Ukraine: la confrontation reprend le dessus

  • Le 22 avril 2014, les obsèques des victimes d'une fusillade le 20 avril à Slaviansk, en Ukraine
    Le 22 avril 2014, les obsèques des victimes d'une fusillade le 20 avril à Slaviansk, en Ukraine AFP - Genya Savilov
  • Le président russe Vladimir Poutine (C) au Kremlin, à Moscou, le 22 avril 2014
    Le président russe Vladimir Poutine (C) au Kremlin, à Moscou, le 22 avril 2014 Ria Novosti/AFP - Mikhail Klimentyev
  • Le vice-président américain Joe Biden (d) et le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk à Kiev, le 22 avril 2014
    Le vice-président américain Joe Biden (d) et le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk à Kiev, le 22 avril 2014 AFP - Sergei Supinsky
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AFP

Le vice-président américain Joe Biden a mis en garde mardi la Russie contre "l'isolement" qui la menace si elle continue de vouloir "démembrer" l'Ukraine en soutenant les insurgés séparatistes dans l'Est, accusés par Kiev d'avoir torturé à mort deux personnes.

Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a estimé que les activistes pro-russes avaient "franchi la ligne rouge" et annoncé la reprise de l'opération "antiterroriste" dans l'Est suspendue avant Pâques, après la découverte de deux corps dont l'un semble appartenir à un élu local du parti pro-occidental de Ioulia Timochenko, Batkivchtchina.

Les espoirs d'apaisement nés de la signature jeudi à Genève d'un compromis international sont définitivement retombés face à l'emprise croissante des pro-russes, qui selon M. Tourtchinov ont "pris toute la région de Donetsk en otage".

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a quant à lui fait part mardi à son homologue russe Sergueï Lavrov de sa "profonde inquiétude" quant au manque de "mesures positives" russes pour mener à une désescalade de la situation en Ukraine.

Face à l'impasse, les Américains, qui accusent Moscou d'encourager ces troubles, ont annoncé l'envoi de 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes pour des exercices et ont décidé de revenir aux menaces de sanctions.

"Il est temps de cesser de parler et de commencer à agir. (...) Nous devons voir des mesures prises sans délai, le temps est compté", a martelé M. Biden lors d'une déclaration devant la presse à Kiev, aux côtés du Premier ministre Arseni Iatseniouk. "Certains veulent démembrer l'Ukraine".

Il a exigé de Moscou de "retirer ses troupes" massées à la frontière et de "cesser de soutenir des hommes qui se cachent derrière des masques dans des uniformes sans insigne", en référence aux insurgés pro-russes souvent cagoulés.

Le vice-président a prévenu la Russie: si elle continue "ses provocations", elle risque de subir de nouveaux coûts et "plus d'isolement".

- Moscou prêt aux sanctions -

Les Etats-Unis ont déjà appliqué des sanctions contre de hauts responsables russes, dans l'entourage du président Vladimir Poutine. Ils menacent désormais de s'en prendre à des secteurs entiers de son économie, déjà au bord de la récession, fragilisée par de massives fuites de capitaux.

"C'est une voie sans issue", a tranché mardi le Premier ministre russe Dmitri Medvedev. "Mais si certains de nos partenaires occidentaux décident tout de même de s'y engager, nous n'aurons pas d'autre choix que faire face avec nos propres forces. Et nous gagnerons", a-t-il poursuivi.

Un espoir de désescalade dans la pire crise entre Moscou et les Occidentaux depuis la Guerre froide était né jeudi à Genève avec la signature surprise d'un accord entre l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le document prévoit notamment le désarmement des groupes illégaux et l'évacuation des bâtiments occupés, aussi bien de la part des pro-occidentaux à Kiev que des séparatistes dans l'Est.

Mais l'accord est resté lettre morte et les séparatistes ont même étendu leur contrôle sur de nouveaux bâtiments publics lundi à Kramatorsk, au sud de leur place forte de Slaviansk, dont le poste de police.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, qui a déployé des observateurs sur place, a indiqué que le chef de la police était détenu par les pro-russes et s'est élevée contre des "provocations" de nature à "aggraver les tensions existantes".

Le président par intérim Olexandre Tourtchinov a estimé que les actions, attribuées à "la Russie et ses unités terroristes", "mettent une croix" sur l'accord de Genève.

Peu après le départ de M. Biden, il a annoncé la reprise de l'opération antiterroriste lancée dans la région mais qui avait tourné à la déroute, des chars se trouvant saisis par les pro-russes et d'autres terminant bloqués par des villageois.

"Les terroristes qui ont pris en otage toute la région de Donetsk ont franchi la ligne rouge en torturant des patriotes de l'Ukraine", a lancé le président par intérim.

"Ces crimes sont commis avec le soutien total de la Russie", a-t-il affirmé.

- Référendum à Lougansk? -

Washington affirme, photos à l'appui que des forces russes sont impliquées dans l'Est séparatiste, ce que dément Moscou et le "maire" autoproclamé de Slaviansk, qui avait appelé dimanche Vladimir Poutine à envoyer des troupes de maintien de la paix après une fusillade meurtrière.

Un avion de reconnaissance militaire qui survolait ce bastion des séparatistes a été visé par des tirs. Touché, il a pu atterrir sans encombre.

A 150 kilomètres plus à l'est, à Lougansk, les insurgés pro-russes, qui occupent les locaux des services de sécurité (SBU), ont nommé lundi un "gouverneur populaire". Ils ont décrété l'organisation d'un référendum le 11 mai afin de déterminer si la région doit continuer de faire partie de l'Ukraine ou proclamer son indépendance, avant de se prononcer sur un éventuel rattachement à la Russie.

Cette décision rappelle l'organisation du vote, le 16 mars, qui a débouché sur le rattachement de la Crimée au territoire russe.

Mais l'organisation d'un scrutin semble plus complexe dans l'Est de l'Ukraine où le contrôle des séparatistes se limite à certains bâtiments publics.

Moscou propose d'instaurer une forme de fédéralisme accordant une très large autonomie aux régions russophones de l'Est, tandis que Kiev a promis une "décentralisation" leur déléguant certaines prérogatives ainsi qu'un statut spécial pour la langue russe.

Source : AFP

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