Hollande plie, mais ne rompt pas

  • François Hollande a donné sa quatrième conférence de presse semestrielle. Il a notamment tenté de rétablir son autorité, très affaiblie par une rentrée calamiteuse.
    François Hollande a donné sa quatrième conférence de presse semestrielle. Il a notamment tenté de rétablir son autorité, très affaiblie par une rentrée calamiteuse. AFP
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Centre Presse Aveyron

Politique. François Hollande s’est attaché pendant toute sa conférence de presse à borner son action à son quinquennat, refusant de se projeter sur 2017 et banalisant le retour annoncé de son rival Nicolas Sarkozy.

François Hollande s'est attaché pendant toute sa conférence de presse jeudi à borner son action à son quinquennat, refusant de se projeter sur 2017 et banalisant le retour annoncé de Nicolas Sarkozy, même s'il n'a pas manqué de se démarquer de son rival. Voici ses principales déclarations.

IRAK-SYRIE

Le président a annoncé que la France avait décidé d'accorder un "soutien aérien" à l'Irak pour combattre l'organisation Etat islamique, mais celui-ci sera limité aux frontières du pays et il n'y aura "pas de troupes au sol" françaises. L'engagement des "premières opérations" interviendra "vite", "dans un délai court", une fois les cibles identifiées. Une réunion des responsables parlementaires, organisée par Manuel Valls, aura lieu "dès la semaine prochaine" sur cette intervention. M. Hollande a déploré que la communauté internationale soit restée "inerte" en Syrie, permettant notamment au groupe Etat islamique de prospérer.

OTAGES

"La France ne paye pas de rançon" ni "n'échange" de prisonniers pour obtenir la libération de Français retenus en otages dans le monde. VIRUS EBOLA Un hôpital militaire français sera bientôt installé en Guinée pour lutter contre le virus meurtrier.

RUSSIE-UKRAINE

Les navires français Mistral seront livrés à la Russie si "le cessez-le feu est respecté" en Ukraine et "si le processus de règlement est achevé", a-t-il dit, ajoutant aussitôt : "mais nous n'en sommes pas là".

ECOSSE

Le chef de l'Etat a mis en garde contre un "projet européen" qui "se dilue" et ouvre la voie aux "égoïsmes" et aux "séparatismes", en allusion au référendum sur l'indépendance de l'Ecosse.

EUROPE

François Hollande a mis en garde contre "un scénario de fin de croissance" en Europe tout en estimant que la position de la France "commençait à être entendue". Il va d'ailleurs engager la "négociation", notamment avec l'Allemagne, pour faire accepter un report à 2017, au lieu de 2015, du retour du déficit public français au seuil de 3% du produit intérieur brut. "Je ne pense pas qu'une économie comme la France, mais c'est vrai pour d'autres, puisse faire à la fois le rétablissement de sa compétitivité et le rétablissement de ses comptes publics (...) Nous allons adapter le rythme des déficits dans l'intérêt même de l'Europe." Avec l'Allemagne, "nous sommes prêts à dire que nous sommes favorables à une Europe à plusieurs vitesses où le couple franco-allemand doit être le moteur de cette intégration".

ECONOMIE

"Les résultats tardent à venir (...), ils viendront si nous nous mobilisons tous", a assuré M. Hollande. "J'ai conscience que cette ligne que j'ai tracée, que le cap que j'ai montré, nous permettra d'avoir des résultats, j'espère avant 2017", a poursuivi le président, qui a aussi demandé qu'on attende la fin de son quinquennat pour faire son bilan. La France "ne fera pas davantage" que 50 milliards d'économie, pour ne pas "mettre en cause la croissance". Le pacte de responsabilité et de solidarité "c'est un cadre pour que dans les trois ans qui viennent, chacun sache ce qu'il a à faire, ce sur quoi il peut compter, de manière à ce que les engagements soient pris et tenus. Et ça vaut pour tous les signataires et notamment pour la partie patronale". Il a affirmé qu'il ne "savait pas" si l'agence de notation Moody's allait baisser vendredi la note de solvabilité de la France, et tenu à relativiser les conséquences d'une éventuelle dégradation.

MAJORITE PS

Si l'Assemblée n'avait pas accordé sa confiance à Valls, François Hollande a dit qu'il aurait dissous l'Assemblée nationale. Il a déclaré à l'attention des socialistes contestataires, dont les députés "frondeurs", que rien n'empêche de "poursuivre le débat", mais "dans le cadre qui est fixé". Le chef de l'Etat a également renvoyé à son célèbre discours de candidat, prononcé au Bourget en janvier 2012, que lui opposent souvent ceux qui, dans son camp, critiquent son évolution. Il a enfin jugé que l'ex-secrétaire d'Etat Thomas Thévenoud, évincé du gouvernement pour ne pas avoir payé ses impôts, n'était "pas digne de rester à l'Assemblée nationale".

ELECTIONS

"Je suis président, pas candidat, je serai président jusqu'au bout, je n'ai pas d'autre objectif, d'autre priorité, d'autre devoir que de faire tout, tout pour mon pays. Donc, l'idée de ma candidature (en 2017, ndlr) n'est pas présente." "Je ferai ce mandat pleinement, complètement, sans me préoccuper même de ma popularité qui est dans l'état que vous connaissez, parce que ce n'est pas mon objectif". Une rivalité Hollande-Valls est-elle possible ? "Ce n'est pas envisageable", a-t-il assuré. Il a jugé que la fonction présidentielle était "exceptionnelle", trois ans après avoir lancé le thème d'une "présidence normale" lors de la campagne présidentielle, et a estimé avoir "aujourd'hui l'expérience qui permet d'affronter toutes les situations." M. Hollande a reconnu "une responsabilité" de "ceux qui gouvernent" dans la montée de l'extrême droite en "ne répondant pas aux angoisses" de Français qui se sont tournés vers le FN lors des derniers scrutins.

RETOUR DE SARKOZY

"Il ne m'appartient pas comme président de la République de commenter les éventuelles déclarations de candidatures à la présidence d'un parti, et notamment d'un parti d'opposition". Mais "ceux qui ont dirigé le pays hier et avant-hier ont parfaitement le droit de vouloir gouverner à nouveau demain et après-demain", a ajouté François Hollande dans une référence à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui peut aussi valoir pour les anciens Premiers ministre François Fillon et Alain Juppé.

JEUNESSE

Le gouvernement s'est vu confier la mission d'élargir "autant qu'il est possible" le service civique, et de l'assortir de nouveaux droits, liés par exemple au permis de conduire. Il a demandé au gouvernement "un grand engagement" sur ce sujet.

ILE DE SEIN

François Hollande a expliqué qu'il avait préféré "être mouillé" avec "ceux qui étaient là" qu'"au sec", lors d'un déplacement fin août sur l'île de Sein, au cours duquel il s'était exprimé sous une pluie battante, en pleine crise gouvernementale.

LIVRE DE VALERIE TRIERWEILER

M. Hollande a refusé de s'expliquer à nouveau sur le livre de son ex-compagne Valérie Trierweiler, en soulignant s'être "déjà exprimé sur cette question". "J'ai déjà dit ce que j'avais pu ressentir et ce qui me paraissait essentiel, au-delà des ressentiments, des épreuves, des douleurs, qui est le respect de la fonction présidentielle".