Manuel Cantos refuse la mort programmée des CCI

  • Homme de conviction, Manuel Cantos défend le bilan et le rôle des CCI.
    Homme de conviction, Manuel Cantos défend le bilan et le rôle des CCI. José A. Torres
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Joël Born

Entretien. À la suite d’un rapport de l’inspection générale des finances et des affaires sociales, les CCI sont dans le collimateur du gouvernement. Le président de la chambre de l’Aveyron réplique. Avec force.

À la suite d’un rapport de l’inspection générale des finances et des affaires sociales, les CCI sont dans le collimateur du gouvernement. Manuel Cantos, président de la chambre de l’Aveyron, réplique. Avec force.

On a l’impression que les CCI sont aujourd'hui en guerre contre le gouvernement ?

C’est le gouvernement qui est en guerre contre les CCI et notamment notre ancien ministre de tutelle, Arnaud Montebourg. D’une façon générale, nos gouvernants n’aiment pas les dirigeants d’entreprises. Dans l’opinion publique, l’image du chef d’entreprise est également mauvaise. On l’assimile trop à un dirigeant d’une entreprise du Cac 40, alors qu’il y a 3 millions d’entreprises. Le Cac 40, c’est le monde de la finance. En plus, nous revendiquons une indépendance totale. Ils n’apprécient pas, car ils voudraient maîtriser l’ensemble des leviers. Ils veulent tous les pouvoirs. Les CCI sont considérées comme un contre-pouvoir. Ce qui est totalement déplacé.

Dans le domaine du soutien aux entreprises, il y a quand même beaucoup de dispersion ?

L’entreprise est la mission première de la CCI. On a décidé que la compétence économique doit revenir aux régions, donc au pouvoir politique. Ensuite, on a dit, sur chaque territoire, cette compétence ira aux agglos et communautés de communes. Les départements ont aussi leurs agences de développement. On donne la compétence économique à des gens qui n’ont jamais dirigé une entreprise. Chez nos gouvernants, il y a trop de gens déconnectés de la réalité, qui sont dans leurs bulles.

Le rapport sur lequel s’appuie le gouvernement évoque une situation financière confortable et des augmentations inconsidérées des frais de chambre.

Le terme de frais de chambre est impropre. Je préfère parler d’une redevance demandée à nos 12 000 ressortissants aveyronnais, en échange de tous les services que nous apportons, des missions que nous assurons. Je crois qu’il y en a 128. J’en profite pour souligner combien j’apprécie le dévouement de nos équipes, même si parfois je peux être désagréable... Les augmentations ont toujours à peu près suivi le coût de la vie. Les CCI sont gérées par des chefs d’entreprises. Au fil du temps, les CCI ont économisé pour constituer des fonds de réserve. En Aveyron, cela représente environ quatre mois d’avance.

On nous reproche d’avoir de la trésorerie alors que nos gouvernants nous présentent une dette de 2000 milliards d’euros. En gros, on nous dit, vous avez économisé mais vous n’êtes pas de bons gestionnaires. C’est le hold-up de nos réserves ! On veut nous détruire. Que l’on fasse des efforts, on peut le comprendre, et c’est normal. Mais pourquoi cette différence de traitement avec d’autres opérateurs de l’État à qui l’on impose beaucoup moins de contraintes financières. C’est vouloir la destruction des CCI.

Le changement de gouvernement peut-il modifier la donne ?

Je suis assez interrogatif. J’ai bien peur que l’on ne soit plus dans un raisonnement collectif, avec l’intérêt supérieur du pays comme objectif, même si on le déclare. J’ai peur que nous soyons confrontés, en permanence, à des ambitions très personnelles.

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