Royaume-Uni: un gouvernement rajeuni, féminisé et plus eurosceptique

  • L'ex-ministre de la Défense Philip Hammond est nommé aux Affaires étrangères, photographié à Hampshire le 15 juillet 2014
    L'ex-ministre de la Défense Philip Hammond est nommé aux Affaires étrangères, photographié à Hampshire le 15 juillet 2014 AFP - Carl Court
  • L'ex ministre des Affaires étrangères William Hague avec l'actrice Angelina Jolie, le 28 mars 2014
    L'ex ministre des Affaires étrangères William Hague avec l'actrice Angelina Jolie, le 28 mars 2014 AFP/Archives - Elvis Barukcic
  • La nouvelle ministre de l'Education britannique Nicky Morgan, le 15 juillet 2014 La nouvelle ministre de l'Education britannique Nicky Morgan, le 15 juillet 2014
    La nouvelle ministre de l'Education britannique Nicky Morgan, le 15 juillet 2014 AFP - Ben Stansall
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Centre Presse Aveyron

Le Premier ministre David Cameron s'est livré mardi à un profond remaniement de son gouvernement, rajeuni, féminisé, et plus eurosceptique comme l'atteste la promotion de l'ex-ministre de la Défense Philip Hammond aux Affaires étrangères.

M. Hammond, 58 ans, un homme d'apparence effacée s'est illustré en début d'année en assurant qu'il n'hésiterait pas à préconiser la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne si les institutions bruxelloises refusent de se réformer et de réformer leurs liens avec Londres.

Le remaniement plus ample que prévu vise à mettre en ordre de bataille le gouvernement de coalition des conservateurs et libéraux démocrates, dix mois avant des élections générales qui s'annoncent particulièrement serrées.

Le parti travailliste d'opposition devance les conservateurs (avec respectivement 38% et 33% des intentions de votes) dans un récent sondage YouGov.

Mais surtout les conservateurs ont assisté à une érosion de leur électorat en faveur du UK independence party (UKIP). Le parti europhobe et anti-immigration est sorti vainqueur des récentes élections européennes et se glisse en troisième place dans les sondages, devant le parti libéral-démocrate en déshérence.

Son chef le vice-Premier ministre Nick Clegg, n'en a pas moins été prolongé dans ses fonctions.

-Des femmes promues-

Le fait le plus marquant dans l'attente de la liste complète du nouveau cabinet était le départ surprise du ministre des Affaires étrangères William Hague, poids lourd du parti conservateur dont il a assuré la présidence de 1997 à 2001.

Il restera quelques mois encore au gouvernement en tant que Leader de la chambre des Communes (la chambre basse du parlement), afin de mener la campagne des législatives de mai 2015. Il a toutefois précisé qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat de député afin de se consacrer désormais "à l'écriture".

Un porte-parole travailliste, Michael Dugher, a été prompt à évoquer "un massacre des modérés" par un Premier ministre "affaibli" et "apeuré face à son aile droite".

"La politique étrangère britannique va maintenant être dirigée par un homme qui a ouvertement évoqué notre sortie de l'Union européenne", a-t-il relevé.

"Je crois qu'en Europe sera perçu le signal d'une hausse des enchères, dans un jeu encore plus tendu", a approuvé Mats Persson, directeur de l'institut londonien Open Europe.

Les éditorialistes ont pour leur part fait référence à "une purge ministérielle sanglante" (The Times), ou "une élimination des hommes blancs et fades" (The Sun, Financial Times).

Le départ de Kenneth Clarke, ministre sans portefeuille de 74 ans et baron de la politique à son zénith du temps de "la dame de fer" Margaret Thatcher, illustre le mieux la volonté de rajeunissement en faveur de députés qui ont souvent fait leur entrée à la chambre des Communes en 2010, après 13 ans de pouvoir travailliste.

Connu pour son franc-parler, grand amateur de jazz, de cigares et de bon whisky, Kenneth Clarke a pour autre originalité d'être europhile. Frondeur, il a promis "de faire vigoureusement campagne en faveur de notre maintien du pays dans l'UE".

Au nombre des victimes de "la purge des quinquagénaires" selon l'expression du Daily Mail, figurent notamment Owen Paterson (Environnement), David Willets (Universités).

Le départ de l'Attorney general Dominic Grieve, plus haut magistrat du pays siégeant au cabinet, soulève des craintes dans les rangs europhiles. Il était hostile au rapatriement de dispositions juridiques tel que le mandat d'arrêt européen.

L'enjeu est de taille au moment où David Cameron, qui a perdu sa bataille pour empêcher la nomination de Jean-Claude Juncker, jugé trop fédéraliste, à la présidence de la Commission européenne, s'est engagé dans une autre croisade à l'issue incertaine.

Il a promis d'organiser en 2017 un référendum sur le maintien ou pas du Royaume-Uni au sein du club des 28 préalablement réformé.

En milieu de matinée, alors que le Premier ministre distillait au compte-gouttes les annonces sur Twitter, les commentateurs politiques s'accordaient à prédire qu'il maintiendrait à ses côtés George Osborne, le ministre des Finances chargé de parachever le redressement de l'économie britannique.

Au premier rang des femmes promues dans un cabinet où elles étaient sous-représentées, se trouve Nicky Morgan, 41 ans, nommée à l'Education, un poste qu'elle cumule avec ses anciennes fonctions de secrétaire d'Etat aux Femmes et à l'Egalité.

Son prédecesseur Michael Gove, dont le départ a été applaudi par les syndicats d'enseignants, hérite d'un nouveau "ministère à la télévision" signalant une attention toutes particulière au marketing électoral.

Elizabeth Truss, la benjamine du cabinet à 38 ans, est propulsée secrétaire d'Etat à l'Environnement.

Enfin, un autre choix crucial est tombé mardi. Le leader conservateur à la chambre des Lords, Jonathan Hill, businessman francophone à l'euroscepticisme modéré, a été désigné volontaire à un poste dont il disait ne pas vouloir: il est le candidat de Londres à un poste de commissaire européen qui promet d'être particulièrement délicat dans les mois à venir.

Source : AFP

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