Nina Attal et Malted Milk en concert au multiplexe de Rodez

Je ne suis pas un fan des multiplexes du 7e art, mais jeudi 5 juin, j’irai au Cap cinéma de Rodez. Pour voir du blues bien groove et en concert «vivant», même pas une toile donc. Et même si l’entrée de ce double concert n’est pas moderato cantabile (plus du double d’un petit festival d’ici), l’affiche vaut bien une échappée belle dans une salle obscure.

D’abord parce que les adeptes de blues, soul et funky directement issus des dancefloors black américains des années 70 vont y retrouver une âme à perdre. Ensuite parce que si les deux qui se produisent sont français, ils sont assez bluffants dans le style, à tel point que lorsqu’on les expédie outre-Atlantique, ils font un carton. À commencer par la phénoménale NINA ATTAL. Même pas déniaisée de son âge «jeune fille en fleur», la Nina a attaqué la guitare à même pas quinze ans avant de rafler un bouquet de prix au festival Blues en Seine à même pas 17.

Aujourd’hui elle en a 22, et en attendant son deuxième album «Wha!» qui sortira à la rentrée de cette année, on peut se rabattre encore avec plaisir sur son premier, «Yelow 6/17», autoproduit à l’origine et déjà des compositions juteuses à souhait, alors que mamzelle Attal n’avait même pas tous les jours 20 ans. Douze titres qui témoignent de son immersion totale, corps, guitare et âme, dans ce monde funky soul aux fortes racines blues. Entre de sales nuits et des machos, la chtite Nina n'a pas froid aux yeux: bon nombre de morceaux sont destinés à vous faire suer dans la danse, et ça tombe bien, puisque «sueur» se traduit là-bas par «funk».

Et elle fait tout comme une grande, dans le chant et dans la gratte, même si elle n’a pas le volume corporel des grandes cantatrices black du genre, s’en fout, elle fait pareil, occupe la scène et le micro de sa taille fluette mais de son aura mastoc. Et si encore, dans ce premier disque jaune de la mignonne, on reconnaît une intonation adolescente dans son chant, c’était il y a au moins trois ans, et quand Nina aura trouvé le timbre adulte (j’allais dire mâle) des ténors du genre, si elle ne l’a pas déjà, nul doute qu’elle va dépiauter encore plus sec.

Mais ça balance déjà pas mal, croyez-moi: sur un fond musical impeccable et fortement cuivré, la chaleur est en marche. Les tempos nerveux de Do it right now ou de "P" ne sont pas loin d’emporter tour, et le groove nickel des autres, Run away par exemple, séduit immanquablement. De plus, ça ne manque d’inspiration, et entre les parfums slow blues voire reggae soul, le très original What a dirty night prouve que Nina Attal en a sous le pied. De là à ce qu’elle appuie sur le champignon... 

Malted Milk

Funk et soul sont aussi au cœur de la musique de MALTED MILK, eux aussi sur scène avec Nina ce jeudi 5 juin. Né en duo il y a déjà 18 ans, ce groupe nantais est maintenant un septuor, preuve que l’efficacité de leur son est un «work in progress», Déjà cinq albums à leur actif, et de plus en plus groove, leur sixième dernier en date est un live qui démontrera aisément leur puissance de feu scénique. Celui que je vous chronique là, à titre d’exemple, date d’il y a quatre ans et je vous en avais déjà parlé (Malted Milk allait alors se produire au Blues festival de Camarès).

Voilà ce que j’en disais (oui, je sais, je suis feignant): "C’est comme si la Bretagne était recouverte de champs de coton (...) J’en arrive à Malted Milk (...) L’on voit grâce à lui que le blues, loin d’être fané et vieillot de nos jours, est une musique tout à fait contemporaine, propre à écouter, à faire groover et danser les petits jeunots, en envoyer le tournis, la sauce, le bois, la purée, enfin bref le blues est toujours d’actualité. Malted Milk nous le sert d’origine, fidèle à l’esprit, et avec une pêche et une sincérité qui séduiront les plus rétifs." Ce qui est dit est dit. 

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