Barrage du Tarn : échauffourées entre opposants et forces de l'ordre

  • Les CRS font face aux opposants au barrage de Sivens dans le Tarn.
    Les CRS font face aux opposants au barrage de Sivens dans le Tarn. AFP
Publié le
Centre Presse Aveyron

Des échauffourées entre opposants et forces de l'ordre ont fait lundi un blessé léger sur le chantier du barrage controversé de Sivens (Tarn), tandis que le Conseil général réaffirmait le bien-fondé du projet, malgré les doutes émis par Ségolène Royal. Vers 16 heures, les gendarmes ont délogé à l'aide de gaz lacrymogènes des opposants, dont cinq s'étaient enterrés à mi-buste sur un chemin d'accès au chantier afin d'empêcher l'entrée d'engins de défrichement.

Parmi les opposants "enterrés", une jeune femme s'est évanouie lors de l'action des forces de l'ordre, "mais elle s'est réveillée juste après et n'a qu'une cheville foulée", a déclaré un responsable de la gendarmerie sur place. Cet officier a assuré que seuls des gaz lacrymogène avaient été employés sur le site, à Lisle-sur-Tarn, près de Gaillac. "Ils nous ont attaqués à coups de flash-balls", a cependant affirmé par téléphone Camille Kaze, une occupante, confirmant que la jeune femme inconsciente s'était réveillée peu après.

Vers 17 heures, des engins de défrichement ont pu pénétrer sur le site, a-t-elle ajouté. Le déboisement de la zone du barrage de Sivens, dont la construction entraînerait la disparition d'un réservoir de biodiversité de 13 hectares, donne lieu à des heurts sporadiques depuis début septembre entre forces de l'ordre et opposants. Le barrage-réservoir d'1,5 million de m3 d'eau stockée doit être construit sur la "zone humide" du Testet. Ce projet public vise à soutenir l'étiage du Tescou, un petit affluent du Tarn, et à sécuriser l'approvisionnement en eau des fermes voisines.

Pas de moratoire

Lundi, le président PS du Conseil général, Thierry Carcenac, a réaffirmé que ce programme respectait la réglementation, répondant à une déclaration de Ségolène Royal. La ministre de l'Ecologie avait "demandé à ce que le Conseil général du Tarn vérifie que les conditions que le ministère met sur les retenues de substitution soient remplies". "Les instructions du ministère sont d'encourager les retenues de substitution à condition de ne pas encourager l'agriculture intensive", avait-elle rappelé dimanche. Mais à Albi, M. Carcenac (PS) a opposé une fin de non recevoir à tout moratoire, assurant "que ce projet répond pleinement aux objectifs évoqués par Ségolène Royal".

Un camp retranché

Une cinquantaine d'opposants déterminés avaient transformé lundi matin les alentours du site en camp retranché. Ils s'étaient postés à des endroits stratégiques afin de bloquer toute entrée au chantier très vaste, avec force barricades, faites de branches, de tôles ondulées et de tout ce qui a pu être trouvé sur place. Une route goudronnée menant au chantier a été creusée d'un profond cratère et une vingtaine de voitures ont été garées en épi. Des bouteilles de gaz et des bidons d'essence jonchent le chemin, parmi des conteneurs à poubelles où les opposants ont inscrit des "non au barrage".

Appel au calme

Des dizaines de membres de forces de l'ordre restaient en embuscade sur les chemins et bosquets environnants. Lançant un "appel au calme", le président du Conseil général s'est déclaré "prêt à la discussion sur les mesures compensatoires et sur l'utilisation de l'eau" mais a demandé "un débat dans un lieu neutre, sans pression". Le porte-parole des opposants au barrage, Ben Lefetey, a dénoncé une attitude qui consiste, selon lui, à lancer un "début de dialogue" tout en "continuant un passage en force sur le terrain" où des bûcherons avaient débuté le déboisement le 1er septembre. "Carcenac s'entête à poursuivre ces travaux. On demande le réexamen du projet sur les impacts environnementaux réels et la suspension des travaux (de défrichement, ndlr) jusqu'à leurs conclusions", a-t-il expliqué. Dimanche, plus d'un millier d'opposants avaient participé à un pique-nique citoyen, soit la plus importante mobilisation à ce jour.

Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?