Bertrand Delanoë : la vie, autrement

  • Au soir du second tour des municipales, Bertrand Delanoë apparaissait devant les médias pour la dernière fois.
    Au soir du second tour des municipales, Bertrand Delanoë apparaissait devant les médias pour la dernière fois. Henri Garat / Mairie de Paris
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    Bertrand Delanoë : la vie, autrement
Publié le , mis à jour
Lola Cros

Portrait. Après deux mandats et quarante ans de carrière, l'ex-édile parisien se retire aujourd'hui de la vie politique en toute discrétion. Par amitié et fidélité pour Rodez, Bertrand Delanoë a accepté de se confier à Centre Presse, à l’heure de quitter l'Hôtel de ville de Paris.

Samedi 5 avril 2014, ils sont tous là. Les 163 conseillers de Paris, fraîchement élus, siègent à leur premier conseil de la mandature. À l’heure où Anne Hidalgo ceint l’écharpe tricolore, copieusement applaudie par une large majorité de l’hémicycle, Bertrand Delanoë reste mystérieusement absent. Une première en trente-sept ans. Pas un seul conseil ne lui avait échappé ni en tant que conseiller, encore moins comme maire. Bertrand Delanoë refuse toute nostalgie, regret ou aigreur. "De l’émotion mais pas de tristesse, une forme de sérénité".

Depuis son bureau, loin des caméras, objectifs et micros, il n’a pourtant pas perdu une miette de sa succession. Puis, sur les coups de midi, il s’en est allé seul, quittant l’Hôtel de ville, à pied. Son départ, il l’a seulement signé par un tweet: "Belle vie à Paris avec Anne Hidalgo et son équipe", illustré d’une photo scellant leur amitié. La remise des clefs de Paris aura eu lieu en coulisses, dans la plus grande discrétion.

Deux jours plus tôt, Bertrand Delanoë arpentait encore les couloirs de la mairie parisienne à toute allure. "Ca n’arrête pas, les derniers jours sont très remplis. C’est intense jusqu’au bout". Quelques cartons, des dossiers à transmettre à la nouvelle équipe, beaucoup de coups de fil et de lettres auxquelles il faut répondre. Bref, "des activités de fin de mandat". Même si, depuis le verdict des urnes, "c’est différent" répète-t-il à plusieurs reprises. "Je me sens plutôt comme un maire technique, à gérer le quotidien d’une mairie, mais je n’ai plus de décisions à prendre qui engagent sur la durée". L’heure également d’adresser "son estime et sa gratitude" aux personnels de la ville, et un ultime message aux Parisiens. 

Redevenir un citoyen normal

Des serments dans lesquels il évoque "la période la plus riche et la plus stimulante de [son] existence". Dans les 155 m² du plus grand bureau de la République, celui-là même qu’il a occupé pendant treize ans, Bertrand Delanoë a décidé de vivre ses derniers instants de premier magistrat. "Dès qu’Anne Hidalgo en prendra possession, je redeviendrai un citoyen de Paris" confie l’édile. Un bureau déjà rangé, "ne vous inquiétez pas", à deux jours du clap de fin. Ses plus proches collaborateurs confirment son "habitude de faire les choses avec un peu d’anticipation".

À quelques jours de son 64e anniversaire, il refuse de "tout savoir à l’avance" de la vie qui l’attend. "Un peu crevé" et les traits tirés, Bertrand Delanoë alimente pourtant toutes les spéculations. Lors du tout récent remaniement gouvernemental, la question était sur toutes les lèvres: ira, n’ira pas ? Lui, scande sans relâche vouloir prendre du recul, se reposer, réfléchir, méditer même. Avoir "la vie d’un homme qui n’a pas de contraintes de responsabilité mais qui n’est pas indifférent à ce qui se passe autour de lui".

De bons souvenirs de sa jeunesse aveyronnaise

Des mois durant, ce communicant hors pair n’a cessé de répéter un discours bien rodé. Son départ, ce fervent défenseur du non-cumul des mandats l’avait annoncé depuis 2007 et s’y préparait. "Je suis bien dans ma tête, je sais ce que je fais". Troquer le costard cravate pour un jeans, prendre le métro, "ces petites choses qui font que la vie sera un petit peu différente". Lui qui s’est toujours perçu comme quelqu’un de libre dans ses pensées, ne rechigne pas à retrouver un peu de temps. "Les errances dans Paris me manquent. L’errance, c’est-à-dire vivre Paris sans être limité. Paris a des ressources infinies de beauté, de gentillesse, de charme, de découverte. Des choses qui ne se lisent pas de la même manière, si vous disposez de tout votre temps".

Quelques mois de repos à Bizerte, et une visite à Rodez figurent également au programme des six prochains mois, comme un retour aux sources mérité. De sa jeunesse dans l’Aveyron, Bertrand Delanoë garde de bons souvenirs et de "très vieux amis". Sa grande sœur, Joëlle, vit encore à Rodez et a toujours porté un regard bienveillant sur ce "petit frère" dont elle est si fière."C’est un moment spécial dans sa vie, un changement brutal qui est certes voulu et assumé mais qui ne sera pas facile pour autant." Elle l’imagine à l’aube de cette nouvelle aventure, avec "un sentiment de devoir accompli, c’est très important pour lui".

"Là, les amis, je la sens bien cette ville"

De ses quarante ans de carrière politique, elle se souvient de petits détails et de grands moments. "Le plus fort restera ce moment où il agite les clefs de Paris, au soir de son élection en 2001". Il avait 50 ans. "Voir ces milliers de Parisiens lui faire confiance et tendre leurs trousseaux sur le parvis de l’Hôtel de ville… Il m’a tout de suite appelée, une grande émotion ce soir-là". Aujourd’hui, Bertrand Delanoë commence une nouvelle vie. "Et pour vous dire la vérité, je la sens bien". Des mots qui résonnent étonnamment avec le jeune homme qu’il était, dans les années 70, à son arrivée à la capitale. "Voilà, je suis Parisien ! Bon, je viens de Tunisie, j’ai grandi dans l’Aveyron, j’ai raté mon parachutage dans le Vaucluse, ok, ok… Mais là, les amis, je la sens bien cette ville."

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