UMP: la tempête atteint maintenant le groupe à l'Assemblée

  • Le député-maire de Nice, Christian Estrosi, le 4 avril 2014 à Nice
    Le député-maire de Nice, Christian Estrosi, le 4 avril 2014 à Nice AFP/Archives - Valery Hache
  • Christian Jacob, le président du groupe UMP à l'Assemblée, le 10 juin 2014 à Paris
    Christian Jacob, le président du groupe UMP à l'Assemblée, le 10 juin 2014 à Paris AFP/Archives - Eric Feferberg
  • Le Président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, s'adresse aux journalistes le 14 juin 2014 à Paris
    Le Président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, s'adresse aux journalistes le 14 juin 2014 à Paris AFP/Archives - Fred Dufour
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AFP

La tempête qui secoue l'UMP atteint maintenant le groupe à l'Assemblée, et son président Christian Jacob, avec la révélation d'un prêt de 3 millions accordé au parti en 2012 sans que les députés soient au courant.

Ce prêt, révélé samedi par Mediapart et confirmé par le chef de file des députés UMP, avait été décidé par ce dernier pour contribuer au sauvetage financier du parti, après la campagne présidentielle de 2012.

Il n'a, en soi, rien d'illégal, comme le souligne le député-maire de Provins. Mais il suscite de vives réactions parmi les élus UMP, en raison de la cause réelle des difficultés financières du parti -surfacturations de Bygmalion-, de la confidentialité de l'opération et du fait que le groupe vit pour une large part de la dotation allouée par l'Assemblée, autrement dit de fonds publics.

L'Assemblée nationale verse près de 10 millions d'euros par an à l'ensemble des groupes, dont quelque 3 millions pour l'UMP.

La réunion hebdomadaire du groupe va être "chaude", promet un député, et Christian Jacob, pour calmer les troupes, s'est engagé à y présenter les comptes.

"En tant que parlementaire UMP qui apporte sa cotisation à son groupe régulièrement (200 euros par mois, NDLR), qui permet à son groupe de toucher une dotation de l’État, chaque année, en signant mon accord pour que cela puisse être fait, j’ai le droit de savoir pourquoi et dans quelles conditions cela s’est passé. Nous n’avons jamais été informés de cela et cela me choque, très clairement", a ainsi déclaré sur RCJ le député-maire de Nice, Christian Estrosi.

Le député de Lozère Pierre Morel-A-l'Huissier, qui a déposé plainte avec son collègue Yves Blanc "au nom des militants" dans l'affaire Bygmalion, a crié pour sa part sa "colère" et son "écœurement". Une dizaine de ses collègues se sont associés à sa plainte et se réuniront mardi matin, avant la réunion du groupe, a-t-il annoncé à l'AFP.

- 'Trouble' -

Il a aussi contesté les contrats passés par le groupe avec Bygmalion, pour 5,5 millions d'euros entre 2008 et 2013, selon Le Canard Enchaîné.

Pour le député de Lozère, "s'il est avéré que Christian Jacob a utilisé des fonds pour autre chose que ce à quoi ils sont destinés, le fonctionnement du groupe, s'il a fait des bêtises, il doit partir".

"Je demande a Jacob de justifier de l'utilisation des fonds du groupe mais en aucun cas sa démission car il m'a promis toute transparence", a toutefois ensuite twitté le parlementaire.

D'autres membres du groupe se montrent moins sévères, même si beaucoup, à l'instar de Philippe Gosselin, ont parlé d'un "trouble". "Nous pensions jusqu'ici, peut-être naïvement, que le groupe était préservé de ce qui se passait dans le parti", a soupiré cet élu de la Manche.

Contrairement à Jean-François Copé, fragilisé dès le départ par les conditions contestées de son élection à la tête du parti en novembre 2012 contre François Fillon, Christian Jacob est un chef de groupe respecté par ses troupes, a souligné le député de la Drôme Hervé Mariton.

Les députés lui reconnaissaient le mérite d'avoir tout fait pour surmonter la crise de l'automne 2012, et plus récemment, après la démission de M. Copé -dont il est pourtant proche- d'avoir pesé en faveur du triumvirat composé d'Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin.

Le secrétaire général intérimaire de l'UMP et député, Luc Chatel, a d'ailleurs estimé au Grand Rendez-vous Europe 1/Le Monde/iTélé que M. Jacob avait agi, en décidant du prêt, "en solidarité" avec le parti, et "dans le cadre de ses responsabilités de président de groupe".

"On ne peut reprocher à Christian Jacob de n'avoir pas appliqué des règles qui n'existent pas, mais maintenant il faut des règles", a résumé Hervé Mariton, député de la Drôme qui sera candidat à la présidence de l'UMP lors du congrès de novembre.

Ce membre de la commission des Finances a contesté cependant que le budget d'un groupe parlementaire soit de "l'argent public" : "Une fois qu'il a été donné, c'est de l'argent privé".

A cet égard, la volonté affichée de Claude Bartolone, président (PS) de l'Assemblée, de mettre fin à l'absence de contrôle sur la façon dont les groupes parlementaires utilisent leur dotation annuelle, a été plutôt bien accueillie.

"Je suis favorable à tout ce qui peut permettre plus de transparence", a affirmé Luc Chatel. Hervé Mariton juge pour sa part "recevables" les idées de Claude Bartolone, car "actuellement, il n'y a pas de définition juridique claire de ce qu'est un groupe parlementaire".

Source : AFP

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