Ukraine: tirs à Donetsk, regain de tensions entre Kiev et Moscou

  • Des soldats ukrainiens en véhicule blindé près de la ville de Kramatorsk, dans la région de Donetsk, le 13 septembre 2014
    Des soldats ukrainiens en véhicule blindé près de la ville de Kramatorsk, dans la région de Donetsk, le 13 septembre 2014 AFP - Anatolii Stepanov
  • De la fumée à proximité de l'aéroport de Donetsk, le 13 septembre 2014
    De la fumée à proximité de l'aéroport de Donetsk, le 13 septembre 2014 AFP - Philippe Desmazes
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Centre Presse Aveyron

La trêve en Ukraine était de nouveau violée dimanche aux abords de l'aéroport de Donetsk, fief des rebelles prorusses, sur fond d'un regain de tensions entre Kiev et Moscou.

Un cessez-le-feu a été scellé le 5 septembre entre Kiev et les rebelles séparatistes pour mettre fin à cinq mois de combats dans l'est qui ont fait plus de 2.700 morts. Mais si le président ukrainien Petro Porochenko s'est félicité cette semaine du "changement radical" de la situation grâce à la trêve, le bruit des armes ne s'est pas tu pour autant.

Dimanche matin, tout comme dans la soirée samedi, des tirs d'artillerie lourde étaient audibles par des journalistes de l'AFP du côté de l'aéroport de Donets, lieu stratégique sous contrôle des forces armées ukrainiennes.

"A 9H30 (06H30 GMT) la situation est tendue", a de son côté indiqué la mairie de Donetsk, qui a précisé que la nuit s'est déroulée sans "combats actifs" mais a été émaillée de tirs sporadiques. Des habitants ont aussi rapporté des tirs dans trois quartiers, selon la municipalité, qui n'ont toutefois pas perturbé les transports en commun.

Pour la population de plusieurs localités près de Donetsk, comme à Makiivka, les journées restent ponctuées de bombardements, de dégâts à réparer et d'heures passées dans les caves.

La trêve est considérée avec méfiance par les Occidentaux qui la jugent insuffisante pour garantir une paix durable. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a ainsi réclamé une solution politique "basée sur le principe de la souveraineté de l'Ukraine".

Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de jouer un rôle actif au sein de la rébellion séparatiste par l'envoi d'armes et de soldats de ses troupes régulières -- preuves satellitaires de l'Otan à l'appui -- ce que ne cesse de démentir le Kremlin.

Après les nouvelles sanctions visant l'économie russe au bord de la récession, appliquées de concert vendredi par l'Union européenne et les Etats-unis, Moscou et Kiev se sont livrés samedi à une guerre de mots -- désormais coutumière.

A quelques jours d'une visite de Petro Porochenko à Washington, la Russie a accusé les Etats-Unis d'attiser le conflit dans l'Est pour des motifs purement stratégiques tandis que Kiev a dénoncé une tentative russe d'"éliminer l'Ukraine".

"Washington a prouvé à plusieurs reprises que son objectif était d'aggraver le plus possible cette crise afin d'utiliser l'Ukraine comme monnaie d'échange dans sa nouvelle tentative d'isoler et d'affaiblir la Russie", a lancé M. Lavrov, en soulignant que les "radicaux" dans les structures du pouvoir ukrainien, opposé au dialogue avec les régions rebelles, avaient "une carte blanche" des Etats-Unis.

- Ratification mardi de l'accord avec l'UE -

Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a, lui, assuré que le "but final de Vladimir Poutine est non seulement les régions de Donetsk et de Lougansk, il veut prendre l'Ukraine entière". Le premier pas serait la création d'un "couloir" reliant la frontière russe à la Crimée, péninsule annexée par la Russie en mars.

"Il ne peut pas accepter l'idée que l'Ukraine fasse partie de la famille européenne, il veut restaurer l'Union soviétique", a ajouté M. Iatseniouk, alors que le parlement ukrainien s'apprête à ratifier mardi l'accord historique d'association avec l'Union européenne.

Cette ratification, qui concrétise l'éloignement de l'ancienne république soviétique du giron russe, est pour certains gâchée par le report à fin 2015 de l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange, le temps pour les Européens de poursuivre les discussions avec Moscou sur cet accord auquel la Russie est fortement opposée.

Un vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères Danylo Loubkivski a ainsi annoncé sa démission sur sa page Facebook: "Pour moi (ce report), c'est une surprise (...). Il envoie un mauvais signal à tout le monde: à l'agresseur, aux alliés et le plus important, aux citoyens ukrainiens", a-t-il expliqué.

Sur le plan humanitaire, un convoi russe contenant 2.000 tonnes d'aide est arrivé samedi dans le bastion rebelle de Lougansk, selon les médias russes. Même si l'envoi d'aide humanitaire aux régions orientales ukrainiennes est prévu dans l'accord de cessez-le-feu signé avec la participation de la Russie et de l'OSCE, ces convois russes en zones séparatistes constituent un autre élément de pression sur l'Ukraine.

Source : AFP

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