La cigarette électronique fait un tabac

  • "Si les gens passent à la cigarette électronique, c’est avant tout pour des raisons économiques, et non pas sanitaires".
    "Si les gens passent à la cigarette électronique, c’est avant tout pour des raisons économiques, et non pas sanitaires". AFP
Publié le , mis à jour
Lola Cros

Consommation. Les ventes de cigarettes ont chuté de 7,6% en 2013. Un recul sans précédent attribué par l’OFDT, en partie, au «boom de la e-cigarette». Les professionnels ruthénois n’y croient pas, et ont leur explication.

La chute des ventes de tabac en 2013 se compte en milliards de cigarettes. Un recul de 7,6% sans précédent que l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) attribue, du moins en partie, au marché florissant des cigarettes électroniques. Avec ou sans nicotine, goût tabac, tarte tatin, whisky ou thé vert, rien n’arrête les fabricants de ce nouveau produit, aussi décliné en cigares, pipes et chicha électroniques. Auparavant vendue exclusivement sur internet, l’e-cigarette voit désormais des boutiques fleurir par dizaines en France. Le piton ruthénois n’a pas échappé à ce véritable phénomène de mode, sinon de société. Ce ne sont pas moins de quatre magasins spécialisés qui ont ouvert leurs portes à l’automne dans le centre-ville.

Raison économique

Hichem Dali fait partie de ces nouveaux commerçants. "Totalement convaincu" par le produit qui l’a aidé à arrêter de fumer, le trentenaire a décidé de lancer son business. Installé rue Aristide-Briand depuis septembre, Hichem Dali ne tient pas son activité pour responsable de la baisse des ventes du tabac traditionnel. "Nos clients ne délaissent pas la cigarette pour autant, c’est un moyen de diminuer sa consommation dans un premier temps" explique ce dernier. Il reconnaît par la même occasion que "si les gens passent à la cigarette électronique, c’est avant tout pour des raisons économiques, et non pas sanitaires". Le budget serait, en effet, trois à cinq fois inférieur à celui d’un fumeur traditionnel. Tandis que le prix du tabac ne cesse de grimper - 7€ le paquet moyen depuis janvier. 

La faute à «la contrebande» 

Le constat est le même du côté des buralistes. Derrière son comptoir, Bernard Ferrer a sa petite idée quant aux raisons de la "dégringolade" du tabac. "La contrebande est la raison principale: 22% des cigarettes consommées en France en proviennent". Et le trésorier du syndicat des buralistes aveyronnais de continuer: "Les gens ne se cachent plus: ils viennent ici se dépanner quand leur stock d’Andorre est épuisé".

Dans son commerce, Bernard Ferrer a ressenti le fléchissement "autour de 6%". La faute à l’e-cigarette ? Ce dernier n’y croit pas. Mais pour s’assurer de "garder les clients", et avec de meilleures marges, le buraliste n’a pourtant pas résisté au marché de la cigarette électronique. "Nous avons tardé à nous équiper" explique Bernard Ferrer, qui a passé le cap fin 2012, comme la plupart de ses acolytes ruthénois.

"Même le boulanger peut en vendre !"

"La cigarette électronique est assimilée au tabac, les buralistes devraient être les seuls commerces autorisés à les vendre, plaide-t-il. Aujourd’hui, même le boulanger peut en vendre !". Faute d’existence juridique, la cigarette électronique sème la zizanie entre buralistes et vendeurs spécialisés. Seule restriction pour le moment: l’interdiction de vente aux mineurs. Ni législation dans les lieux publics, ni interdiction de publicité ne contraignent sa commercialisation. Des tensions, que le succès commercial... ne fait qu’attiser. 

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?