Thaïlande: l'ex-Première ministre libérée, un de ses ministres interpellé

  • Chaturon Chaisong, ancien ministre de l'Education de l'ex-Première ministre Yingluck Shinawatra, est arrêté le 27 mai 2014 lors d'une conférence de presse à Bangkok
    Chaturon Chaisong, ancien ministre de l'Education de l'ex-Première ministre Yingluck Shinawatra, est arrêté le 27 mai 2014 lors d'une conférence de presse à Bangkok AFP - Nicolas Asfouri
  • L'ex-Première ministre thaïlandaise, Yingluck Shinawatra, au milieu de ses militants, le 7 mai 2014 dans un faubourg de Bangkok
    L'ex-Première ministre thaïlandaise, Yingluck Shinawatra, au milieu de ses militants, le 7 mai 2014 dans un faubourg de Bangkok AFP - PORNCHAI KITTIWONGSAKUL
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AFP

La junte militaire thaïlandaise a soufflé le chaud et le froid mardi, annonçant la libération de l'ex-Première ministre Yingluck Shinawatra, mais interpellant un de ses ministres sous les yeux de la presse internationale.

Yingluck, soeur de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra qui reste malgré son exil le facteur de division du royaume, s'était rendue vendredi à une convocation du nouveau régime militaire, au lendemain du coup d'Etat.

Mais l'armée n'avait depuis donné aucune information précise sur sa localisation, assurant qu'elle "allait bien". Elle est désormais "rentrée chez elle", a assuré mardi le porte-parole de la junte, Winthai Suvaree.

"Tous ceux qui sont libérés doivent signer un accord s'engageant à informer le Conseil national pour la paix et l'ordre (nom de la junte, ndlr) de leur localisation", a-t-il ajouté.

Cela s'applique uniquement aux déplacements importants --elle est notamment interdite de sortie du territoire sans autorisation-- et elle peut donc aller "faire des courses", a-t-il noté, sans confirmer la présence ou non de soldats pour surveiller son domicile.

Yingluck, destituée par la justice début mai, fait partie de plus de 250 personnalités pro et anti-Thaksin à avoir été convoquées par la junte depuis jeudi.

Parmi eux, son ancien ministre de l'Education Chaturon Chaisong, qui a expliqué mardi lors d'une conférence de presse refuser de se présenter à la junte pour des raisons de "conscience".

"Je n'ai aucune intention de m'échapper, de résister ou de partir me cacher pour me battre mais je serai prêt à être arrêté le moment venu", a-t-il déclaré.

Mais quelques minutes plus tard, des soldats en uniforme entraient au Club des correspondants de la presse étrangère à Bangkok, provoquant une grande bousculade, et l'ancien ministre était emmené devant des dizaines de caméras et d'appareils photos.

La junte a indiqué qu'elle pourrait détenir ceux qui se présenteraient pendant sept jours sans charge, en conformité avec la loi martiale. Mais ceux qui défient leur convocation sont passibles de la cour martiale et de deux ans de prison.

- "Rendre le pouvoir au peuple" -

Dénonçant le coup d'Etat comme n'étant "pas une solution aux problèmes et aux conflits de la société thaïlandaise", Chaturon a appelé la junte "à rendre le pouvoir au peuple" et à des élections "au plus tôt".

Alors que plusieurs manifestations contre le putsch ont eu lieu depuis jeudi malgré l'interdiction des rassemblements et les menaces de l'armée, il a également poussé ses compatriotes à lutter, sans violence, pour la démocratie.

"Les gens qui veulent la démocratie (...) devraient faire tous les efforts possibles pour essayer de ramener la démocratie dans ce pays" mais ils devraient "éviter la confrontation et la violence", a-t-il déclaré, prédisant "de plus en plus de résistance".

Les manifestants anti-junte étaient 150 à Bangkok mardi à braver l'interdiction de se rassembler.

Depuis le coup d'Etat dénoncé par la communauté internationale, la junte a suspendu en grande partie la Constitution, concentrant tous les pouvoirs entre les mains du chef de l'armée de terre, le général Prayut Chan-O-Cha. Elle a également imposé un couvre-feu et mis en place des restrictions à la liberté des médias.

Le nouveau régime a reçu lundi l'approbation capitale du roi Bhumibol, 86 ans, considéré par nombre de Thaïlandais comme un demi-dieu et comme le ciment d'une nation très divisée.

La Thaïlande a vécu 19 coups d'Etat ou tentatives depuis l'établissement de la monarchie constitutionnelle en 1932 et traditionnellement, les prises de pouvoir par l'armée s'y font avec l'aval du palais, selon les experts.

Le précédent putsch contre Thaksin en 2006 avait marqué le début d'une série de crises meurtrières mettant en scène d'un côté les masses défavorisées du nord et du nord-est, fidèles au milliardaire, et de l'autre les élites de Bangkok gravitant autour du palais royal, qui le voient comme une menace pour la monarchie.

Le mouvement lancé à l'automne dernier contre Yingluck et le "système Thaksin" que ces manifestants associent à une corruption généralisée, n'en était que le dernier épisode. Les manifestations ont pris fin avec la loi martiale décrétée par l'armée deux jours avant le coup d'Etat.

Alors que la crise politique qui a fait 28 morts en sept mois a entamé l'image de la Thaïlande sur la scène internationale, le chef de l'armée de l'air, désormais chargé du tourisme, a promis le retour des visiteurs étrangers.

"Le fait est que nous vivons toujours heureux, plus heureux qu'avant la loi martiale", a déclaré l'amiral Narong Pipatanasai.

Source : AFP

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