En quête de confiance, Valls se revendique des "valeurs chères à la gauche"

  • Manuel Valls s'adresse au l'Assemblée nationale le 16 septembre 2014 pour son discours de politique générale, à Paris
    Manuel Valls s'adresse au l'Assemblée nationale le 16 septembre 2014 pour son discours de politique générale, à Paris AFP - Patrick Kovarik
  • Manuel Valls s'adresse au l'Assemblée nationale le 16 septembre 2014 pour son discours de politique générale, à Paris Manuel Valls s'adresse au l'Assemblée nationale le 16 septembre 2014 pour son discours de politique générale, à Paris
    Manuel Valls s'adresse au l'Assemblée nationale le 16 septembre 2014 pour son discours de politique générale, à Paris AFP - Eric Feferberg
  • Le Premier ministre Manuel Valls (g) juste avant son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, le 16 septembre 2014
    Le Premier ministre Manuel Valls (g) juste avant son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, le 16 septembre 2014 AFP - Eric Feferberg
  • Le président du groupe parlementaire UMP Christian Jacob à l'Assemblée nationale, le 1er juillet 2014 Le président du groupe parlementaire UMP Christian Jacob à l'Assemblée nationale, le 1er juillet 2014
    Le président du groupe parlementaire UMP Christian Jacob à l'Assemblée nationale, le 1er juillet 2014 AFP/Archives - Jacques Demarthon
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Centre Presse Aveyron

Manuel Valls s'est réclamé mardi, dans sa déclaration de politique générale, des "valeurs chères à la gauche", en détaillant notamment une baisse d'impôt en 2015 et un geste pour les personnes âgées modestes, avant un vote de confiance à l'Assemblée qu'il devrait remporter, mais avec une majorité étriquée.

"Je sollicite votre confiance car la politique du gouvernement est guidée par les valeurs de la République, des valeurs chères à la gauche - la Nation, le principe d'égalité et de justice - qui s'adressent à tous les Français", a plaidé le Premier ministre pour sa deuxième déclaration de politique générale en seulement cinq mois.

Dans un discours finalement beaucoup plus long que prévu (46 minutes), Manuel Valls s'est montré offensif vis-à-vis de Bruxelles et de l'Allemagne et a par ailleurs répliqué à la "provocation" et à la "surenchère" que constituent à ses yeux les propositions du Medef. Deux déclarations à même de plaire à l'aile gauche du PS, qui se détourne du Premier ministre.

En matière budgétaire, "la France décide elle seule de ce qu'elle doit faire", a lancé M. Valls, appelant à un "dialogue sincère et exigeant entre la France et l'Allemagne", alors que le gouvernement prévoit un déficit de 4,4% cette année et de 4,3% en 2015, nettement au-delà des plafonds européens.

Quant aux propositions du Medef (suppression de jours fériés, assouplissement des 35 heures ou du SMIC), "personne, et je le dis clairement au patronat, ne doit prendre le risque d'affaiblir, par je ne sais quelle provocation, par je ne sais quelle surenchère, l'indispensable dialogue social qui est la marque de ce quinquennat", a tancé M. Valls.

"Réformer, ce n'est pas réduire le Smic. Réformer, ce n'est pas supprimer le CDI. Réformer, ce n'est pas diminuer les salaires dans la fonction publique. Réformer, ce n'est pas casser notre modèle social", a-t-il poursuivi. Ce modèle "n'a pas vécu", selon M. Valls, répliquant là encore au patron des patrons Pierre Gattaz.

Disant croire "à la main visible de l'Etat" ou citant les ouvriers parmi les composantes essentielles des entreprises, le Premier ministre a multiplié les signaux à gauche.

Annonces principales : la baisse d'impôt sur le revenu concernera 6 millions de ménages en 2015, contre 4 millions cette année, même si aucun montant n'a été cité; le minimum vieillesse aura un petit coup de pouce (800 euros contre 792 actuellement), tandis que les petites retraites (moins de 1.200 euros) bénéficieront d'une prime exceptionnelle, d'un montant là encore non annoncé.

- Signaux à gauche -

"Personne n'aspire à devenir chômeur, ni à le rester", a également lancé M. Valls, répondant à la polémique sur la sortie du ministre François Rebsamen sur les contrôles des chômeurs.

En agissant ainsi, Manuel Valls, qui espère rebondir après une rentrée catastrophique, se montre soucieux de rassembler son camp lors du vote en fin de journée.

Les 18 députés écologistes qui, la semaine dernière, n'écartaient pas tous un vote hostile, ont décidé mardi matin à la quasi-unanimité de s'abstenir, comme le feront probablement une trentaine de socialistes frondeurs.

Les abstentions, qui s'étaient élevées au total à 26 - dont onze socialistes et six écologistes - lors du précédent vote de confiance du 8 avril, seront donc nettement plus nombreuses cette fois-ci. Mais vraisemblablement pas au point de renverser le rapport de forces entre les "pour" et les "contre" (306 contre 239 il y a cinq mois).

La majorité qu'obtiendra le Premier ministre devrait en revanche n'être que relative (sous les 289 voix), ce qui serait sans conséquence pratique, mais constituerait un revers politique.

Après la déclaration de M. Valls, les présidents des groupes parlementaires devaient s'exprimer pendant un peu plus de deux heures et demie. Christian Jacob (UMP) et Philippe Vigier (UDI) défendront le "non", suivis de Barbara Pompili (écologiste), Roger-Gérard Schwartzenberg, pour les radicaux de gauche, qui voteront pour, André Chassaigne (Front de gauche, opposé au gouvernement), et Bruno Le Roux (socialiste).

Le chef du gouvernement reprendra ensuite brièvement la parole pour répondre, avant le vote (autour de 18H30). Après le vote, il sera l'invité du JT de TF1 à 20H00.

C'est la gravité de la situation - crise gouvernementale fin août, indicateurs économiques et financiers dans le rouge, chômage au plus haut, brûlot de Valérie Trierweiler, affaire Thévenoud, cote de popularité de l'exécutif en berne - qui a amené Manuel Valls à quêter une nouvelle légitimité auprès des députés, alors que la Constitution ne l'y obligeait pas. Mais la même Constitution prévoit que, faute de confiance, il doit démissionner.

Depuis lundi, chaque camp a abattu ses cartes.

Le travail mené "avec acharnement" ces derniers jours, selon Matignon, pour grossir les rangs, s'est poursuivi jusqu'au bout: Manuel Valls, qui avait déjà participé à un séminaire réunissant les députés socialistes et le gouvernement lundi, s'y est de nouveau rendu mardi matin.

Un des chefs de file des frondeurs, le député Christian Paul, avait prévu mardi matin qu'ils seraient "probablement une trentaine".

Les trois députés chevènementistes (apparentés PS), qui avaient voté pour en avril, s'abstiendront cette fois-ci.

Après ce scrutin, la course d'obstacles pour le couple Hollande-Valls se poursuit: conférence de presse du président jeudi, annonce en fin de semaine de la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP et difficiles débats budgétaires, prochain rendez-vous fixé par la "fronde".

Source : AFP

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