GB: les syndicats vent debout contre les contrats "zéro heure"

  • Manifestation des syndicats à Londres le 1er mai 2014, pour la défense des droits des salariés
    Manifestation des syndicats à Londres le 1er mai 2014, pour la défense des droits des salariés AFP/Archives - Carl Court
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AFP

Des employés disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept, sans garantie de minimum horaire et donc de salaire: les contrats "zéro heure" de plus d'1,4 million de personnes encouragés par le gouvernement britannique suscitent l'hostilité croissante des syndicats.

En cause: l'intention du gouvernement de David Cameron de suspendre les allocations chômage des demandeurs d'emplois qui refuseraient de signer ces contrats.

Symbole de l’ultra-flexibilité britannique, ces contrats "zéro heure" sont parfaitement conformes aux dispositions de l'Employement Rights Act de 1996, instauré sous le gouvernement conservateur de John Major.

Le problème est que, créés au départ pour les étudiants et les saisonniers, ils sont de plus en plus utilisés par tous les secteurs de l'économie.

Si certains employeurs acceptent que leurs salariés cumulent plusieurs "petits boulots", d'autres inscrivent "une clause d'exclusivité ou toute autre condition", précise Matthew Pennycook, auteur d'une étude sur ces contrats.

Saisonniers à Buckingham Palace, vendeurs au Mc Donald's ou encore personnels naviguant sur Ryanair. L'été dernier, The Guardian révélait une liste d'entreprises assujettis à ces contrats. Le gouvernement en dénombrait alors 250.000.

Des chiffres bien loin de la réalité. Selon un rapport publié fin avril par l'Office national des Statistiques (ONS) "les employeurs en Grande-Bretagne utilisent environ 1,4 million de contrats ne garantissant pas un nombre minimum d'heures".

- Impossible d'avoir une famille -

L'ONS, qui se base sur une période de deux semaines en janvier et début février, avance qu'environ 13% des employeurs interrogés reconnaissent les utiliser. Un chiffre qui monte à près de 50% dans le tourisme, la restauration ou encore la santé.

Laura Lewis a 25 ans. Pendant trois ans, elle a travaillé à Cambridge dans un établissement spécialisé pour patients lourdement handicapés avec un "contrat zéro heure", avant de jeter l'éponge.

"Vous devez être disponible 24h/24 et 7/7. Vous ne pouvez mettre en avant ni vos contraintes ni vos disponibilités et encore moins demander des jours de vacances. Vous pouvez aussi travailler 25 jours d'affilée puis ne plus rien avoir le mois suivant si votre employeur le décide" raconte-elle, dépitée, à l'AFP.

Environ 300.000 aides à domicile sont également employées en contrat "zéro heure". Et là aussi les conditions sont difficiles.

"On a notre planning d'une semaine à l'autre, nous ne sommes pas payés entre les rendez-vous. L'essence, l'entretien de la voiture et le téléphone ne sont pas remboursés", raconte à l'AFP Rochelle Monte, 38 ans, aide à domicile depuis 20 ans à Newcastle.

D'une semaine à l'autre son salaire peut varier du simple au double. "Je gagne entre 400 et 1.100 livres (soit entre 490 et 1.300 euros) par mois", ajoute cette mère de deux enfants.

Avec un taux de chômage autour de 8%, l'un des plus bas de l'UE, la coalition gouvernementale de David Cameron estime que ces contrats contribuent à une souplesse nécessaire à la solidité de l'emploi britannique.

Mais à quel prix ? "Il est impossible de souscrire à un emprunt pour acheter une maison, de prévoir un budget pour le mois, voire de s'organiser quand on a une famille", déplore à l'AFP Dave Prentis, secrétaire général du syndicat Unison.

Début mai, le gouvernement a dévoilé un nouveau système d'allocations. Désormais, ceux qui refuseront un "contrat zéro heure" proposé par les "job centers", les pôles emploi britanniques, "pourront voir leurs allocations suspendues pour quelques mois", a déclaré un porte-parole du Ministère du travail.

- Régime de punition des chômeurs -

Une situation qui suscite la colère chez les syndicats, affaiblis par la législation anti-syndicale introduite par Margaret Thatcher, et que les travaillistes n'ont pas remis en cause.

"Le gouvernement impose un régime qui ressemble plus à une punition qu'à une véritable aide pour retrouver un emploi", lance Frances O'Grady, secrétaire général du syndicat TUC.

En outre, en cas de litige avec son employeur, le salarié qui se sent lésé doit débourser 1.200 livres (1.400 euros) pour intenter une action en justice.

Malgré ces critiques, le gouvernement campe sur ses positions. Vince Cable, le ministre du Commerce, a encore répété récemment que "beaucoup de travailleurs étaient contents de ces contrats", rejetant la demande de l'opposition d'obliger l'employeur à proposer un contrat fixe au bout d'un an.

Source : AFP

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