Barrage du Tarn : la justice autorise l'expulsion d'opposants au projet

  • Depuis le début de la semaine, les bois ont été le théâtre d'échauffourées sporadiques entre les adversaires du projet et les gendarmes mobiles.
    Depuis le début de la semaine, les bois ont été le théâtre d'échauffourées sporadiques entre les adversaires du projet et les gendarmes mobiles. AFP
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La justice a autorisé vendredi, à Albi, l'expulsion d'occupants d'une parcelle de la forêt de Sivens (Tarn), où une centaine d'opposants à un projet public de barrage-réservoir tentent d'empêcher les travaux de déboisement, quitte à rester perchés dans des arbres.

La justice a autorisé vendredi, à Albi, l'expulsion d'occupants d'une parcelle de la forêt de Sivens (Tarn), où une centaine d'opposants à un projet public de barrage-réservoir tentent d'empêcher les travaux de déboisement, quitte à rester perchés dans des arbres. Vendredi matin, la présidente du tribunal de grande instance d'Albi a statué en référé, au civil, sur la demande d'expulsion présentée par le conseil général du Tarn.

"Elle a ordonné l'expulsion d'une des parcelles où les occupants avaient installé leur lieu de vie principal, avec un chapiteau, une caravane, des tentes", a expliqué  l'avocate de deux d'entre eux, Me Claire Dujardin. "Mais ce ne sera exécutoire qu'après intervention de l'huissier, a précisé Me Dujardin, et la justice a refusé d'autoriser une expulsion générale pour toutes les parcelles."

Réservoir de biodiversité

Le barrage-réservoir d'1,5 million de m3 d'eau stockée doit être construit sur la "zone humide" du Testet, à Lisle-sur-Tarn, près de Gaillac. Ce projet public, porté par le département, vise à soutenir l'étiage du Tescou, un petit affluent du Tarn, et à sécuriser l'approvisionnement en eau des fermes voisines. Mais les opposants - soutenus au niveau national par Europe Écologie-Les Verts (EELV) - se disent résolus à empêcher la destruction de cette "zone humide", un réservoir de biodiversité qui abrite des dizaines d'espèces protégées d'animaux, et dénoncent, sur le fond, un modèle d'agriculture irriguée selon eux dépassé.

"Massacre écologique !"

Depuis le début de la semaine, les bois ont été le théâtre d'échauffourées sporadiques entre les adversaires du projet et les gendarmes mobiles, pendant que des bûcherons travaillaient au déboisement. "Nous sommes deux sur notre plateforme installée dans un chêne, à 18 mètres de haut", a expliqué l'un des occupants de la forêt depuis l'automne 2013, Camille, 30 ans. "On voit les bûcherons couper des arbres à la tronçonneuse, sous nos pieds. Il y a d'énormes broyeuses à l'oeuvre, c'est un massacre écologique !" a jugé cet opposant, joint par téléphone. "On n'a pas beaucoup de marge de manoeuvre mais on ne descendra pas par nous-mêmes et les gendarmes mobiles vont vraiment avoir du mal à nous déloger", a-t-il promis, tout en les accusant d'"humilier" les opposants et de "saccager" leurs affaires.

"Le déboisement se poursuit"

Plus de 150 gendarmes mobiles étaient déployés sur place vendredi, a indiqué le commandant du groupement de gendarmerie du Tarn, le lieutenant-colonel Sylvain Renier. "Il reste moins d'une centaine d'opposants dans la zone", a-t-il évalué, après un survol par hélicoptère. "Le déboisement se poursuit, les travaux avancent très bien", a commenté l'officier. "Ils (les occupants) attendent qu'on vienne les expulser mais beaucoup partent d'eux-mêmes de la parcelle concernée même s'ils vont certainement se réinstaller ailleurs". Le patron des gendarmes du Tarn a néanmoins évoqué certains opposants, "les plus violents, cachés dans les bois, qui jettent encore parfois sur les forces de l'ordre des engins incendiaires".

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