L'armée israélienne étend son offensive pour briser le Hamas en Cisjordanie

  • Une Palestienne et un soldat isréalien pendant la fouille de sa maison à Hébron, dans la bande de Gaza, dans le cadre de la recherche de trois adolescents israéliens disparus
    Une Palestienne et un soldat isréalien pendant la fouille de sa maison à Hébron, dans la bande de Gaza, dans le cadre de la recherche de trois adolescents israéliens disparus AFP - Hazem Bader
  • A Hébron, dans la bande de Gaza, le 17 juin 2014, des soldats israéliens de l'unité spéciale qui prend part à l'opération de recherche de trois adolescents israéliens enlevés dans le sud de la Cisjordanie
    A Hébron, dans la bande de Gaza, le 17 juin 2014, des soldats israéliens de l'unité spéciale qui prend part à l'opération de recherche de trois adolescents israéliens enlevés dans le sud de la Cisjordanie AFP - Menahem Kahana
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AFP

Israël a étendu mardi ses opérations de ratissage pour retrouver trois jeunes enlevés près d'une colonie, bien décidé à casser du même coup l'appareil du Hamas en Cisjordanie, accusé de ce rapt.

L'offensive, d'abord concentrée sur le sud de la Cisjordanie, lieu de l'enlèvement le 12 juin, sans revendication fiable, a gagné la région de Naplouse, dans le nord du territoire, où 41 "suspects" ont été arrêtés, portant à plus de 200 le nombre de Palestiniens appréhendés en cinq jours.

"La bataille est complexe et continue, elle ne date pas d'aujourd'hui et ne finira pas de sitôt", a prévenu le commandant de la région militaire israélienne Centre, qui couvre la Cisjordanie, le général Nitzan Alon, assurant néanmoins que le Hamas sortirait de cet assaut "affaibli tactiquement et stratégiquement".

"Il faut faire de la carte de membre du Hamas un ticket direct pour l'enfer", a affirmé le ministre de l'Economie Naftali Bennett, chef du parti national-religieux Foyer juif et membre du cabinet de sécurité, qui regroupe les principaux membres du gouvernement.

Cette instance a décidé mardi de "continuer à augmenter la pression sur la machine du Hamas", a indiqué à l'AFP un responsable israélien sous le couvert de l'anonymat, précisant qu'une des mesures envisagées portait sur le durcissement des conditions de détention de ses membres.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a imputé le rapt au mouvement islamiste, pressant la communauté internationale "d'appeler le président Abbas à mettre fin à son pacte avec le Hamas", lors d'une rencontre avec l'envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient (ONU, Etats-Unis, Union européenne et Russie) Tony Blair.

Israël dénonce à cor et à cris la réconciliation entre le Fatah du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Hamas, qui a donné naissance le 2 juin à un gouvernement transitoire composé de personnalités indépendantes.

Des militants du Fatah et des officiers des forces de sécurité palestiniennes ont également été arrêtés dans le camp de réfugiés de Balata, à Naplouse.

-'Interrogation sur les colonies'-

La représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a condamné l'enlèvement, tout en souhaitant "la poursuite de la coopération étroite entre les services de sécurité israéliens et palestiniens pour assurer la libération rapide des personnes enlevées".

La France a également appelé à la "libération immédiate" des trois adolescents, tout en déplorant la mort de deux jeunes Palestiniens dans les opérations israéliennes, appelant à "éviter de nouvelles victimes".

"L'objectif ultime est d'isoler à nouveau la Cisjordanie, gouvernée par l'Autorité palestinienne, et la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, comme c'était le cas avant la récente formation du gouvernement d'union palestinien", a analysé le correspondant militaire du quotidien Haaretz.

Selon le spécialiste de la Défense du Yediot Aharonot, l'armée israélienne a saisi l'occasion "d'émasculer l'infrastructure du Hamas", afin d'"éliminer ses bastions en Cisjordanie" en zone autonome contrôlées par l'Autorité palestinienne.

"Ce n'est pas la première fois qu'Israël arrête ou expulse des dirigeants politiques du Hamas, sans jamais réussir à détruire le Hamas", a souligné l'analyste palestinien Nachat al-Aqtach, rappelant le cloisonnement entre directions politique et militaire du mouvement.

Les branches armées de l'ensemble des mouvements palestiniens, à l'exception du Jihad islamique, réunies à Gaza mardi soir ont exprimé "leur soutien à tout effort de la résistance palestinienne".

Représentant de l'aile la plus à droite du gouvernement, M. Bennett a rejeté tout échange entre les Israéliens kidnappés et des prisonniers palestiniens, comme lors de précédents enlèvements.

A contrario, le directeur de l'ONG anti-colonisation La Paix Maintenant, Yariv Oppenheimer, a appelé à "sauver par tous les moyens les adolescents et les ramener, soit par une action militaire soit par un accord douloureux (d'échange, NDLR)", pour s'interroger sérieusement ensuite sur "l'avenir d'une présence israélienne au cœur des Territoires" palestiniens.

Les trois étudiants, un de 19 ans et deux de 16 ans, dont l'un habitant l'implantation de Talmon, ont été enlevés, selon les médias israéliens, en zone entièrement sous contrôle israélien près du bloc de colonies du Goush Etzion.

L'armée israélienne a lancé à leur recherche son plus important déploiement en Cisjordanie depuis la fin de la deuxième Intifada en 2005.

L'ONG israélienne de défense des droits de l'Homme B'Tselem ainsi qu'un collectif d'organisations palestiniennes ont dénoncé le "châtiment collectif" subi par la population de Cisjordanie, les travailleurs palestiniens étant notamment empêchés d'entrer en Israël.

Source : AFP

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