Etats-Unis: la saga du marchand de vins Rudy Kurniawan finit en prison

  • Vue du tribunal où le marchand de vin Rudy Kurniawan a été condamné à 10 ans de prison, le 7 août 2014 à New York
    Vue du tribunal où le marchand de vin Rudy Kurniawan a été condamné à 10 ans de prison, le 7 août 2014 à New York AFP - Stan Honda
  • Me Vincent S. Verdiramo, un des avocats du marchand de vin Rudy Kurniawan condamné à 10 ans de prison, le 7 août 2014 à New York
    Me Vincent S. Verdiramo, un des avocats du marchand de vin Rudy Kurniawan condamné à 10 ans de prison, le 7 août 2014 à New York AFP - Stan Honda
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Centre Presse Aveyron

Grâce à un excellent palais, une mémoire prodigieuse des vins et un atelier de contrefaçon de haute volée, Rudy Kurniawan s'était construit une réputation mondiale, une fraude monumentale découverte en 2012 qui va le conduire pour 10 ans en prison.

M. Kurniawan, un temps porté aux nues comme l'un des cinq plus grands experts en vins au monde, a en effet été condamné à 10 ans d'emprisonnement jeudi à New York pour avoir contrefait des grands crus français.

Cet Indonésien de 37 ans avait amassé plusieurs dizaines de millions de dollars en revendant comme des grands crus authentiques des mélanges de vins de moindre qualité avant d'être démasqué en 2012.

"C'était une fraude économique très sérieuse, une manipulation des marchés américain et internationaux", a relevé le juge Richard Berman.

Rudy Kurniawan a écouté la sentence sans broncher. "Je suis désolé pour ce que j'ai fait", s'est-il contenté de déclarer d'une voix presque inaudible.

Il encourait jusqu'à 40 ans de prison, les procureurs avaient réclamé entre 11 et 14 ans de réclusion.

Le juge a identifié sept victimes, à qui M. Kurniawan devra en outre payer près de 28,5 millions de dollars pour réparer les pertes occasionnées.

Le prononcé de la peine contre l'ancien négociant en vins, arrêté en mars 2012, avait été reporté à quatre reprises, le temps pour le juge d'identifier toutes les victimes.

Lors du procès fin 2013, l'accusation avait produit une multitude d'éléments accablants contre l'ancien marchand de vins, accusé d'avoir monté chez lui, à Arcadia en Californie, un véritable laboratoire de contrefaçon, avec fausses bouteilles, fausses étiquettes par milliers, cire, tampons, capsules, bouchons, cahiers de notes, et formules de mélange écrites à même des bouteilles.

- Ascension fulgurante -

Dans sa "cave magique", il mélangeait des vins de moindre qualité et les revendait ensuite comme des grands crus, à prix d'or. A partir d'une étiquette authentique, il changeait l'année, parfois d'un seul chiffre, ajoutait un tampon, un numéro de série... et imprimait le tout en haute résolution pour les recoller sur ses fausses bouteilles.

M. Kurniawan "voulait faire partie du club" des collectionneurs et experts de vins rares, avait plaidé son avocat Jerome Mooney, affirmant que dans ce monde des grands crus anciens, qui se vendent parfois des milliers de dollars la bouteille, la contrefaçon était "endémique".

Apparu sur le devant de la scène en 2002 et surnommé "Dr Conti", en raison de sa passion pour le Romanée-Conti, M. Kurniawan, au passé inconnu, avait réussi en quelques années une ascension fulgurante. D'une générosité sans limites, il régalait les collectionneurs et experts de ses meilleures bouteilles.

Ce faussaire prolifique avait réussi à contrefaire des grands Bourgogne de la Romanée-Conti, du Domaine Ponsot, du domaine Roumier, et certains grands vins de Bordeaux comme les Château Petrus, vendus à des prix qui avaient de quoi faire tourner la tête des jurés: six bouteilles de Bourgogne Bonnes Mares 1962 pour 35.000 dollars. Un magnum de Romanée-Conti 1979 pour 7.000 dollars. Un jéroboam (bouteille de 3 litres) de La Tache, Domaine de la Romanée-Conti pour 48.000 dollars...

Grâce à ses gains, Rudy Kurniawan menait la grande vie, dépensant des millions de dollars par an, collectionnant les montres, les voitures et les oeuvres d'art. Mais il avait aussi contracté pour plus de 10 millions de dollars de dettes pour la seule année 2007.

Dans son réquisitoire, l'accusation avait décrit un menteur poussé par l'appât du gain, qui "avait toujours besoin de plus d'argent".

Une quinzaine de personnes avaient témoigné à charge lors du procès, dont les responsables des domaines de Bourgogne, Ponsot, Roumier et Romanée-Conti.

M. Kurniawan avait commencé à éveiller des soupçons en avril 2008, quand il avait proposé aux enchères à New York un lot de 97 bouteilles de Bourgogne du Domaine Ponsot, estimé à entre 440.000 et 602.000 dollars. Seul problème, l'une des bouteilles était datée de 1929, alors que le domaine n'a commencé la mise en bouteille qu'en 1934.

L'Indonésien avait malgré tout réussi à noyer le poisson et à poursuivre ses activités jusqu'à 2012, quand il a été définitivement confondu et arrêté.

Source : AFP

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