce qui pourrait avoir une incidence sur la participation populaire et sur la capacité à détecter de possibles fraudes électorales sur le terrain.

"L'objectif politique des talibans est clair: ils veulent discréditer les élections, créer une crise de légitimité à Kaboul... et ainsi arriver à la table des négociations en position de force", a déclaré à l'AFP Ahmed Rashid, auteur de nombreux ouvrages sur les talibans.

La branche des insurgés hostile à toute réconciliation avec le pouvoir pour stabiliser le pays après le retrait de l'Otan à la fin de l'année pourrait, elle, prendre prétexte d'une telle crise à Kaboul pour tenter de saisir le pouvoir par les armes, a-t-il ajouté.

L'attaque du Serena s'inscrit aussi dans le cadre d'une vague de violence ciblant les étrangers en Afghanistan, ce qui a forcé des organisations à réduire leur suivi des élections.

Le 17 janvier dernier, un commando-suicide taliban avait tué 21 personnes, dont 13 étrangers, dans une attaque contre le restaurant "La Taverne du Liban". Et le 11 mars, ce fut au tour du grand reporter anglo-suédois Nils Horner d'être abattu en pleine rue à Wazir Akbar Khan, un quartier de la capitale afghane où sont établies de nombreuses ambassades.

Source : AFP

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