"Tatoueurs, tatoués": la peinture sur soi entre au Musée du quai Branly

  • L'une des entrées du musée du Quai Branly à Paris le 18 mars 2010
    L'une des entrées du musée du Quai Branly à Paris le 18 mars 2010 AFP/Archives - Loic Venance
  • Entrée principale du musée du Quai Branly à Paris le 18 mars 2010
    Entrée principale du musée du Quai Branly à Paris le 18 mars 2010 AFP/Archives - Loic Venance
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AFP

Rite de passage ou acte esthétique, marque d'exclusion ou phénomène de mode comme aujourd'hui, le tatouage fait l'objet d'une exposition depuis ce lundi au Musée du quai Branly à Paris qui raconte l'histoire de cette pratique millénaire et de ses maîtres illustres.

"Nous avons voulu montrer que le tatouage est quelque chose de sérieux et qu'il n'y pas un pays au monde où il n'existe pas depuis toujours", explique Tin-Tin, célèbre tatoueur des stars et consultant artistique de l'exposition.

Quelque trois cents œuvres historiques et contemporaines, provenant du monde entier, ont été rassemblées pour mettre en perspective la dimension artistique du tatouage, ainsi que son histoire depuis les premiers témoignages de son existence et à travers toutes les cultures.

Présent dans toutes les sociétés, on retrouve l'une de ses traces les plus anciennes sur le corps d'Otzi, un homme dont le corps orné de 57 tatouages a été conservé pendant près de 4500 ans dans les Alpes du Tyrol.

Quant au mot "tatouage", il a pour origine le mot "tatau", terme polynésien qui signifie "marquer" ou "inciser", et découvert au 18e siècle par l'équipage du capitaine Cook lors de ses expéditions.

L'exposition parcourt les siècles grâce à différents supports (textes, affiches, photos ou vidéos et même fragments de peau humaine) et présente les différentes techniques du tatouage, anciennes et modernes, ainsi qu'un vaste panel de motifs: simples ou sophistiqués, figuratifs ou symboliques, unicolores ou bigarrés.

"Le tatouage qui fait son entrée au musée, c'est peut-être un premier pas vers sa reconnaissance comme un art à part entière", espère Tin-Tin qui a notamment tatoué les stylistes John Galliano et Jean Paul Gaultier.

- Mauvaise réputation -

Une reconnaissance qui ne va pas de soi car le tatouage a longtemps eu mauvaise réputation et a rempli pendant des siècles une fonction marginalisante. Sa pratique a d'ailleurs été longtemps réprimée en Europe par le christianisme.

Depuis le marquage des esclaves de la Rome antique et la stigmatisation des criminels en Chine impériale jusqu'au Code noir de Colbert en France qui marque les criminels et les prostituées, le tatouage signale de manière visible et définitive les individus dangereux.

Au 19e siècle, le tatouage devient suffisamment rare pour être exhibé dans les cirques d'Amérique du Nord ou d'Europe comme un phénomène qui suscite la curiosité.

"Autrefois, il fallait être un peu voyou pour être tatoueur et il a longtemps fallu jouer des coudes pour s'imposer dans ce milieu", souligne Tin-Tin dont le style hyperréaliste a franchi les frontières.

Exemples à l'appui, l'exposition s'attache à montrer que le tatouage est aussi un acte militant. "Des trottoirs aux goulags, le tatouage écrit le vocabulaire crypté d'une population déterminée à braver l'autorité et à s’affirme en milieu hostile", expliquent ses concepteurs.

Une frise des faits marquants de l'histoire du tatouage rend aussi hommage aux plus grands tatoueurs contemporains (le Suisse Félix Leu, le Japonais Horiyoshi III) ainsi qu'aux tatoués célèbres comme Lucky Rich Diamond, né en 1971, l'homme le plus tatoué au monde y compris sous ses paupières.

Dragon ou papillon, entrelacs ou idéogrammes, le tatouage connaît depuis les années 1990 un engouement sans précédent.

Une étude Ifop révèle qu'en 2010, un Français sur dix déjà - dont 20% chez les 25-34 - était tatoué. Aux États-Unis, cette proportion ne cesse de croître pour atteindre aujourd'hui près d'un quart de la population, selon un sondage réalisé par l'Institut Harris en 2012.

Source : AFP

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