Elise Lacombe : "Les handicapés aussi ont le droit à l’amour"

Une dizaine de pages, une écriture spontanée, et des mots simples posés sur une histoire des plus touchantes. "Un amour comme sur des roulettes" est le premier livre d’Élise Lacombe, publié aux éditions Édilivre sous la signature d’« Élise Latortue ».

Élise « Latortue » fait sauter sa carapace

"C’est le surnom que me donnait toujours mon médecin, s’amuse la jeune femme, il dit que j’ai une carapace". Ce même médecin qui, quelques années plus tard, l’encouragera à "se libérer" par l’écriture. Infirme moteur cérébral de naissance, Élise Lacombe est atteinte, depuis trois ans, d’une dystonie évolutive. Une maladie qui se manifeste, chez la jeune femme, par des contractions prolongées, involontaires, de la mâchoire et des mains.

"C’est dur de se dire qu’on a une maladie supplémentaire" confie-t- elle à demi-mot. Face à cette nouvelle épreuve de la vie, Élise Lacombe a trouvé la force de prendre la plume et de mettre des mots sur sa plus belle histoire : Louis, son premier amour.

"L'occasion de me battre contre les préjugés"

"C’était l’occasion de me battre contre les préjugés et de prouver que les handicapés comme les valides ont le droit de vivre une histoire d’amour aussi forte." Si la jeune auteur ne cache pas son envie de partager son histoire, elle s’attache à la protéger. Les noms de plume participent de ce jeu permanent : elle s’appelle Marie, lui Louis. Même si de temps à autre, Élise Lacombe bascule dans la première personne.

Une étourderie ? L’auteur explique plutôt avoir le réflexe permanent de "montrer que c’est la mienne, que c’est mon histoire", et l’irrémédiable désir d’en être l’"héroïne". Car là est le fond de l’histoire entre elle, dans la peau de Marie et Louis, "bien sur ses deux pieds" comme elle l’écrit. Suite à un accident de karting, le verdict médical tombe pour le jeune homme : tétraplégie complète.

"Il devait être l'homme de ma vie, il l'était déjà"

Un événement qui "fut le rapprochement des deux êtres". S’ensuivent une belle complicité, des moments intimes chargés d’émotion, l’apprentissage d’un corps que Louis ne connaît pas, et le soutien sans faille d’une Marie éperdument amoureuse. Pourtant, la romance s’achèvera aussi tragiquement qu’elle avait commencé, par la disparition de Louis, à peine un an après son accident.

"J’avais beaucoup de projets avec lui", explique Elise, débarrassée du nom de plume derrière lequel elle se cachait. "J’avais 19 ans lorsque je l’ai rencontré, 20 ans quand il est décédé... Nous avions toute la vie devant nous, et des tas de projets", continue la jeune femme, aujourd’hui âgée de 27 ans. "Nous voulions vivre ensemble, nous nous étions même renseignés pour ne pas transmettre le handicap à nos enfants. Il devait être l’homme de ma vie, il l’était déjà."

"J'ai fait le deuil même si je n'oublierai jamais"

Quelques années de recul et de reconstruction personnelle plus tard, Élise Lacombe peut l’affirmer : "Je suis passée au dessus, j’ai fait le deuil même si je n’oublierai jamais". Aujourd’hui, Elise Lacombe donne de son temps auprès des personnes atteintes de cancer à l’hôpital Jacques-Puel de Bourran. Bénévole pour la Ligue contre le cancer, elle se plaît à "partager avec les malades, à papoter", et s’attache à "les distraire".

Après trois années difficiles à se battre contre la dystonie, Elise « Latortue » espère très vite remonter sur les planches du théâtre. Cette passion qui lui permet, le temps d’une pièce, de vivre d’autres vies.