L'Ukraine va ordonner un cessez-le-feu unilatéral dans l'Est

  • Manifestants prorusses à Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, le 18 juin 2014
    Manifestants prorusses à Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, le 18 juin 2014 AFP - Daniel Mihailescu
  • Le président ukrainien Petro Porochenko (d) et le ministre de la Défense Mykhaïlo Koval (g) à Kiev, le 18 juin 2014
    Le président ukrainien Petro Porochenko (d) et le ministre de la Défense Mykhaïlo Koval (g) à Kiev, le 18 juin 2014 Presidential Press Service/AFP - Mykola Lazarenko
  • Le nouveau chef de la diplomatie ukrainienne, Pavel Klimkine, alors qu'il était ambassadeur en Allemagne, le 11 juin 2010
    Le nouveau chef de la diplomatie ukrainienne, Pavel Klimkine, alors qu'il était ambassadeur en Allemagne, le 11 juin 2010 AFP/Archives
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AFP

L'Ukraine va ordonner un cessez-le-feu à ses troupes dans l'Est séparatiste prorusse, a annoncé le président Petro Porochenko après des discussions avec Vladimir Poutine, une décision qualifiée de "stratagème" par les rebelles, tandis qu'a été nommé un nouveau chef de la diplomatie ukrainienne.

Moscou a de son côté lancé des poursuites contre le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov pour le "meurtre intentionnel" de civils depuis avril dans l'Est, au lendemain de la mort de deux journalistes russes.

Après s'être entretenu mardi soir avec son homologue russe Vladimir Poutine, le dirigeant ukrainien pro-occidental Petro Porochenko a indiqué qu'il ordonnerait "sous peu" un cessez-le-feu unilatéral dans l'est, dans le cadre de son plan de paix pour mettre fin à une violente insurrection séparatiste.

De premiers échanges "substantiels" entre les deux hommes s'étaient déroulés la semaine dernière, faisant naître l'espoir d'une désescalade. Mais la destruction en vol d'un avion militaire par les séparatistes, faisant 49 morts, et plusieurs incidents diplomatiques entre Kiev et Moscou ont rapidement douché cette attente.

"Le plan de paix débute avec mon ordre de cessez-le-feu unilatéral", a déclaré M. Porochenko, cité par l'agence Interfax-Ukraine.

"Immédiatement après cela, nous devons recevoir le soutien pour ce plan de paix présidentiel de tous les participants (impliqués dans le conflit). Cela devrait intervenir très rapidement", a-t-il ajouté.

- pas suffisant pour Moscou -

Les Etats-Unis, soutiens du régime ukrainien, ont salué cette offre de cessez-le-feu, mais ont dit attendre la réponse de la Russie pour que la crise s'apaise effectivement. "C'est une mesure unilatérale (...) prise par le gouvernement ukrainien (et) nous louons leurs efforts de bonne volonté", s'est félicitée la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki.

Le ministre ukrainien de la Défense, Mykhaïlo Koval, a précisé que le cessez-le-feu interviendrait d'ici "quelques jours".

Selon l'agence Interfax, M. Porochenko a indiqué que le cessez-le-feu devait être une mesure temporaire pour permettre aux rebelles de déposer les armes.

"C'est une bonne proposition. Pour autant, d'un côté on nous parle d'un cessez-le-feu et de l'autre l'agression continue", a souligné de son côté le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, réclamant des négociations avec les séparatistes.

Dans son plan de paix, le président ukrainien appelle également Vladimir Poutine à reconnaître officiellement les nouveaux dirigeants du pays après la chute de l'administration prorusse fin février.

M. Porochenko a aussi promis mercredi l'amnistie "à ceux qui déposeront les armes et à ceux qui n'auront pas commis de crimes graves".

Cet appel à déposer les armes a aussitôt été rejeté par un porte-parole de la république séparatiste autoproclamée de Donetsk, l'un des fiefs des insurgés.

"Pourquoi devrions-nous déposer les armes? Nous ne faisons pas confiance à Porochenko. Ce n'est qu'un stratagème", a déclaré Miroslav Rudenko, cité par Interfax, ajoutant que plusieurs bombardements dans l'Est avaient suivi la déclaration de solution pacifique au conflit.

Un rapport dévoilé mercredi à Genève par le bureau du Haut-commissariat aux droits de l'Homme des Nations unies accuse les rebelles de faire régner la terreur, faisant disparaître de nombreux opposants réels ou imaginaires qu'ils soumettent à la torture.

Depuis l'offensive lancée le 13 avril par les autorités ukrainiennes pour essayer de reprendre le contrôle des zones occupées par les séparatistes, au moins 356 personnes ont été tuées, selon cette source.

Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé ce rapport en jugeant que "la tentative de faire reposer sans preuve toute la responsabilité du bain de sang dans l'Est sur les rebelles de Donetsk et Lougansk est inacceptable".

- Exode de familles à l'est -

A Slaviansk, bastion prorusse ravagé par les combats, de nombreuses familles ont fui les échanges de tirs quasi-quotidiens pour s'installer provisoirement dans des villages éloignés comme à Snijné.

Selon des sources au sein du ministère ukrainien de la Défense, citées par l'hebdomadaire Dzerkalo Tyjnia sur son site internet, des combats à Lougansk, autre fief rebelle, ont fait au moins 15 morts au sein des troupes gouvernementales tandis que 13 soldats étaient portés disparus.

Le président ukrainien a aussi nommé un nouveau chef de la diplomatie pour remplacer celui qui fut à l'origine le week-end dernier d'un tollé diplomatique entre Kiev et Moscou.

Il a nommé à ce poste stratégique Pavlo Klimkine, diplomate chevronné et actuel représentant ukrainien dans les négociations en cours avec la Russie avec la médiation de l'OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) visant à une désescalade.

Né et formé en Russie soviétique, ambassadeur en Allemagne, M. Klimkine, 46 ans, aura la lourde tâche de mettre en oeuvre les ambitions d'intégration européenne de Kiev, tout en pacifiant les relations avec Moscou.

Sa nomination, en remplacement d'Andriï Dechtchitsa, devrait être approuvée dans la semaine par le parlement.

Andriï Dechtchitsa avait lancé "Poutine, connard!" pour calmer une foule en colère samedi devant l'ambassade de Russie à Kiev, après la destruction en vol d'un avion militaire.

Plusieurs hauts responsables russes avaient appelé le président ukrainien à limoger le ministre.

Par ailleurs, l'Union Européenne devrait interdire la semaine prochaine les importations, notamment de vin, de Crimée, pour sanctionner le rattachement à la Russie de cette péninsule ukranienne, ont indiqué mercredi des sources européennes à l'AFP.

Source : AFP

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