Cancer: les chercheurs optimistes sur la recherche

  • Un chirurgien, assisté d'un robot, effectue une tumorectomie de la prostate le 10 avril 2014 à Lyon en France
    Un chirurgien, assisté d'un robot, effectue une tumorectomie de la prostate le 10 avril 2014 à Lyon en France AFP/Archives - Jeff Pachoud
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AFP

Les cancérologues ne se sont jamais déclarés aussi optimistes quant aux progrès dans la guerre contre le cancer depuis ces dernières décennies, tout en jugeant que la science médicale seule ne pourra vaincre la maladie qui résulte en grande partie du mode de vie ainsi que d'autres facteurs, environnementaux et de société.

"Scientifiquement, la cancérologie n'a jamais été aussi exaltante", a lancé le président élu de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), le Dr Clifford Hudis, devant la presse au premier jour de la conférence annuelle qui réunit plus de 30.000 chercheurs, médecins et représentants de laboratoires pharmaceutiques ce week-end à Chicago (Illinois, Nord).

Il a cité les nouvelles thérapies ciblant certaines fonctions des cellules cancéreuses qui permettent de traiter des cancers agressifs comme le mélanome contre lequel les cancérologues n'avaient pas vraiment de traitement il y encore quelques années. Egalement, l'immunothérapie, qui consiste à reprogrammer le système immunitaire pour qu'il s'attaque aux cellules malignes, a produit des résultats très prometteurs.

Partageant cet optimisme, le Dr Jyoti Patel, une spécialiste du cancer du poumon à la faculté de médecine de l'Université Northwestern à Chicago, souligne dans un entretien avec l'AFP "les progrès incroyables des 50 dernières années qui font qu'en 2014 on comptera près de 14 millions de survivants du cancer aux Etats-Unis, un nombre qui devrait doubler au cours des prochaines décennies".

La mortalité résultant de cette maladie continue à diminuer de 1,5% par an depuis dix ans et une personne diagnostiquée aujourd'hui a plus de 66% de chances d'être encore en vie cinq ans après, selon les statistiques fédérales.

"Ce qui a été le plus enthousiasmant ces vingt ou trente dernières années a été la compréhension de la biologie du cancer, un effort collectif de recherche pour cataloguer la fabrication des aberrations moléculaires qui caractérisent les tumeurs cancéreuses", explique ce médecin, également membre de l'encadrement de l'ASCO qui fête cette année sa cinquantième conférence annuelle.

"Les percées dans la recherche en cancérologie se produisent à un rythme effréné, devenant de nouveaux médicaments et thérapies à une rapidité sans précédent", relève le Dr Richard Schilsky, le responsable médical de l'ASCO.

- L'obésité, facteur de risque -

Mais, met-il en garde, "ces progrès sont menacés" par la baisse en dollars constants de 23% depuis 2001 du budget de recherche alloué par le Congrès aux Instituts nationaux de la santé (NIH), qui s'est élevé à 28,9 milliards de dollars en 2013 et représente la principale source de financement de la recherche fondamentale biomédicale.

"La poursuite de l'investissement de la nation dans la recherche est essentielle pour faire plus de progrès contre le cancer et accélérer les progrès en cours", a insisté le président de l'ASCO, le Dr Hudis.

"Nous devons aussi puiser davantage dans notre savoir scientifique pour répondre à la fois aux facteurs de risque de cancer dans l'environnement et le mode de vie qui accroissent le fardeau de la maladie du pays", a-t-il dit, citant notamment le tabagisme ainsi que le surpoids et l'obésité.

"Alors que le tabac a longtemps été le plus grand facteur de risque de cancer, l'obésité est à cet égard un problème grandissant pas seulement aux Etats-Unis, mais dans le reste du monde. Selon une étude publiée récemment dans la revue médicale britannique The Lancet, un tiers de la population du globe souffre d’obésité ou de surpoids ce qui, a noté le Dr Hudis, accroît substantiellement le risque de plusieurs cancers dont celui du colon et de la prostate.

Selon lui, "l'obésité est en passe de devancer le tabagisme aux Etats-Unis comme principal cause évitable de cancer".

- Le soleil, facteur de risque -

Le Dr Patel estime que "les deux tiers des cancers pourraient être évités en changeant notre mode de vie, notre régime alimentaire et en réduisant notre exposition aux rayons du soleil".

Elle souligne également la nécessité de faire des campagnes d'information pour généraliser la vaccination contre les papillomavirus responsables de la plupart des cancers du col de l'utérus ainsi que contre l'hépatite qui peut évoluer en cancer du foie.

"Il nous faut aussi une meilleure éducation et des réglementations plus strictes du tabac", ajoute la cancérologue.

Concernant l'environnement, une récente recherche a déterminé que les femmes étaient exposées quotidiennement à 17 substances chimiques cancérigènes pouvant accroître nettement le risque de cancer du sein, deuxième cause de mortalité par cancer aux Etats-Unis.

Source : AFP

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