L’Esat Sainte-Marie, une ferme peu banale aux portes de Rodez

  • 35 000 poulets sont élevés, chaque année, en plein air.
    35 000 poulets sont élevés, chaque année, en plein air. Joël Born / CP
  • L’établissement d’aide par le travail ouvrait, hier, ses immenses serres au public.
    L’établissement d’aide par le travail ouvrait, hier, ses immenses serres au public. Joël Born / CP
  • Eric Tarroux en est le directeur.
    Eric Tarroux en est le directeur. Joël Born / CP
Publié le
Joël Born

Aide par le travail. Installé à Bel-Air, l’établissement occupe une dizaine d’hectares, où les travailleurs handicapés ayant une pathologie psychiatrique élèvent des poulets, cultivent des fleurs. Ou torréfie du café.

Des pépiements de milliers de poussins s’échappent non loin des murs d’enceinte de la nouvelle maison d’arrêt. Dans un décor champêtre, l’on se croirait au beau milieu d’une ferme. Cette ferme peu banale de l’établissement de service d’aide par le travail de l’hôpital Sainte-Marie occupe une dizaine d’hectares, à cheval sur les communes de Rodez et Druelle. Comme chaque année, début mai, elle ouvrait, hier, les portes de ses serres horticoles.

Lutter contre l’isolement social

L’Esat Sainte-Marie célébrera son trentième anniversaire en 2015. Léo Savy en fut l’élément fondateur. "Au départ, il s’agissait de sortir les patients de l’hôpital. Travailleurs handicapés et moniteurs ont tout construit eux-mêmes", explique l’actuel directeur, Éric Tarroux, avec une certaine admiration. Cet ancien responsable des urgences psychiatriques de l’Aveyron connaît fort bien le milieu. L’établissement accueille 76 travailleurs ayant une pathologie psychiatrique. Deux d’entre eux y vivent à demeure. Ils sont encadrés par 14 infirmiers et moniteurs. "

Notre première mission est de lutter contre l’isolement social. La plupart ont un gros potentiel de travail mais il faut les accompagner au quotidien. Certains ont des problèmes d’addiction, d’autres doivent être changés régulièrement d’ateliers." Un restaurant thérapeutique permet également aux encadrants de partager leurs repas avec les travailleurs handicapés. La diversité constitue ici l’un des maîtres mots. "On essaie de diversifier au maximum pour ne pas “chroniciser” les gens, précise Éric Tarroux. 

Cinq pôles, dix ateliers

Une dizaine d’ateliers sont répartis à travers cinq pôles d’activité. Le pôle avicole concerne l’élevage et l’abattage de poulets au bénéfice d’une clientèle de particuliers et de professionnels, dont plusieurs enseignes de grande distribution. 35 000 poulets sont élevés, chaque année, en plein air. 200 poulets sont tués et préparés chaque jour, du lundi au jeudi. Quelque 2 500 pintades sont également élevées à l’automne. Sous les immenses serres horticoles, 200 000 plants de fleurs sont cultivés en godets, pour les collectivités (hors ville de Rodez) de la communauté d’agglomération.

Un atelier de bouquets est également alimenté par la roseraie. Le pôle ferronerie et menuiserie réalise divers travaux sur-mesure ou de restauration: rampes, pergolas, escaliers, agencements de bureaux, de terrasses, ébénisterie... Dans le pôle de sous-traitance, les travailleurs handicapés assurent du mailing et du conditionnement pour plusieurs imprimeurs, pour les Musées de Paris ou Michel Bras. On y torréfie aussi des grains de café provenant du monde entier et on y fabrique ou restaure des reliures de livres.

Constitué de deux équipes, le pôle espaces verts assure l’entretien des 120hectares de l’hôpital Sainte-Marie et de ses structures extérieures. Il intervient aussi chez des particuliers ou des entreprises. Au final, l’Esat réalise près d’un million d’euros de chiffre d’affaires, ce qui permet de faire vivre la structure. Chaque travailleur perçoit un salaire équivalent à 60% du Smic, complété par une allocation d’adulte handicapé.

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