Vote de confiance: Valls va tenter de reprendre la main

  • Le Premier ministre Manuel Valls lors des questions au gouvernement le 10 septembre 2014 à l'Assemblée nationale à Paris
    Le Premier ministre Manuel Valls lors des questions au gouvernement le 10 septembre 2014 à l'Assemblée nationale à Paris AFP/Archives - Martin Bureau
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Centre Presse Aveyron

Cinq mois après avoir obtenu la confiance de l'Assemblée nationale, Manuel Valls répète l'exercice mardi pour reprendre la main après une rentrée catastrophique, avec le grand risque de n'obtenir qu'une majorité étriquée.

Le Premier ministre, qui s'exprimera à 15H00 devant les députés avant un vote en fin d'après-midi, oscille entre dramatisation de l'enjeu pour mobiliser le gros des troupes socialistes et marginaliser les "frondeurs", et message de sérénité et de volontarisme.

Il a affirmé lundi qu'il assurerait sa mission de Premier ministre "jusqu'au bout" et dénoncé le manque de "sérieux" de propos rapportés par Le Monde lui faisant dire que "ce serait foutu" sans inversion de la situation en France d'ici trois à six mois. Des propos alarmistes qui rejoignaient sa phrase, celle-là pleinement assumée, prononcée le 7 septembre en Italie: "le FN est aux portes du pouvoir".

C'est d'ailleurs la gravité de la situation - crise gouvernementale fin août, indicateurs économiques et financiers dans le rouge, chômage au plus haut, brûlot de Valérie Trierweiller, affaire Thévenoud, sondages qui le voient s'approcher de François Hollande dans l'impopularité - qui l'a amené à rechercher une nouvelle légitimité auprès des députés, alors que la Constitution ne l'y obligeait pas.

Mais maintenant qu'il a enclenché le processus, la même Constitution prévoit que s'il n'obtenait pas la confiance, il devrait démissionner, une hypothèse très peu probable mais pas totalement à exclure.

Lors de sa première déclaration de politique générale, le 8 avril, Manuel Valls avait obtenu une large majorité: 306 voix pour, 239 contre, 26 abstentions et 6 députés ne prenant pas part au vote. Qu'en sera-t-il cette fois-ci ?

- "Risque institutionnel majeur" -

Le groupe socialiste, après l'expulsion de Thomas Thévenoud, compte 289 membres et apparentés, soit exactement la majorité absolue des 577 députés. Mais ce chiffre n'a pas grande signification, car il faut y ajouter les radicaux de gauche et des élus divers-gauche, et en revanche retrancher les socialistes frondeurs.

Si seulement onze députés socialistes de l'aile gauche du PS s'étaient abstenus le 8 avril, les socialistes frondeurs, 30 à 40 députés, ont annoncé s'orienter cette fois vers l'abstention. De même, les trois députés chevènementistes, apparentés au groupe socialiste, s'abstiendront cette fois-ci alors qu'ils avaient voté pour en avril dernier.

Et les 18 écologistes, dont la majorité avait voté pour le gouvernement en avril, ne choisiront mardi qu'au dernier moment entre les trois options: vote pour, vote contre, abstention.

Pour que Manuel Valls soit en danger, il faudrait qu'au moins une dizaine de députés écologistes se joignent à l'UMP, à l'UDI, au Front de gauche et à quelques non-inscrits pour rejeter la confiance, et que le nombre d'abstentionnistes de gauche dépasse la cinquantaine.

Mais en tout état de cause, le score qu'obtiendra le chef du gouvernement sera bien inférieur à celui réalisé il y a cinq mois.

Lundi, lors d'un séminaire du groupe socialiste en présence de Manuel Valls, socialistes frondeurs et légitimistes campaient sur leurs positions respectives.

"+Moi ou le chaos+, ça n'est pas un argument", a lancé le frondeur Christian Paul avant la réunion, en répétant que la politique gouvernementale n'était "pas juste, pas efficace" aux yeux de "l'immense majorité des Français". Il prédit l'abstention de "plusieurs dizaines de députés".

A l'inverse, pour son collège Eduardo Rihan-Cypel, "refuser la confiance à Valls serait une rupture incompréhensible".

Une opinion paradoxalement partagée par l'UMP Benoist Apparu qui, bien qu'il votera contre Manuel Valls, "espère" que celui-ci obtiendra la confiance pour éviter un "risque institutionnel majeur", une dissolution, voire la démission de François Hollande.

La course d'obstacles qui attend ensuite le couple exécutif est impressionnante: conférence de presse du président de la République jeudi, annonce en fin de semaine de la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP -qui peut avoir l'avantage de fournir une diversion-, avant de difficiles débats budgétaires à l'automne.

A cet égard, pour tordre le bras à sa majorité, Manuel Valls n'exclut pas de recourir à l'article 49.3 de la Constitution qui permet au gouvernement de faire passer un texte sans amendement, à la seule condition d'avoir engagé sa responsabilité et de ne pas être battu par une motion de censure.

Source : AFP

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