Ecosse: dans le Glasgow déshérité, l'indépendance comme dernier espoir

  • Une militante pour le "Oui" au référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, le 14 septembre 2014 à Glasgow
    Une militante pour le "Oui" au référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, le 14 septembre 2014 à Glasgow AFP - Andy Buchanan
  • Le Premier ministre écossais Alex Salmond avec des jeunes partisans du "oui" au référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, le 13 septembre 2014 à Glasgow
    Le Premier ministre écossais Alex Salmond avec des jeunes partisans du "oui" au référendum sur l'indépendance de l'Ecosse, le 13 septembre 2014 à Glasgow AFP - Ben Sta,samm
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Centre Presse Aveyron

"Ici beaucoup ont perdu toute illusion. Le oui est peut-être notre dernière chance." A Drumchapel, quartier déshérité de Glasgow, certains comme Leah Hazard fondent leurs derniers espoirs sur une Ecosse indépendante, même si, ici aussi, le non a ses défenseurs.

Frappé de plein fouet par la crise industrielle des années 60, "The Drum", comme l’appellent ses habitants, est l'un des coins les plus délabrés du Royaume-Uni.

Chômage, pauvreté, criminalité, consommation d'alcool et de drogues battent des records et l'espérance de vie -- 68,9 ans pour les hommes -- y est, disent les médias britanniques, "plus basse qu'à Bagdad".

Malcolm Balfour affiche un air dépité. "On est devant ce qui est censé être le principal centre commercial du quartier. Mais voyez comme il est délabré", soupire cet élu local du parti national écossais SNP.

A Glasgow, le taux de chômage est officiellement de 10%. Dans des quartiers comme le "Drum", c'est plus du double. Mais même ce chiffre cache mal l'ampleur de la misère sociale puisque ceux qui travaillent enchaînent souvent petits boulots et "contrats zéro heure" sans aucune garantie de salaire.

"En comptant ceux qui ne travaillent pas pour raison de santé, un problème majeur dans le coin, on a plus de 20% de la population qui est complètement coupée du marché du travail", estime Kenny Macdonald, le manager de la Drumchapel Foodbank, une banque alimentaire nichée en haut d'une petite colline.

Sur la porte du local, une affiche fait état d'un "besoin urgent" en lait, café, spaghettis en conserve et couches bébé.

"La solidarité des gens du quartier est formidable", insiste Kenny. Mais cela n'a pas empêché sa "foodbank" de manquer récemment de plusieurs produits de première nécessité.

L'été est une période particulièrement sensible. L'école est fermée et faute de pouvoir bénéficier des repas gratuits de la cantine, certains enfants du quartier ont faim.

"C'est un problème récurrent dans certains quartiers de Glasgow mais les réformes du système social et les mesures d'austérité décidées par Westminster l'ont aggravé, souligne Kenny. Beaucoup de gens qui viennent nous voir ont des enfants. On connaît aussi des couples où les deux travaillent mais ne gagnent pas assez pour nourrir correctement leur famille."

- L'élite de Londres -

Les coupes budgétaires, Leah Hazard dit en constater les ravages au quotidien. Sage-femme dans le système de santé public NHS, elle a vu "les choses se détériorer de manière spectaculaire".

"Westminster ne nous donne plus les moyens mais les gens continuent à faire des bébés. Ca devient dangereux pour les mamans et leurs bébés", s'alarme cette résidente du "Drum".

"Je ne sais pas comment on peut s'en sortir autrement que par le changement", ajoute-t-elle.

Le changement pour Leah, c'est l'indépendance, qui séduit à Drumchapel, où beaucoup n'ont "plus rien à perdre".

Ici, plus encore qu'ailleurs en Ecosse, on honnit l'élite de Londres. "Tout l'argent va à Westminster. Ils (les députés) s’octroient une augmentation de salaire de 11% alors que nous on crève de faim et on gèle dans nos maisons", s'emporte Linda Weather, une habitante du quartier.

Les menaces de l’establishment qui prédit un appauvrissement en cas d'indépendance, n'émeuvent personne. "A Londres, John Lewis ou Waitrose disent qu'ils vont augmenter leurs prix. On s'en fout. Car des magasins comme ceux-là, il n'y en a pas ici où un enfant sur trois naît dans la pauvreté", tranche Zeyn Mohammed, un chômeur de 22 ans.

Pourtant, le camp du non n'est pas loin de faire jeu égal à Drumchapel, selon Leah Hazard. Pour des raisons confessionnelles notamment, comme pour ce supporter du club majoritairement catholique des Glasgow Rangers, qui se dit "unioniste par principe".

Mark Mcmille trentenaire au chômage, possède, lui, un autre argument. "Je suis britannique et je n'arrive pas à trouver de boulot." Hors de question donc de voter pour l'indépendance dont le principal promoteur, le Premier ministre écossais Alex Salmond, a annoncé qu'il comptait accueillir plus d'immigrants.

"C'est déjà assez dur comme ça", insiste Mark. Les chiffres officiels montrent pourtant que sur une population de 13.000 à Drumchapel, 95% sont des blancs britanniques ou irlandais.

Mais dans le "Drum", les chiffres ne veulent souvent pas dire grand-chose.

Source : AFP

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