Bernard Cazeneuve à Ankara pour renforcer la lutte contre les jihadistes

  • Le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, le 18 septembre 2014 à Lamalou-les-Bains
    Le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, le 18 septembre 2014 à Lamalou-les-Bains AFP/Archives - Pascal Guyot
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Centre Presse Aveyron

Le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve est arrivé vendredi à Ankara pour presser la Turquie de mieux coopérer à la lutte contre les filières jihadistes, après le cafouillage diplomatico-policier qui a accompagné le retour de trois Français.

Dès son arrivée dans la capitale turque, M. Cazeneuve, qui doit y rencontrer son homologue turc Ekan Ala, a affiché son intention de "prendre des dispositions pour améliorer (la) communication" entre les services des deux pays.

Mardi, trois Français pourtant soupçonnés d'être des jihadistes ont pu rentrer de Turquie en France en trompant la vigilance de la police, provoquant le vif embarras de Paris.

Après un séjour de plusieurs mois en Syrie, ces trois hommes ont été arrêtés fin août à leur retour en Turquie et placés en centre de rétention administrative pour "séjour illégal" sur le sol turc. Expulsés, ils devaient initialement prendre un vol pour Paris, où les attendait la police française, mais ont finalement rallié Marseille (sud) sans que les autorités turques prennent la peine de prévenir la France.

Connus pour avoir gravité dans l'entourage de Mohammed Merah, abattu par la police en 2012 après avoir tué sept personnes dans le sud-ouest de la France, ils se sont finalement livrés à la police et se trouvaient toujours vendredi en garde à vue.

Cette affaire "résulte d'un déficit de communication entre nos services", a déploré vendredi M. Cazeneuve, qui a annoncé avoir "des propositions à faire" pour y remédier.

Mis en cause cette semaine par son opposition, le gouvernement français a pointé du doigt la responsabilité de la Turquie dans ce "couac".

Depuis New York, le président François Hollande a déploré mercredi que les trois jihadistes présumés aient pu être expulsés "sans aucun accompagnement et sans qu'il y ait d'information préalable des autorités françaises".

Sur le même ton, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a regretté "un gros cafouillage (...) en grande partie dû aux difficultés, à l'absence de très bonne collaboration avec les services turcs".

- Critiques -

Depuis de longs mois, les autorités européennes dénoncent le manque d'empressement de la Turquie à enrayer le flot des apprentis jihadistes, notamment européens, qui traversent son territoire pour rejoindre le groupe de l'Etat islamique (EI) en Syrie.

La Turquie a longtemps été accusée d'avoir soutenu et même armé les mouvements les plus radicaux qui luttent contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, ce qu'elle a toujours farouchement nié.

Sous la pression de ses alliés occidentaux notamment, les autorités d'Ankara ont récemment dopé ses mesures de contrôle aux frontières et procédé à quelques interpellations, très médiatisées, de jihadistes présumés.

Quelque 6.000 "suspects" ont été par ailleurs interdits d'entrer sur le territoire turc depuis un an et un millier d'autres expulsés, affirment-elles.

Ces efforts sont toutefois jugés en coulisse nettement insuffisants par les Occidentaux.

Selon une source proche du dossier, l'arrestation en août en Turquie et l'expulsion plus tôt ce mois-ci d'un Français de 30 ans accusé d'être un recruteur jihadiste, Mourad Fares, n'a été possible qu'au terme d'un bras de fer tendu entre les deux pays.

La Turquie, qui accueille plus d'un million et demi de réfugiés syriens depuis 2011, s'est défendue de toute mauvaise volonté sur ce dossier.

"Nous ne pouvons arrêter le flot des combattants terroristes étrangers que si nos amis et nos partenaires qui attendent notre aide montrent, eux aussi, leur volonté de coopérer", a déclaré mercredi son président Recep Tayyip Erdogan au siège de l'ONU à New York, "ce n'est pas un combat qui doit être mené par la seule Turquie".

Ankara s'est jusque-là refusée à intégrer la coalition militaire réunie par les Etats-Unis contre l'EI mais a récemment changé de discours et promis de prendre "toute mesure nécessaire", y compris militaire, pour combattre ce mouvement ultraradical sunnite.

Source : AFP

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