La Russie réagit avec prudence à l'élection de Porochenko en Ukraine

  • Petro Porochenko, lors d'une conférence de presse, le 26 mai 2014 à Kiev, au lendemain de son élection comme président de l'Ukraine
    Petro Porochenko, lors d'une conférence de presse, le 26 mai 2014 à Kiev, au lendemain de son élection comme président de l'Ukraine AFP - Sergei Supinsky
  • Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, le 26 mai 2014, lors d'une conférence de presse à Moscou
    Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, le 26 mai 2014, lors d'une conférence de presse à Moscou AFP - Vasily Maximov
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AFP

La Russie a réagi avec prudence et pragmatisme lundi à l'élection du milliardaire pro-occidental Petro Porochenko à la présidentielle en Ukraine, indiquant être "prête au dialogue" avec Kiev tout en s'abstenant de s'exprimer sur la légitimité du nouveau dirigeant.

Se bornant à répéter ce qu'avait déjà dit le président russe Vladimir Poutine la semaine dernière, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a assuré que Moscou "respecterait" le choix du peuple ukrainien et était prête au dialogue avec Kiev.

"Nous sommes prêts au dialogue avec les représentants de Kiev, avec Petro Porochenko", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse, sans donner au milliardaire ukrainien le titre de président.

"Nous sommes prêts à un dialogue pragmatique, sur un pied d'égalité, basé sur le respect de tous les accords, en particulier dans le domaine commercial, économique et gazier et en ayant en vue la recherche de solutions aux problèmes existant actuellement entre la Russie et l'Ukraine", a-t-il insisté.

M. Lavrov n'a toutefois à aucun moment indiqué que Moscou reconnaissait la légitimité du nouveau président élu.

"La campagne électorale ne s'est pas déroulée sans problème", a-t-il en revanche affirmé, indiquant par exemple que des candidats potentiels avaient été intimidés et dissuadés de se présenter.

- Recherche de compromis -

Désormais, "le plus important est que les autorités actuelles respectent les citoyens, le peuple et permettent de trouver des compromis prenant en compte les intérêts de toutes les forces politiques", a poursuivi M. Lavrov.

Dans ce contexte, il a condamné la poursuite de l'opération militaire contre les séparatistes prorusses dans l'Est.

"Ce sera une erreur colossale", a-t-il estimé, appelant une nouvelle fois à respecter la feuille de route de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Peu après ces déclarations, M. Porochenko a annoncé à Kiev qu'il poursuivrait l'opération militaire pour empêcher les insurgés de transformer l'est du pays en "Somalie", pays ravagé par la guerre civile depuis 1991.

Mais dans un geste d'apaisement, il a déclaré qu'il accepterait "tout référendum" dans l'Est dès que l'ordre y serait rétabli.

Pour les analystes, la victoire de M. Porochenko au scrutin, avec presque 54% des suffrages selon les premiers résultats officiels, est sans doute le moindre mal pour la Russie, même s'il a déjà annoncé que son cap serait une intégration européenne.

"C'est un homme intelligent, cultivé, qui a des intérêts économiques, en particulier avec la Russie, et de fait c'est un président très séduisant pour le Kremlin, le meilleur de tous les candidats", a déclaré à l'AFP Alexandre Konovalov, président de l'Institut des études stratégiques.

D'autant plus que l'oligarque, qui a fait fortune dans le chocolat, a de l'argent bloqué en Russie, ce qui en fait pour Moscou un levier de négociation, selon l'analyste.

"La participation relativement élevée et le résultat convaincant du premier tour vont forcer le Kremlin à voir en Porochenko le dirigeant d'une Ukraine consolidée", a pour sa part estimé Konstantin Kalatchev, du Groupe d'experts politiques.

"Il n'y a plus de place pour les reproches sur l'illégitimité du pouvoir", a-t-il ajouté.

"Le plan du Kremlin était au départ de créer un deuxième centre de pouvoir en Ukraine, pour pouvoir bloquer l'intégration européenne et l'entrée dans l'Otan. Mais la situation a changé: les deux parties ont besoin de trouver un compromis", a-t-il poursuivi.

"C'est le seul qui a promis de mettre fin au conflit avec la Russie en trois mois. Cet homme est capable de se mettre d'accord avec Moscou et de trouver un compromis", a renchéri M. Konovalov.

Le milliardaire n'est d'ailleurs pas novice en politique et a déjà eu à négocier avec la Russie, ayant été ministre de l'Economie du président déchu Viktor Ianoukovitch. Auparavant, il avait été ministre des Affaires étrangères et le puissant chef du conseil de sécurité nationale sous la présidence du pro-occidental Viktor Iouchtchenko, dont il est proche.

Source : AFP

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