Le patron d'Areva répond aux critiques de la Cour des comptes

  • Luc Oursel, président du directoire d'Areva, le 20 mai 2014, lors d'une audition devant la commission d'enquête parlementaire sur les coûts du nucléaire
    Luc Oursel, président du directoire d'Areva, le 20 mai 2014, lors d'une audition devant la commission d'enquête parlementaire sur les coûts du nucléaire AFP - Bertrand Guay
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Le patron d'Areva, Luc Oursel, a répondu mardi aux critiques de la Cour des comptes, qui avait épinglé dans un prérapport le rachat controversé d'Uramin ainsi que les déboires de l'EPR, sous la présidence de l'ex-dirigeante Anne Lauvergeon.

L'acquisition d'Uramin, qui avait viré au désastre financier, n'aura plus d'impact financier pour Areva, a affirmé mardi le président du directoire du géant nucléaire français.

"Toutes les conséquences économiques aujourd'hui d'Uramin sont totalement intégrées dans les comptes d'Areva. Il n'y a pas de nouvel impact à attendre", a assuré Luc Oursel lors d'une audition devant la commission d'enquête parlementaire sur les coûts du nucléaire.

Le groupe minier canadien Uramin, qui ambitionnait d'exploiter des gisements d'uranium dans plusieurs pays africains, avait été acheté en 2007 à prix d'or (2,5 milliards de dollars environ, soit 1,8 milliard d'euros) par Areva, sous la présidence d'Anne Lauvergeon, remplacée mi-2011 à la tête du directoire par M. Oursel.

Mais après le départ de Mme Lauvergeon, évincée avec l'aval de l'Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Areva avait divisé par cinq la valeur comptable de cette société et le groupe avait dû inscrire dans ses comptes d'importantes provisions, de près de 1,9 milliard d'euros.

"Les provisions correspondant à la dépréciation de cet actif ont été faites et donc il n'y a plus de conséquence supplémentaire à attendre sur Uramin", a répété Luc Oursel.

Le développement d'un gisement en Namibie a été suspendu dans l'attente d'une remontée des cours de l'uranium, qui se sont effondrés après la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, tandis que les activités d'exploration ont été arrêtées en République centrafricaine, pour des raisons logistiques et sécuritaires.

Dans un prérapport dévoilé la semaine dernière par le journal Les Echos, la Cour des comptes pointait des "zones obscures" dans ce dossier.

Une enquête préliminaire sur les conditions de ce rachat a été ouverte par la justice, à la suite d'un signalement auprès du parquet national financier par les magistrats de la rue Cambon, qui doivent publier leur rapport final au cours des prochaines semaines.

Autre dossier qui a retenu l'attention de la Cour, la construction du réacteur EPR d'Olkiluoto, en Finlande, qui a accumulé retards et dérapages financiers.

"Sur l'EPR de Finlande, je ne pense pas qu'on puisse dire qu'il y a eu du forcing pour vendre cet EPR", a estimé Luc Oursel.

"Sur ce point-là, nous avons une vision différente (...) de la Cour des Comptes sur le fonctionnement du projet OL3 (nom de code du réacteur EPR d'Olkiluoto, ndlr). (...) Il y a eu de la part du client (l'électricien TVO, NDLR) un certain nombre de comportements imprévisibles et qui ne correspondent pas au bon déroulement d'un projet normal", a-t-il ajouté.

"Je crois que ce qui ne pouvait pas être prévu au moment où l'appel d'offres a eu lieu et au moment donc où nous avons concouru, ce sont les incroyables difficultés que nous avons rencontrées dans le fonctionnement de ce projet avec le client et avec l'autorité de sûreté", a-t-il dit.

Le consortium Areva-Siemens réclame 2,7 milliards d'euros d'indemnités à TVO dans le cadre d'une procédure d'arbitrage dont les premières décisions sont attendues début 2015, a rappelé M. Oursel.

Le dirigeant a également défendu le modèle intégré (c'est-à-dire allant de l'extraction d'uranium aux centrales) d'Areva, validé selon lui par les actionnaires du groupe, dont l'Etat français qui en détient 87% directement et indirectement. Ce modèle permet de dégager des synergies techniques et commerciales, selon lui.

Source : AFP

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