A Rodez, Bosch va encore investir fort d'un accord avec les syndicats

Le groupe d'équipements automobiles allemand Bosch a officiellement inauguré vendredi la nouvelle chaîne d'injecteurs diesel de son usine de Rodez, fruit d'un accord passé avec les syndicats qui devrait permettre bientôt d'autres investissements dans cette usine.

"Nous avons investi 29 millions d'euros dans les nouveaux injecteurs, cela a été rendu possible par un accord gagnant-gagnant avec les syndicats, prévoyant 112 pré-retraites, un compteur pluriannuel des RTT permettant d'ajuster les ressources de l'usine aux fluctuations du marché et une modération salariale en 2014", a rappelé le directeur du site Olivier Pasquesoone lors d'une conférence de presse.

Les effectifs, ramenés à 1515 salariés permanents au début 2014, font de l'usine d'Onet-le-Château, près de Rodez, le premier employeur privé de l'Aveyron. L'accord garantit la pérennité de l'usine au moins jusqu'à 2018. 

"Dialogue social exemplaire"

Après plusieurs jours de grève en février 2013 suscitée par la crainte de suppressions d'emplois, d'un gel des salaires et de la diminution des RTT, les négociations avaient permis la signature d'un accord de compromis le 25 avril, signé par les deux syndicats majoritaires à Rodez, Sud et la CGT, d'ordinaire très opposés aux accords dits de compétitivité imposant aux salariés des sacrifices en échange du maintien de l'emploi. Le président de Bosch France Guy Maugis s'est réjoui "de ce dialogue social exemplaire en France, et habituel en Allemagne, et de l'accord conclu avec Sud et CGT, qui ne signent pas souvent".

Sur le plan salarial, l'accord s'est traduit par une augmentation générale de 0,6% en 2014 et en ce qui concerne les RTT, les salariés de production conservent leur 20 jours mais 10 jours basculent dans un compteur-temps "piloté par la direction pour imposer la prise rapide de ces RTT ou les différer" selon M. Pasquesoone.

Les économies permises par ces mesures de flexibilité ont été évaluées à plus de 9 millions d'euros, visant à afficher des coûts de production satisfaisants pour la maison-mère allemande. Un membre du directoire Rolf Bulander a ainsi souligné vendredi à Rodez que "l'usine est pilote pour les produits de pointe diesel du groupe et les efforts du personnel se sont traduits par une baisse des coûts permettant de continuer à investir à Rodez sur la base de 10 millions par an, comme c'était le cas depuis 8 à 9 ans".

"Plus que l'inflation"

M. Pasquesoone a laissé prévoir qu'après les 29 millions investis dans les injecteurs à Rodez, le groupe s'apprête à y "industrialiser une nouvelle génération de buses pour injecteurs" et à "mettre en place de nouveaux moyens de production pour les bougies de préchauffage à la mi-2015". De source syndicale, non démentie par la direction, ces nouveaux investissements pourraient représenter 20 millions d'euros supplémentaires. Interrogé en marge de l'inauguration, le délégué syndical CGT, Charly Navarro, a confirmé que "la direction a tenu parole sur les investissements".

Le syndicaliste a toutefois souligné que la direction avait dû embaucher une vingtaine de salariés de production pour lancer la nouvelle chaîne et qu'il faudrait "au moins 20 à 30 autres titularisations à fin 2014", alors que Bosch mise sur la stabilité des effectifs. La lune de miel direction-syndicats pourrait aussi buter sur les négociations salariales annuelles prévues fin octobre. Pour la CGT, il faudra "clairement plus que l'inflation".