Avec Milja Kaunisto, Villecomtal rayonne désormais en Finlande

  • "Villecomtal, 1402" : ainsi débute le premier chapitre de la saga écrite par Milja Kaunisto sur les bords du Dourdou, devenue un best-seller en Finlande. Moins angélique qu’elle ne parait...
    "Villecomtal, 1402" : ainsi débute le premier chapitre de la saga écrite par Milja Kaunisto sur les bords du Dourdou, devenue un best-seller en Finlande. Moins angélique qu’elle ne parait... Laurent Roustan
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Laurent Roustan

Littérature. Installée depuis 2009 sur les bords du Dourdou, cette mère de deux enfants s’est mise à l’écriture «pour s’amuser». Aujourd’hui, sa saga médiévale est un best-seller dans son pays d’origine. Portrait...

"Je suis une petite mouche finlandaise au plafond de l’histoire de France". C’est ainsi que se définit Milja Kaunisto. Cette Finlandaise de 38 ans, pianiste, chanteuse et bourlingueuse, mère de deux enfants, a posé ses valises à Villecomtal en 2009 en compagnie de son ami Piteri, également musicien. Avant cela, elle avait traîné ses guêtres durant quinze ans ailleurs en France mais aussi aux États-Unis, en Malaisie, aux Canaries... Quel charme a bien pu agir sur Milja pour que celle-ci décide non seulement d’installer et d’agrandir sa petite famille à Villecomtal, mais de s’y mettre à écrire ?

"C'était pour m'amuser"

"C’était pour m’amuser, j’avais envie de lire une histoire drôle, historique. Mais elle n’était pas écrite. Et j’avais aussi un tel respect pour les romans, c’en était presque sacré, lance-t-elle. Avant j’étais un “écrivain dans le placard”, il fallait que je passe un cap". Ce sont peut-être, sûrement même, les vieilles pierres de la Perle du rougier qui ont dû l’inspirer. "La France, c’est un pays où les monuments sont encore là. En Finlande, on n’a rien gardé, il ne reste que trois châteaux. Rien qu’à Villecomtal, il y en a autant !". Elle trouve donc le cadre de départ de ce qui deviendra une trilogie, mais aussi son personnage central, Oleus Magnus, ou Olave le grand, qui fut évêque et recteur de la Sorbonne au XVe siècle, durant la guerre de Cent ans.

"Le fait qu’il était un extraterrestre expatrié comme moi m’intéressait", dit-elle. Alors, avant même d’écrire le moindre mot, Milja va se plonger dans les bouquins de l’histoire du Moyen Âge français, les manuels de théologie, faire des recherches sur les costumes, les coutumes et l’architecture de l’époque. Pour faire de son histoire un roman, certes, mais le plus réaliste possible. Elle recevra même l’aide de monsieur Redouly, l’historien local : "Il m’a donné par exemple des détails sur la famille de Servières, un château important à l’époque." Pour le reste, "J’ai rajouté des épices (...) Au début de l’histoire, Olave a 20 ans, il est prêtre, avec des hormones. Dans mon histoire, il est venu en Aveyron et a fait des... bêtises."

"Je voulais transmettre cette vie médiévale"

Et le tout dans quel style ? "Un réalisme un peu brut, mais avec de l’humour. C’est une description des envies carnales, des péchés, l’extrême entre le haut et le bas, le spirituel et la boue, sans sur-romantiser (...) Il faut qu’il y ait des péchés, des actes horribles, des scènes impudiques... Je voulais transmettre cette vie médiévale : dans la rue, ça sentait mauvais, ça n’était pas des mignardises. En même temps, il y avait de la spiritualité, des philosophes, on élevait des cathédrales..." Milja Kaunisto termine le premier tome des aventures d’Oleus Magnus, et l’envoie aux huit plus grandes maisons d’édition finlandaises.

"Quand on envoie un manuscrit dans une boîte, il faut savoir qu’il n’y en a qu’un sur mille qui est publié, précise-t-elle. Et encore une chance sur mille d’avoir le succès avec un premier roman". Et pourtant: Milja reçoit un appel positif de l’une des "boîtes", et "Synnintekijä" (Le pécheur) paraît en Finlande en janvier 2013. "Ça a intéressé les Finlandais, dit-elle, ils ne connaissaient pas la région, pour eux, c’est un trou noir en France." Intéressé ? C’est peu dire : Milja reçoit des éloges dans tous les médias, est invitée dans les salons du livre. "À Helsinki, j’avais mon portrait représenté sur un panneau de 7 mètres de haut, je n’en croyais pas mes yeux. C’était un hobby, un coup de folie, et maintenant je suis devenue professionnelle."

Le troisième tome arrivera en 2015

Alors que le premier tome est sorti en livre de poche en Finlande, le deuxième tome, "Kalmantanssi" (La danse macabre), est paru en janvier avec un succès grandissant, devenant un véritable best-seller avec déjà une première réédition, quant au troisième "Piispansormus" (L’anneau de l’évêque), il sortira en janvier 2015. Nul doute que la saga de Milja et de son héros Oleus Magnus sera traduite en français, suivant par là les traces de son amie d’enfance Emmi Itäranta, dont le roman Mémoire de l’eau a été déjà traduit en plusieurs langues.

En attendant, Milja Kaunisto se prépare déjà à abandonner Olave le grand, mais pas l’histoire de France : son quatrième livre se déroulera sous la Révolution française. La « petite mouche » n’a pas fini de bourdonner au plafond.

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