Les intermittents occupent le devant de la scène

  • Dans le cadre d'un mouvement national, une quinzaine d'intermittents du collectif aveyronnais a occupé symboliquement vendredi 13 juin, les locaux de la Direction départementale de l'emploi et de la formation professionnelle (Dirrecte).
    Dans le cadre d'un mouvement national, une quinzaine d'intermittents du collectif aveyronnais a occupé symboliquement vendredi 13 juin, les locaux de la Direction départementale de l'emploi et de la formation professionnelle (Dirrecte). José A. Torres
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Joël Born

Culture. Depuis des semaines, le conflit qui oppose les intermittents du spectacle au gouvernement est dans l’impasse. Le point avec l’un des représentants du collectif aveyronnais, Benoît Sanchez.

"Pas de culture sans droits sociaux !" Depuis des semaines, de tels slogans ont fleuri un peu partout en France. Plusieurs spectacles, du Printemps des Comédiens de Montpellier au Rio Loco de Toulouse, en passant par le festival de Sète ont été annulés. La tension est palpable. Et l’on peut penser que l’été festivalier sera chaud, agité. À moins que d’ici le 1er juillet, date de mise en application de la controversée réforme, le gouvernement décide de faire marche arrière. Ou tout du moins, d’observer une pause, de décréter un moratoire. Le temps de calmer les esprits et d’éviter la surchauffe.

Récemment, des comédiens ont troublé la cérémonie des Molières. Dédiant la soirée à tous les intermittents. Avant de décerner, dans un élan provocateur, le «Molière de la meilleure trahison» au ministre du Travail, François Rebsamen, qui continue à vouloir agréer la nouvelle convention de l’Unedic. En signe de solidarité, Jane Birkin a, elle, annulé un concert. Les organisateurs de l’Estivada à Rodez doivent commencer à trembler...

"La juste colère des artistes" 

Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre Manuel Valls, plusieurs dizaines de directeurs de lieux culturels, festivals et compagnies, appellent le gouvernement à une nouvelle concertation élargie. "Il serait sage d’entendre enfin la juste colère des artistes, des techniciens, des professionnels de la culture. Parce que l’humain est le moteur de tout acte de création, il est impératif de préserver ces emplois." Et la récente nomination d’un médiateur n’a pas vraiment fait retomber le soufflet de la contestation.

"C’est la culture qui trinque !"

Benoît Sanchez, technicien lumière, est un des porte-parole du collectif aveyronnais. Il tient immédiatement à rectifier le tir:  "Nous n’avons plus le choix. C’est le gouvernement qui pourrit la situation avec sa volonté de signer un texte antisocial." Sans rentrer dans le détail d’un statut (plus de 900 métiers du spectacle représentés) et d’une réforme extrêmement complexes, il dénonce les nouveaux délais de carence, les hausses de cotisations qui vont pénaliser les petites compagnies, et les budgets revus à la baisse par les collectivités.

"En période de difficultés, c’est la culture qui trinque..." "C’est dur d’entendre que nous sommes des privilégiés, déplore-t-il. C’est un système très “précarisant” qu’on ne choisit pas, qui permet de travailler à droite et à gauche, sans lequel on ne pourrait pas s’en sortir." Benoît Sanchez n’entrevoit pas, dans l’immédiat, d’issue positive au conflit. Il estime, au contraire, que le mouvement pourrait bien se durcir. "Avec un médiateur favorable au texte de la réforme, tout est déjà biaisé.On demande au gouvernement d’arrêter de suivre la politique du Medef. Nous avons des propositions plus justes, plus équitables..." Et prévient: "Notre combat va plus loin que la seule cause des intermittents. C’est un combat pour tous les salariés qui peuvent être confrontés au chômage." 

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