L'Australie abolit une taxe carbone contestée par les groupes miniers

  • Le Premier ministre australien Tony Abbott prononce un discours au sommet B20 de Sydney le 17 juillet 2014
    Le Premier ministre australien Tony Abbott prononce un discours au sommet B20 de Sydney le 17 juillet 2014 AFP - Lisa Maree Williams
  • Vue d'une mine de minerai de fer en Australie occidentale
    Vue d'une mine de minerai de fer en Australie occidentale AFP/Archives - Amy Coopes
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Centre Presse Aveyron

L'Australie a aboli jeudi une taxe carbone vivement critiquée par les groupes miniers, mise en place il y a deux ans par un gouvernement travailliste pour réduire les émissions carbone et lutter contre le changement climatique.

Le pays rejette environ 1,5% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, mais est un des plus gros émetteurs de la planète par tête d'habitant en raison de l'importance de son secteur minier et de sa dépendance à l'électricité produite grâce au charbon.

Le secteur minier (minerai de fer, charbon, cuivre...) est le moteur de la croissance australienne depuis 15 ans et le pays compte plusieurs géants du secteur, dont Rio Tinto et BHP Billiton.

La chambre haute du parlement a voté jeudi à 39 voix contre 32 pour l'abolition de la taxe carbone, une mesure qui figurait parmi les promesses du parti conservateur, arrivé au pouvoir en septembre 2013.

Le résultat du vote a été accueilli par des applaudissements timides.

Le Premier ministre Tony Abbott arguait que le coût de cette taxe était supporté par les consommateurs, via des factures d'électricité plus élevées.

"C'est une grande nouvelle pour les familles australiennes et les petites entreprises de notre pays", s'est félicité Tony Abbott, qui avait autrefois qualifié "de sottises absolues" les études scientifiques attribuant à l'action humaine le réchauffement climatique.

"Nous honorons nos promesses envers vous (la population: ndlr) et bâtissons une économie forte et prospère pour une Australie sûre", a-t-il ajouté.

- "Un paria international" -

La taxe, décidée par le gouvernement de la travailliste Julia Gillard, était entrée en vigueur en juillet 2012 malgré l'opposition forcenée des groupes miniers et de l'opposition de droite.

Elle obligeait les plus gros pollueurs --surtout les groupes miniers-- à payer en fonction des émissions de carbone qu'ils produisaient, afin de les inciter à réduire ces émissions.

Les quelque 350 principaux émetteurs de CO2 devaient payer une taxe d'un montant fixe de 23 dollars australiens (16 euros au taux de change actuel) par tonne carbone.

Les Travaillistes prévoyaient de remplacer cette taxe par un système d'échange de quotas d'émissions de CO2, en 2014, comme ceux que possèdent déjà la Nouvelle-Zélande ou l'Union européenne.

Le gouvernement de Tony Abbott veut lui un plan "d'action directe", qui comprend par exemple des incitations financières aux entreprises souhaitant améliorer leur bilan énergétique.

Peu avant le vote, la dirigeante des Verts, Christine Milne, avait estimé qu'abolir cette taxe ferait de l'Australie "un paria international".

Pour le chef du parti travailliste, Bill Shorten, Tony Abbott "a rendu ridicules les Australiens". Il "tire l'Australie en arrière alors que le reste du monde va de l'avant", a ajouté le leader de l'opposition.

Un rapport publié par plusieurs think tank (Climate Analytics, Potsdam Institute et Ecofys) en marge des négociations climat à Varsovie en novembre 2013, estimait que les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'Australie risquent de croître d'ici à 2020 de 12% au lieu de baisser de 5%, à cause du démantèlement de la législation climat, et notamment la suppression de la taxe carbone.

Source : AFP

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