Ukraine: l'armée va reculer ses canons de la ligne de front, la trêve globalement respectée

  • Des soldats ukrainiens sur un char près de Debaltseve, dans la région de Donetsk, le 22 septembre 2014
    Des soldats ukrainiens sur un char près de Debaltseve, dans la région de Donetsk, le 22 septembre 2014 AFP - Anatolii Stepanov
  • Des habitants de Debaltseve transportent le corps d'une femme tuée dans le bombardement de son immeuble, le 22 septembre 2014 dans la région de Donetsk
    Des habitants de Debaltseve transportent le corps d'une femme tuée dans le bombardement de son immeuble, le 22 septembre 2014 dans la région de Donetsk AFP - Anatolii Stepanov
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Centre Presse Aveyron

L'armée ukrainienne se prépare à reculer ses canons de la ligne de front, nouvelle étape dans la démilitarisation après l'instauration d'une trêve globalement respectée et avant d'aborder les difficiles négociations sur le statut des régions russophones de l'Est.

L'arrêt des combats n'est certes pas total, deux soldats ukrainiens ayant été tués ces dernières 24 heures. En début de soirée, des journalistes de l'AFP ont constaté des tirs à l'arme lourde, qui ont laissé une dizaine d'impacts au sol, au nord de la grande ville de Donetsk, aux mains des séparatistes.

Mais la situation sur le terrain s'est nettement améliorée et le nombre des civils tués dans des bombardements a diminué ces derniers jours.

Signe de l'accalmie, des convois d'aide russe et ukrainien ont pu parvenir pendant le week-end à Donetsk et à Lougansk. Et pour la première fois depuis le 26 juillet, un train en provenance de Kiev a atteint Lougansk lundi.

Par ailleurs, le commissaire européen à l'Energie, l'Allemand Günther Oettinger, est attendu mardi à Kiev pour des discussions sur fond d'incertitudes quant à la capacité de l'Ukraine à passer l'hiver après l'interruption en juin des livraisons de gaz russe.

- Déclarations apaisantes -

Après la signature samedi à Minsk d'un plan de paix en neuf points gelant la ligne de front et décrétant la mise en œuvre d'une zone tampon de 30 km de large le long de celle-ci, les belligérants multiplient les déclarations apaisantes.

Le président ukrainien Petro Porochenko s'est d'abord félicité d'une "désescalade". Il a également souligné que le règlement du conflit ne passait pas uniquement par une solution militaire, rappelant que "plus il y aurait de groupes tactiques ou de bataillons de l'armée ukrainienne (dans les régions séparatistes), plus il y aurait de troupes russes sur place".

Il a toutefois prévenu les séparatistes et la Russie que son pays serait prêt à se défendre militairement si le processus de paix échouait.

Côté séparatiste, un des dirigeants de la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR), Andreï Pourguine, a jugé réelles les "chances" que soit appliqué le plan de paix.

"Les accords vont être réalisés, mais avec grande difficulté", a dit au téléphone à l'AFP le "vice-Premier ministre" de la DNR.

"Montrez-moi un conflit qui a pris fin juste avec la signature d'un document. Cela n'existe pas. Mais le mouvement est lancé, il se poursuit et il va se poursuivre", a souligné M. Pourguine.

Pour sa part, l'armée ukrainienne a annoncé commencer la mise en oeuvre des dispositions du plan de paix qui, outre la zone tampon, prévoit une interdiction du survol des régions séparatistes et le recul des pièces d'artillerie des deux camps.

"Nous nous préparons à reculer l'armement lourd à 15 km" de la ligne de front, a assuré le porte-parole de l'armée, Andriï Lyssenko.

Au cours des dernières 24 heures, "nous n'avons pas constaté de violations de la frontière ukrainienne ni de notre espace aérien" par la Russie, s'est par ailleurs félicité M. Lyssenko.

"De même, il n'y a pas eu de tirs en provenance du territoire russe, ce qui illustre la mise en oeuvre pratique (par la Russie) des points du plan de paix adopté à l'initiative du président ukrainien", a-t-il dit.

- Ni 'indépendance', ni 'fédéralisme' -

Mais après cinq mois d'un conflit qui a fait près de 2.900 morts et a mené à une crispation sans précédent depuis la fin de la Guerre froide entre Russes et Occidentaux, le règlement de la crise déclenchée en novembre 2013 par un mouvement de protestation pro-européen à Kiev ayant conduit à la chute du président Viktor Ianoukovitch, puis à une annexion de facto de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie et au réveil des séparatismes prorusses dans l'Est, ne semble pas aisé.

Après le volet militaire, restera le problème du statut des régions séparatistes qui devait être négocié à Minsk, mais n'a pas été évoqué.

Les rebelles ont pour l'instant ignoré les propositions de Kiev en vue d'une plus grande autonomie pendant trois ans dans les zones sous leur contrôle, de l'organisation d'élections locales le 7 décembre et d'une amnistie sous conditions pour les combattants.

Le "dirigeant" de la République autoproclamée de Lougansk, Igor Plotnitskiï, a estimé lundi que les autorités de Kiev reconnaissaient de facto l'indépendance de sa "république".

"Qu'elles (les autorités de Kiev) appellent cela un statut spécial si elles le veulent, mais si les lois ukrainiennes ne s'appliquent pas dans une région, c'est de facto une reconnaissance de notre indépendance, simplement avec d'autres mots", a-t-il ajouté. Pour sa part, Kiev rappelle son rejet de toute "indépendance" et de tout "fédéralisme".

Source : AFP

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