A Oradour, Valls clôt la parenthèse du souvenir de juin 1944

  • Une plaque commémorative rappelant le massacre qui s'est déroulé à Oradour-sur-Glane, il y 70 ans
    Une plaque commémorative rappelant le massacre qui s'est déroulé à Oradour-sur-Glane, il y 70 ans AFP/Archives - Thierry Zoccolan
  • Le Premier ministre Manuel Valls écoute Robert Hebras, 86 ans,  un des rare survivants du massacre d'Oradour-sur-Glane, lors des célébrations marquant le 70e anniversaire de cette tragédie, le 10 juin 2014
    Le Premier ministre Manuel Valls écoute Robert Hebras, 86 ans, un des rare survivants du massacre d'Oradour-sur-Glane, lors des célébrations marquant le 70e anniversaire de cette tragédie, le 10 juin 2014 AFP - Jean-Pierre Muller
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AFP

Manuel Valls a commémoré mardi le 70e anniversaire du massacre d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), qui vient fermer la parenthèse d'un cycle de commémorations réussi pour le gouvernement, avant de renouer avec les joutes politiques et les difficultés économiques et sociales.

Après avoir traversé les ruines saisissantes du pire massacre (642 tués) commis en France par les Nazis lors de l'Occupation, le 10 juin 1944, le Premier ministre a dénoncé "les idéologies de mort", dans un discours empli d'allusions d'actualité au jihadisme et à l'extrême droite.

"Oradour, c'est aussi une mise en garde. Pour combattre, et ne jamais laisser prospérer, les idéologies de mort. Nous le savons bien, nous le voyons trop : elles n'ont pas disparu. Elles sont là. Elles rôdent. Elles embrigadent", a déclaré M. Valls devant quelques centaines de personnes venues se recueillir.

Le Premier ministre s'en est également pris "aux petits agitateurs vénéneux de la mémoire", "aux nostalgiques de la collaboration" avec leurs "mots perfides", sur fond de percée de l'extrême droite en Europe et de polémique sur une phrase de Jean-Marie Le Pen à propos d'une "fournée" visant plusieurs artistes dont le chanteur Patrick Bruel, d'origine juive.

"Avec leurs mots perfides, il veulent faire mal à la France, raviver ses plaies", a déclaré Manuel Valls. "Mais quand on aime la France, on ne salit pas ce pour quoi tant de Français ont donné leur vie. Quand on aime la France, on ne calomnie pas son histoire", a lancé le Premier ministre.

Peu avant, au cours de sa visite de l'ancien village jamais repeuplé --un nouveau a été construit un peu plus loin-- avec ses ruines comme seules mémoires, il s'était recueilli dans l'église incendiée, où plus de 450 femmes et enfants furent brûlés vifs par les Waffen SS de la division Das Reich.

Séparés en groupes, les hommes, eux, avaient été abattus dans des granges, avant que le village ne soit entièrement incendié.

L'oeuvre des années s'étant ajoutée à l'ignominie de la tuerie, seuls deux survivants (pour six rescapés seulement, cinq hommes et une femme, au soir du 10 juin), Marcel Darthout et Robert Hébras, sont encore en vie.

Ce dernier, encore vaillant malgré ses 88 ans, a guidé le Premier ministre dans les petites rues d'Oradour, montrant notamment l'endroit où les troupes SS massèrent les villageois, inconscients du sort qui les attendait. Lui-même mitraillé et laissé pour mort dans un garage, il avait réussi à s'enfuir malgré l'incendie.

- parenthèse consensuelle -

Manuel Valls, accompagné par le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants Kader Arif, s'est également rendu au cimetière pour déposer une gerbe et dans le Centre de la mémoire, construit aux abords des ruines.

Lundi, dans son fief électoral de Tulle, le président Hollande avait présidé les cérémonies d'hommage aux 99 pendus, eux aussi exécutés par la même division SS Das Reich, dont la plupart des unités remontaient pour rejoindre le front du Débarquement en Normandie.

Mais après le succès diplomatique des commémorations du D-Day sur les plages normandes, marqué par la poignée de main entre les présidents russe et ukrainien, Vladimir Poutine et Petro Porochenko, l'exécutif a devant lui une série d'échéances difficiles: économies budgétaires, réforme de la carte des régions ou encore réforme pénale, qui créent de sérieux remous dans la majorité.

Cette parenthèse consensuelle, qui "rassemble le pays" selon les termes de Manuel Valls, ne suffira pas pour sortir François Hollande de son impopularité massive, selon des politologues interrogés par l'AFP.

Les commémorations de cette année 2014, double anniversaire des cent ans du début de la Première Guerre mondiale et des 70 ans de la Libération, sont toutefois loin d'être terminées. A partir du 28 juin débutent, dans la capitale bosnienne Sarajevo, les commémorations du début de la Grande Guerre de 1914, avec plusieurs évènements prévus d'ici la fin de l'année en France.

Le 15 août, un hommage sera aussi rendu pour les 70 ans du débarquement allié en Provence, avec un accent mis sur le rôle joué par les troupes africaines de l'armée française.

Source : AFP

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