Les maisons de santé : un remède à la désertification médicale ?

  • À Pont-de-Salars, une maison pluridisciplinaire est en construction depuis le mois d’octobre.
    À Pont-de-Salars, une maison pluridisciplinaire est en construction depuis le mois d’octobre. JAT
Publié le , mis à jour
Philippe Henry

Médecine. L’Aveyron qui va disposer de quinze maisons de santé semble avoir trouvé la solution à la désertification médicale. Pourtant, la pénurie de généralistes à venir pourrait impacter le département.

La première maison de santé de l’Aveyron, créée à Salles-Curan en 2008, a depuis fait des émules. Plébiscités par les collectivités qui voient dans ces équipements la réponse à la future-ou bien souvent à l’actuelle-pénurie de généralistes et à la désertification médicale, ces maisons seront, au total, quinze dans le département (lire ci-dessous). Si l’Aveyron est aujourd’hui en pointe dans l’installation de maisons de santé, c’est aussi et surtout parce qu’il est le département le plus menacé par la désertification médicale de la région. Pour Didier Delabrusse, président du conseil de l’ordre des médecins de l’Aveyron, l’installation des six maisons de santé a "déjà porté ses fruits". Mais encore une fois, "ce ne sont pas les murs qui comptent mais le projet médical qui va avec", prévient ce dernier.

Si les municipalités ne rechignent pas à investir lourdement dans des structures médicales-le département, depuis 2008, met aussi 1,6 M€à la disposition des quinze maisons de santé- les médecins fournissent aussi un effort important: les maîtres de stages en Aveyron sont passés de 6 à 45 ces dernières années. Ce qui fait dire à Didier Delabrusse: "Les médecins ne sont pas responsables de cette situation mais on leur demande de trouver des solutions à ces problèmes."

Pour autant, si la désertification médicale est en passe d’être contenue dans le Nord-Aveyron, d’autres secteurs dans le département se retrouvent en difficulté. À Villefranche-de-Rouergue, en particulier, où les médecins généralistes ont tenu à manifester leur inquiétude après "le départ de plusieurs collègues", qui ont mis le bassin de santé de la bastide en grande difficulté. Un autre projet de maison de santé serait en cours du côté de Réquista.

Les jeunes préfèrent se spécialiser

Malgré tout, la médecine de campagne bute toujours sur le recrutement de praticiens généralistes. En France, sur les 3500 étudiants qui ont choisi la médecine générale, seulement 15% poursuivent dans cette voie. Les jeunes préférant se spécialiser. Et ils ne sont que 600 par an à remplacer les 2000 médecins qui partent à la retraite… Même si le numerus clausus à l’entrée des études de médecine a été largement augmenté au début des années 2000 (de 3500 en 1990 à plus de 7500 par an en 2013), cette augmentation a un impact décalé lié à la durée des études (de 9 à 11 ans, parfois plus) "Effectivement, dans l’avenir, on ne sait pas ce que cela peut donner, concède Didier Delabrusse. Mais là où il y a des projets collectifs, nous arriverons tout de même à séduire des jeunes", assure-t-il.

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