Yémen: colère contre le pouvoir sur fond de pénuries

  • Des Yémenites participent le 11 juin 2014 à Sanaa,  à une manifestation contre le gouvernement
    Des Yémenites participent le 11 juin 2014 à Sanaa, à une manifestation contre le gouvernement AFP - Mohammed Huwais
  • Des Yémenites mettent le feu à des pneus lors d'une manifestation à Sanaa, le 11 juin 2014
    Des Yémenites mettent le feu à des pneus lors d'une manifestation à Sanaa, le 11 juin 2014 AFP - Mohammed Huwais
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AFP

Les habitants de Sanaa, excédés par les coupures de courant, d'eau et une pénurie de carburant, ont manifesté par milliers mercredi contre le gouvernement, le président yéménite annonçant finalement un remaniement ministériel.

Les manifestants ont convergé vers la rue Sittine, où se trouve la résidence du président, Abd Rabbo Mansour Hadi, réclamant un nouveau gouvernement.

"Le gouvernement (de Mohamed) Basindawa ne se préoccupe que de lui-même et il ne fait rien pour nous", tempêtait Taha Al-Amrani, un chauffeur de taxi.

"Les pauvres gens comme moi font la queue pendant deux jours pour 40 litres d'essence. Ce n'est pas une vie. Mes enfants sont en train de crever de faim", ajoutait-il.

Le ministre de l'Intérieur, Abdo al-Tarib, est descendu dans la rue pour tenter de calmer les esprits. "Nous traversons tous les mêmes difficultés", a-t-il dit aux manifestants.

Englué dans des violences endémiques provoquées par Al-Qaïda et engagé dans une transition politique difficile, le Yémen est au bord d'un gouffre économique.

Pays le plus pauvre de la péninsule arabique, il fait aussi face à l'agitation des séparatistes dans le sud et aux rebelles chiites dans le nord qui tentent, par les armes, d'élargir leur zone d'influence jusqu'aux portes de Sanaa.

L'appel des manifestants a été partiellement entendu. M. Hadi a procédé à un remaniement ministériel qui a touché cinq portefeuilles, dont ceux du Pétrole, de l'Electricité et des Finances.

Lors du défilé, les manifestants demandaient le départ du gouvernement et du Premier ministre.

-'Notre révolution se poursuivra'-

Une revendication rappelant celle du mouvement de contestation de 2011/2012 contre l'ancien président, Ali Abdallah Saleh.

Les manifestants scandaient alors "le peuple veut la chute du régime", en écho aux foules de Tunis et du Caire qui avaient chassé du pouvoir les autocrates Zine El Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak.

"Nous sommes descendus dans la rue il y a trois ans pour demander le changement et nous disons aujourd'hui au président Hadi d'écouter notre cri et de changer de gouvernement", clamait Maïzar, un des "Jeunes de la révolution" contre l'ancien pouvoir qui manifestait mercredi.

"Notre révolution va se poursuivre jusqu'à ce qu'elle atteigne ses objectifs", ajoutait-il, déterminé.

Des policiers ont tiré en l'air pour disperser les manifestants qui ont mis le feu à des pneus pour couper les routes. Mais les cortèges se sont reformés ailleurs.

La chaîne de télévision Al-Yemen Al-Youm et le journal du même nom, propriétés de M. Saleh, accusé de chercher à bloquer la transition politique, ont été fermés mercredi par le gouvernement, a indiqué à l'AFP Sultan Al-Barakani, un proche de l'ex-président, dénonçant une mesure qui crée "un grave précédent".

Alors que le pays pâtit depuis mardi d'une panne générale d'électricité, le gouvernement a accusé des tribus mécontentes de saboter de façon répétée des lignes à haute tension, privant ainsi régulièrement les habitants d'électricité.

L'armée a envoyé l'aviation bombarder les positions de ces tribus qui empêchent de surcroît les équipes techniques de réparer les dégâts. Mais rien ne dit que le courant sera rétabli prochainement.

Le vice-ministre du Pétrole, Chawki Mehklafi, a expliqué par ailleurs à l'AFP que les raisons de la pénurie de carburant étaient "complexes": "les saboteurs, le gouvernement et les bandits de grand chemin en sont responsables".

Selon lui, le pays a notamment perdu quelque 300 millions de dollars en une année suite aux sabotages des installations pétrolières à Marib (à l'est de Sanaa) et les bandits ont saisi 200 camions de gaz et 80 camions de carburant.

Mais les automobilistes immobilisés devant les stations-service vides ne se satisfaisaient pas de ces explications.

"Le président Hadi et le chef du gouvernement doivent assumer leurs responsabilités envers le peuple", a dit l'un d'eux.

La pénurie de carburant a paralysé les transports au moment où les lycéens passent le baccalauréat. "On n'arrive ni à réviser en raison de la panne d'électricité ni à se déplacer en raison du manque de taxis", déplorait un candidat, qui a dû marcher longtemps pour rejoindre son centre d'examen.

Source : AFP

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