Sylvie Vidal, enseignante, mais pas seulement

  • En 2014, Sylvie Vidal a effectué sa 22e rentrée des classes à l’école du Sailhenc, dont les trois dernières en qualité de directrice.
    En 2014, Sylvie Vidal a effectué sa 22e rentrée des classes à l’école du Sailhenc, dont les trois dernières en qualité de directrice. PB
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PH.B.

Education. Comme toutes les écoles du Bassin (urbain ou rural), l’école du Sailhenc est placée en Réseau de réussite scolaire (RRS). Elle est dirigée depuis 3 ans par Sylvie Vidal. Rencontre avec une enseignante passionnée.

Après une trentaine d’années passées dans la «grande maison », Sylvie Vidal a effectué il y a quelques jours de cela sa 22e rentrée scolaire à l’école élémentaire du Sailhenc, à Decazeville, dont elle assure la direction depuis trois ans. Et lorsqu’on écrit «quelques jours », c’est façon de parler, ou justement, d’écrire.

Métier exigeant

Sa prérentrée, Sylvie Vidal ne l’a pas effectuée le vendredi, comme beaucoup de ses collègues, ailleurs, mais bien le lundi qui précédait. Un peu pour se rassurer. Un peu par souci de perfection. Un peu, aussi, pour humer l’air ambiant et retrouver l’âme des lieux. «On ne se refait pas !», plaisante- t-elle. Et le métier est exigeant. Ici peut-être un tout petit peu plus qu’ailleurs. Il l’est de plus en plus. Mais elle l’aime.

«Par rapport à mes débuts ici, confie-t-elle, il faut être plus présent. Avant les cours, entre les cours, après les cours. Pour les enfants, bien sûr, mais aussi pour les parents, pour les différents partenaires. Et si cela est vrai pour un simple enseignant, ça l’est encore plus quand on dirige un établissement comme celui-là. Un peu comme un mécanicien qui, sa burette d’huile en main, doit lubrifier tous les rouages. Cela nécessite un investissement plus important.» Si bien qu’au quotidien, Sylvie est dans «son» école dès 7h30 et qu’elle n’en repart que vers 18 h 30, voire 19 heures, sans interruption à la mi-journée.

Vous avez dit mixité ?

L’investissement professionnel et humain de l’équipe pédagogique du Sailhenc à Decazeville est directement lié à la nature, à la sociologie du quartier. Sachant que cette dernière a beaucoup évolué au cours des deux dernières décennies. Au fil des ans, notamment depuis une dizaine d’années, on est passé d’une école où l’on retrouvait une vraie mixité sociale et ethnique à une école où, de façon très nette, la première notion a quasiment disparu. Un phénomène à rattacher à la paupérisation née de la crise, mais aussi aux changements intervenus dans le quartier.

Une mission qui évolue

L’école fut longtemps alimentée par les cités du Baldy et du Sailhenc, ainsi que par le lotissement des Bonnières, un vaste ensemble immobilier où venaient se fixer de jeunes couples avec enfants. On y retrouvait alors des classes moyennes : salariés, commerçants, professions libérales, enseignants, tandis que, dans les cités, vivaient beaucoup d’ouvriers qualifiés, Français de souche, ou issus de diverses populations immigrées. Avec le temps, les habitants des Bonnières ont vieilli et alimentent donc moins l’école. Les dernières données relatives aux catégories socioprofessionnelles des parents d’élèves font apparaître une population composée à 85 %de chômeurs ou de salariés en situation de précarité, pour seulement 5 % de cadres ou assimilés… C’est dire si la mission confiée aux professeurs des écoles a dû évoluer pour accompagner cette mutation. 

«Notre parole est respectée» 

«Il convient non seulement d’être enseignant pédagogue, mais aussi, et bien plus largement, éducateur, voire même travailleur social», souligne Sylvie. Vivre avec ses différences «Mais le tableau n’est pas aussi noir pour autant, poursuit-elle sans jeu de mots. Certes, dans le quartier, excepté l’école et l’hôpital, il n’y a rien, ou presque. Pas un commerce, pas un bureau de poste. En conséquence, le seul lien social vient de l’école, qui constitue la seule institution publique dans le secteur. Alors quand on est bienveillant avec les parents d’élèves, ils nous font confiance. Notre parole est respectée. C’est un travail de longue haleine. Il faut se mettre en position d’être accessible. C’est grandement facilité par la stabilité des membres de l’équipe enseignante qui partagent tous la même vision. Les parents savent qu’ils ont des gens à qui parler en toute simplicité.»

Réseau de réussite scolaire (RRS)

Longtemps placée en Zone d’éducation prioritaire (Zep), l’école du Sailhenc, comme l’ensemble des écoles du territoire, bénéficie actuellement du dispositif RRS (éducation prioritaire 2). Bien moins disant que les anciennes Zep, ce « classement » permet toutefois de scolariser les enfants dès l’âge de deux ans, tout comme il leur permet de bénéficier du dispositif « plus de maître que de classes ». Concrètement, l’école dispose de quatre classes (CP-CE1; CE1-CE2; CE2-CM1; CM2), plus une Clis (classe pour l’inclusion scolaire). Cinq au total, pour six enseignant( e)s.

Enseignante «surnuméraire»

Cette enseignante «surnuméraire» a trois missions distinctes : elle intervient aux côtés de l’enseignant titulaire ; elle prend en charge de manière séparée des écoliers en difficultés ponctuelles ou durables ; enfin, en liaison avec les enseignants, elle mène des projets « spécifiques » (du genre petits débats philosophiques, ateliers d’écritures à plusieurs mains…) «Le fait de se retrouver à deux devant les élèves est quelque chose de très positif, précise Sylvie Vidal. Cela nous permet de poser un regard croisé sur toutes les problématiques que l’on peut rencontrer. Même si cela représente beaucoup de travail, cela renforce l’équipe et nous oblige à encore plus de réflexion.»

Bref. Professeur des écoles à l’école du Sailhenc n’a rien d’un long fleuve tranquille. Pourtant, pour rien au monde Sylvie Vidal n’en changerait : «Je m’y plais. Je ne me vois pas enseigner ailleurs qu’à Decazeville. Qu’ici. Les fondations de l’école du Sailhenc sont solides (sourire), -car l’école est construite sur un terrain meuble et aurait dû bénéficier des micropieux, NDLR- résolument laïques, militantes, et mettent en avant le brassage et les différences.»

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