Le PS désigne le successeur d'Harlem Désir

Sauf énorme surprise, Jean-Christophe Cambadélis devrait être élu mardi nouveau patron du Parti socialiste par le parlement du parti en remplacement d'Harlem Désir, entré au gouvernement.

Seul candidat du courant majoritaire du Congrès de Toulouse de 2012, le secrétaire national chargé de l'International et de l'Europe devrait donc emporter la majorité des voix des 306 membres du conseil national (CN), le parlement du parti, qui se réunit à partir de 17 heures à l'Assemblée nationale.

Revanche sur l'histoire, M. Cambadélis avait été le candidat malheureux à ce poste il y a deux ans lors de la succession de Martine Aubry. Quatre ministres poids-lourds du gouvernement Ayrault, dont Manuel Valls, avaient pesé pour que l'ex-leader de SOS Racisme, jugé alors plus malléable que le député de Paris, soit choisi.

Le principal animateur de "Maintenant la gauche" Emmanuel Maurel affirme qu'il sera "logiquement candidat", notamment si les préconisations de son courant - direction collégiale puis tenue d'Etats généraux des socialistes puis congrès extraordinaire - n'étaient pas retenues mardi.

Il pourrait être soutenu par l'autre courant "Un monde d'avance" (proches du ministre Benoît Hamon), qui demande également la tenue d'un "congrès extraordinaire" permettant de débattre de "l'orientation", faute de quoi il pourrait soutenir "une candidature alternative à celle de la direction". Des membres des deux courants se sont parlé lundi soir.

Le courant majoritaire rejette l'idée d'un congrès extraordinaire qui ne ferait que "rajouter de la crise à la crise" après la débâcle des élections municipales. "Ce n'est pas le moment de se lancer des noms d'oiseaux", affirme un cadre de la rue de Solférino.

Les candidats ont jusqu'à l'entrée du CN pour se déclarer. M. Cambadélis a d'ores et déjà prévu une conférence de presse au siège rue de Solférino à l'issue du CN. L'étape du conseil national passée, il a assuré qu'il consulterait les militants à une date non encore fixée, après les élections européennes du 25 mai, y compris "sur les grandes questions d'organisation et de rénovation du parti socialiste".

-"Camba va tout changer" au sein de l'équipe de direction -

En cas de victoire, l'ex-lieutenant de Dominique Strauss-Kahn devenu proche de Martine Aubry, 62 ans, devra tenir les rênes de Solférino jusqu'au prochain congrès prévu fin 2015.

Le parlement du parti se prononcera aussi par un vote sur le renouvellement de l'équipe dirigeante "resserrée" qui va entourer M. Cambadélis. Ce dernier travaille depuis plusieurs jours à la composition de son secrétariat national (sorte de gouvernement du parti) et devrait consulter jusqu'au dernier moment. "+Camba+ va tout changer. Son équipe comprendra 20 à 30 membres, sera paritaire, avec de nouveaux visages, rassemblera toutes les sensibilités", croit savoir un cadre socialiste. L'équipe actuelle compte 80 membres en comptant les secrétaires nationaux adjoints.

Lundi, l'un des porte-parole David Assouline a annoncé ou anticipé la fin de ses fonctions à ce poste.

Enfin, dernier vote: le conseil national devra aussi ratifier mardi la décision prise pour remplacer Harlem Désir comme tête de liste aux élections européennes en Ile-de-France.

Ces derniers jours, certains plaidaient pour une promotion en tête de liste de la numéro 2, Pervenche Bérès, eurodéputée sortante, avec Guillaume Balas (proche de Benoît Hamon) en deuxième place, selon un responsable du parti. D'autres reprochent à Mme Bérès un déficit de notoriété.

A cinq semaines du scrutin européen, M. Cambadélis hérite d'un parti sonné par une lourde défaite aux municipales et critiqué par les militants pour avoir occulté son rôle de lieu de débat, de force de proposition ou d'anticipation ces 18 derniers mois.

Source : AFP